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Web School Factory : l’école des futurs patrons du web

Ouverte il y a seulement deux ans, la Web School Factory accueille les bacheliers ayant vocation à devenir des managers du numérique. 01net a pu visiter les lieux et échanger avec les élèves.

« I’m not a geek ! I’m your future boss ! ».  Avec ce slogan au dos de leur tee-shirt, de jeunes étudiants ont attisé de nombreuses curiosités au festival Futur en Seine. Une phrase provocatrice ? Peut-être, mais elle résume la promesse de la Web School Factory, jeune école parisienne du numérique : former les futurs managers du numérique. C’est lors d’une rencontre avec l’inventeur du Web, Tim Berners-Lee, que 01net a rencontré certains élèves, avant d’aller leur rendre visite au sein de l’école.

Créée en 2012 par le groupe Studialis, l’établissement a mutualisé le savoir-faire de trois des écoles des écoles existantes afin de partager trois des compétences requises dans le monde du numérique: Strate (école de design), Hétic (école du Web), et l’ESG (école de gestion).  Selon Anne Lalou, la directrice, le besoin était profond: « à l’heure actuelle, on ne peut pas être un dirigeant sans une compréhension de l’univers numérique. Sans pour autant avoir besoin d’apprendre à programmer, il est essentiel de connaître le vocabulaire de la technologie. »

Les deux premières promotions sont donc en train de franchir les marches qui les mèneront au diplôme de master – bac +5 – qu’offre l’école. Au programme : une première année généraliste, avec une sélection post-bac sur dossier et entretien. À partir de la deuxième année, les élèves choisissent une matière prédominante parmi les trois spécialités citées plus haut, complétée par les deux autres, en tant que matières secondaires. Le tout sera accompagné d’une formation en management et entreprenariat durant tout le cursus. 

Des élèves actifs

Lucas, Valentin, et Sybille (23, 18, et 19 ans) ont chacun eu la chance de poser des questions à Tim Berners-Lee lors d’une conférence au festival Futur en Seine. Un immense privilège dont ils ont profité afin de faire part de leurs interrogations concernant le futur d’internet.  Alors que Lucas s’intéresse aux finalités de l’open data, pour Valentin il est nécessaire de se poser la question du transhumanisme : « comment éviter que les gens ne soient à l’avenir au service de la technologie, et non l’inverse ? » se demande-t-il. Ils avouent tous trois avoir été plutôt convaincus par les réponses du britannique de 59 ans, qui a été jusqu’à leur faire changer d’avis concernant la bataille face aux fournisseurs d’accès à internet afin de maintenir la neutralité du net. « Il faut aujourd’hui se demander quels sacrifices nous voulons faire en matière de sécurité et de vie privée pour notre confort », conclut Lucas.

Estelle (18 ans) et Thibault (24 ans) ont quant à eux remporté le prix de la catégorie « business de demain » au concours « Les talents du numérique », organisé par le Syntec numérique. Leur projet Musical Jacket permet de transformer le mouvement en son, à l’aide d’une veste munie de capteurs dans les manches. Ce prix leur a permis d’être suivis par des mentors issus du monde professionnel et d’obtenir une aide pour le financement d’une version plus aboutie du projet.  Alors que Thibault est passé par l’ESC Grenoble puis par une école en sécurité informatique et admet réfléchir à créer un jour une start-up, Estelle est fraîchement diplômée d’un bac ES. 

Beaucoup d’élèves sont déjà au contact des entreprises, à l’image de Josse Blais, 21 ans. Google Glass aux yeux, il compare le Web au far west : « C’est un territoire qui n’est pas encore civilisé, où les passionnés partagent l’espace avec des hommes d’affaires», affirme-t-il. En plus de ses études, Josse a été chargé par la start-up Umanlife (sorte de carnet de santé en ligne), de créer une équipe afin de réaliser une version du site adaptée aux Google Glass. C’est en ambassadeur de Umanlife qu’il s’envole cette semaine pour la Google I/O qui se tiendra mercredi et jeudi prochain. Ses principales attentes ? Une plateforme e-santé réellement intéressante, et une montre connectée.

Une façon différente d’enseigner

Des profils diversifiés: l’une des clefs de la Web School Factory pour Adrien Pépin et Emilie Friedli, respectivement responsables de la communication et des admissions. En première année, les élèves ont entre 17 et 25 ans, et viennent de tous horizons : diplômes d’enseignement supérieur, Bac S, STI, ES ou même L. Cette diversité s’inscrit dans l’approche transversale et pluridisciplinaire de l’école. « Entre élèves et professeurs, les échanges sont horizontaux et non verticaux. Ici, pas de cours magistraux, mais un réel dialogue», précise Adrien, avant d’ajouter « beaucoup d’étudiants qui arrivent ont été déçus par un système d’enseignement trop classique ». À la rentrée 2014, l’école déménagera dans le 13e arrondissement de la capitale et sera complétée par l’Innovation Factory : une association à but non lucratif permettant de rassembler les différents acteurs de l’écosystème numérique.  « Les étudiants seront directement confrontés à des entreprises, lors d’anti-masterclass, durant lesquels les élèves détricotent un projet apporté par une entreprise, pour repartir de zéro avec un œil neuf », précise Emilie. Dans ce cadre, des partenariats avec des grands groupes (PMU, Bouygues, Accor), et des PME sont prévus. Entrepreneurs et élèves fourmilleront dans un nouvel espace commun où ils partageront de nombreuses salles ainsi qu’une cafétéria, dans le but d’engendrer le plus d’échanges possibles.

Pour Anne Lalou, cette méthode d’enseignement repose sur trois grands fondements: la polyvalence, le collaboratif, et l’échange avec le monde de l’entreprise. « Ce que l’on apprend de façon théorique doit immédiatement être mis en pratique, en élaborant des projets avec de vraies entreprises, et de vrais délais ».
Lorsqu’on demande à la directrice quel conseil elle donnerait à un futur bachelier s’intéressant de près aux formations du numérique, elle répond: « avoir les yeux qui pétillent, et de l’ambition pour ce qu’on aime. » avant de conclure d’une voix rieuse « On va leur donner les codes pour bouffer le monde! ». Tout comme le slogan de l’école, la phrase est probablement à prendre au second degré. « Bouffer le monde » a malgré tout un coût: 7.200€ par an, dans la moyenne des écoles privées du web. 

À lire aussi : Plaidoyer pour l’enseignement du numérique dans les écoles (13/03/14)

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Raphaël Grably