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Vos photos en 3D !

Fujifilm ajoute une dimension à la photographie au prix de lourds sacrifices techniques.

Aucun doute : la tendance est à la 3D stéréoscopique, autrement dit la reproduction d’un effet de profondeur. Après les téléviseurs et les ordinateurs de jeu, la stéréoscopie, improprement appelée 3D, vient contaminer le monde vénérable de la photographie, pourtant très conservateur. Et c’est Fujifilm, jadis un des princes de la pellicule, qui ouvre le bal avec le Finepix Real 3D W1. Un appareil qui restera donc dans les annales comme le premier appareil photographique numérique grand public capable de capturer des images en “ 3 dimensions ”.Pour ce faire, le W1 dispose non pas d’un mais de deux objectifs. Placées de façon à reproduire l’écartement moyen des yeux humains, ses deux unités optiques capturent au même moment une image… que l’appareil assemble. Rien d’extraordinaire a priori. Mais si l’on considère les contraintes de synchronisation, le traitement du signal et l’assemblage de tels clichés, il s’agit tout de même d’une sacrée prouesse. Due à un fabricant privé de vidéo HD et d’une gamme d’appareils reflex qui se doit de faire la différence pour survivre dans le monde impitoyable de la photographie.

De la prise de vue au tirage

Mais que faire d’une image en 3D enregistrée sur une carte mémoire ? Fujifilm a intensément réfléchi à cette question et, au lieu de proposer un appareil hautement technologique sans débouchés, la marque a eu l’intelligence de penser la chaîne d’exploitation de la 3D de A à Z.Premier élément de la chaîne : un écran spécial installé sur le boîtier même du W1. S’appuyant sur une technologie lenticulaire, cette dalle peut rendre les images en 3D sans avoir besoin d’enfiler des lunettes spéciales. Mais c’est au détriment de la précision de l’image. Pour un aperçu du rendu 3D c’est suffisant, mais on ne prend aucun plaisir à regarder ses clichés de cette façon. Ce constat s’applique aussi au cadre photo numérique Real 3D qui sort en même temps que le W1. La grande taille de la dalle LCD exacerbe encore plus le manque de finesse de la technologie lenticulaire.Deuxième façon de profiter de ses images : les écrans informatiques 120 Hz. Si les télévisions 3D sont en passe d’être commercialisées, quelques écrans PC compatibles sont disponibles depuis une bonne année. L’utilisateur peut ainsi regarder les images produites dès lors qu’il est équipé d’une carte graphique Nvidia compatible et du kit 3D Vision comprenant les lunettes LCD polarisantes et la base infrarouge de synchronisation des obturateurs intégrés aux lunettes.Champion des solutions de tirage photo professionnelles, Fujifilm dispose d’une dernière arme : les tirages 3D. Concrètement, un support d’impression capable de restituer le relief. Nous avons eu à notre disposition plusieurs tirages de démonstration et le rendu est plutôt réussi. Sachez cependant que ce sont les photos avec une bonne perspective qui se prêtent le mieux à ce type d’utilisation. L’inconvénient est qu’il faut passer par Fujifilm pour faire tirer ses images et il semble que les délais soient longs.

Des plâtres bien essuyés !

Tout irait bien dans le meilleur des mondes si l’appareil était bon. Mais ce n’est malheureusement pas le cas… Primo, l’absence de grand-angle et de zoom performant nous projette plusieurs années en arrière. Secundo, l’ergonomie est tout bonnement inacceptable avec ses boutons mous et mal placés et une interface graphique peu avenante et inerte. Ajoutons à cela l’absence de stabilisation optique des deux objectifs et des capteurs numériques de moyenne qualité et on obtient un appareil photo incapable de sortir un bon cliché dès que la lumière se fait rare. À l’heure où un même boîtier peut réunir à la fois le grand-angle 24 mm, un zoom 10x stabilisé et la vidéo HD, les limites de ce W1 en font un appareil qu’il faudra choisir uniquement pour ses capacités 3D et elles seules.Bref, si cet appareil qui surfe sur la vague de la 3D stéréoscopique a le mérite d’être dans l’ère du temps, celui-ci a, selon nous, trop de défauts rédhibitoires pour s’imposer du premier coup sur le marché grand public. Fujifilm va devoir revoir sa copie et proposer un appareil qui ne fait pas trop de concessions entre capacité 3D et qualités techniques en 2D.

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Adrian Branco