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Voteriez-vous pour leur site ?

Cinquième épisode de notre saga politique, avec cette semaine la visite du site ?” plus branché, tu disjonctes ?” du candidat de Démocratie libérale, Alain Madelin. Au menu, aussi, les pages du poulain de l’UDF François Bayrou où, le petit autobus arrivant en bout de course, la relève se fait encore attendre.

Alain Madelin, battant en vitrine

Alain Madelin est sensible à l’avis de ses internautes : il a fait enlever de son site une photo qui apparemment ne faisait pas l’unanimité. Dommage, car tant de grandeur donnait le frisson : on y voyait Alain, mâchoire carrée et sourire protecteur, blouson de cuir jeté sur l’épaule, se détacher sur fond de globe terrestre, tel Superman volant à notre secours. C’était cool, mais grandiose. Heureusement, le candidat de Démocratie libérale ne renonce pas pour autant à l’action planétaire : plus récemment, à la une de www.alainmadelin.com, le revoilà, descendant d’un hélicoptère à Kaboul, avec autant de discrète modestie que BHL à Sarajevo ou Malraux en Espagne…

Et si on jouait au Kikadi

À part d’autres photos tout aussi édifiantes, où l’on voit Alain jeunot camper à la dure avec son père Gaëtan, ouvrier spécialisé chez Renault, et sa mère Aline, dactylo (titre de la page : “Fidèle à ses origines populaires”), que trouve-t-on sur les pages ultramodernes du candidat de DL ? Tout. De l’actu maison (Alain discutant avec un policier sur fond de banlieue : “Je comprends la colère des policiers”), et de quoi soutenir, militer, financer. De quoi s’organiser aussi, avec un extranet réservé aux comités de soutien locaux. Et même jouer, avec le “Kikadi”, où l’on doit deviner qui est l’auteur de telle ou telle sentence politique (Alain himself, Clémenceau, Jospin, Chirac ou Arlette ?). Ce Kikadi, beaucoup moins bébête que son titre, coexiste sans complexe avec un “A à Z” de dossiers thématiques recensant les professions de foi d’Alain sur tous les grands sujets de société. À ce propos, soyez gentils de ne pas cliquer sur Suggestions pour demander au webmestre de rebaptiser le “A à Z” en “Koikipense”…Sur ce site à la charte graphique impeccable, d’une esthétique sobrement moderniste, on trouve donc tout pour savoir, mais pas grand chose pour dire. Pas de forum. Interactivité zéro, ou presque. À part une maigre rubrique Vos réactions, où quelques supporters expriment un enthousiasme sans limite, le scénario virtuel manque cruellement de dialogues. Avenue de New York, tout près de la Maison de la Radio, dans les 1 200 mètres carrés du siège de campagne, Pierre Gauttieri, 33 ans, responsable éditorial du site, s’en explique après quelques secondes d’hésitation : “Ouvrir ou non un forum, c’est une de nos préoccupations, on en discute souvent avec Alain Madelin.” Mais pourquoi tant de timidité ? “On avait un forum sur le site de Démocratie libérale ( www.demlib.com) : beaucoup d’interventions intéressantes, mais nous recevions aussi un certain nombre d’e-mails violents ou orduriers, des divagations ou des messages d’insultes, qui nous ont poussés à fermer cette rubrique.” Heureusement pour lui, Alain Madelin n’énerve pas tout le monde : “Son site reçoit entre 1 000 et 1 500 visites par jour, et on enregistre chaque semaine 50 adhésions en ligne sur le site de Démocratie libérale. C’est évidemment beaucoup moins que sur le terrain, mais pour le net, c’est un bon score “.

La modestie du programmeur

Trois personnes à plein temps épaulent Pierre Gauttieri dans son entreprise d’évangélisation, dont Frédéric Bohn, 34 ans, le webmestre : “Je ne suis pas entré ici par conviction politique, mais travailler avec Alain Madelin, qui est un fana des nouvelles technologies, c’est un vrai plaisir.” Leur patron a-t-il une chance d’arriver au second tour ? Pierre, s’appliquant à sourire : “Pas d’inquiétude, on a six mois pour renverser les sondages ! “. Prudent ou avisé, Frédéric ne se hasarde quant à lui à aucune prédiction. Fixant avec une soudaine attention l’extrémité de ses doigts, il s’excuse : “Je ne suis qu’analyste-programmeur…”

François Bayrou à l’étape brouillon

François Bayrou prend son temps, sur internet comme ailleurs. Sa pré-campagne a commencé en omnibus, sillonnant les villes et la France profonde pour en prendre le pouls. Un road movie électoral raconté sur le site www.lafrancehumaine.net, où, sur quelques pages dépouillées, le tortillard démocratique rend compte de sa sereine progression. L’heure de “la relève” (nouveau slogan de campagne du Bayrou candidat, et titre de son nouveau livre) ayant sonné, Lafrancehumaine.net disparaît des écrans (début décembre, on y avait encore accès par un lien présent sur le site www.udf.org) au profit de www.bayrou.net. Le “présidentiable” s’affiche BCBG : gendre idéal sur fond de parc arboré impeccable. Mais chut, le site n’étant qu’en rodage, le QG de Bayrou met son veto à tout reportage : “Ne faites rien dessus, nous demande une proche collaboratrice de François Bayrou, ce n’est encore qu’un brouillon, et nous pâtirions de la comparaison avec les sites de Chevènement, Madelin et les autres”.En ligne depuis le Congrès d’Amiens, le 1er décembre, où les militants du parti centriste ont intronisé Bayrou pendant que Douste-Blazy s’éclipsait à Paris, le site est en effet des plus basiques à l’heure où nous rédigeons ces lignes (début décembre) : déclaration de candidature en vidéo, et extraits du livre-programme de Bayrou, La Relève (éditions Grasset). Sortant notre arme favorite (un téléphone têtu), nous réussissons à joindre in extremis la webmestre, Béatrice Pouyès, 26 ans : “Lafrancehumaine.net, c’était uniquement le parcours du bus, où il s’agissait pour Bayrou d’écouter. Le nouveau site, celui du candidat, apportera des réponses.” Plus question d’écouter donc ? Haro sur les forums, à l’instar du site de Madelin ? “Un forum, c’est toujours très délicat à gérer, sinquiète la webmestre. On y viendra peut-être. On verra ça plus tard…” Nous ne nous permettrons pas de conseiller à François Bayrou de troquer son bus pour une Ferrari, mais enfin…

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Gilles Chenaille