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Vodafone tombe le masque pour récupérer SFR

Numéro un mondial du cellulaire, le britannique Vodafone est prêt à prendre le contrôle de Cegetel, afin de faire main basse sur sa filiale SFR. Maison mère de Cegetel, Vivendi Universal s’efforce d’organiser sa riposte.

“Vivendi Universal devrait conserver Cegetel “, écrivions-nous en octobre dernier. Un mois plus tard, Vivendi penche très nettement en faveur de cette solution, même si les obstacles à franchir restent nombreux. De fait, l’annonce, à la mi-octobre, d’une offre de Vodafone, qui possède déjà 15 % de Cegetel, auprès des autres actionnaires – Vivendi Universal en détient 44 % ; BT, 26 % ; et SBC, 15 % – afin de leur racheter leur participation modifie la donne, et bouscule le calendrier.Mettant volontairement la pression, Vodafone indiquait alors avoir déjà conclu avec BT et SBC, pour un montant global de 6,3 milliards d’euros. À telle enseigne que le Britannique peut se targuer de détenir virtuellement 56 % de Cegetel, et, grand seigneur, proposer à Vivendi 6,7 milliards d’euros pour sa propre participation. Pour ce faire, Chris Gent, président de Vodafone, a même fait le déplacement à Paris dans le but d’expliquer que “Cegetel ne fait pas véritablement partie du c?”ur de métier de Vivendi Universal, qui a tout intérêt à récupérer les 7 milliards d’euros proposés par Vodafone, afin de se désendetter”. Malin, Chris Gent cherche à forcer la main aux actionnaires et aux nouveaux dirigeants de Vivendi, qui ne l’entendent pas nécessairement de cette oreille, puisque, en tant que principal contributeur au résultat de sa maison mère, Cegetel – avec les 2 milliards d’euros de free cash-flow de sa filiale SFR prévus en 2003 – est un actif de tout premier plan.

Un bel actif à conserver

Partant de là, il y a donc relativement peu de chance que Vivendi laisse filer sa participation chez Vodafone, même si l’offre du Britannique lui pose un véritable dilemme. Si Vivendi ne réagit pas d’ici au 10 novembre, c’est Vodafone qui sera maître à bord de Cegetel, avec 56 % du capital.Pour sortir de cette situation inconfortable, le groupe tricolore n’a pas d’autre choix que de monter lui-même au capital de Cegetel, en faisant jouer son droit de préemption sur les parts de BT et/ou de SBC (droit qui découle du pacte passé en 1996 entre les actionnaires de Cegetel). Un cas de figure dans lequel il en coûterait à Vivendi 4 milliards d’euros pour les 26 % de BT, et 2,6 milliards pour les 15 % de SBC (Vivendi étant tenu d’offrir à SBC une prime de 13 % sur le prix proposé par Vodafone). S’il est acquis que Vivendi veut se renforcer dans Cegetel, reste à trouver l’argent. Ce qui n’est pas la moindre des contraintes pour une entreprise endettée à hauteur d’une vingtaine de milliards d’euros (compte non tenu de la dette de Vivendi Environnement), et pressée par les marchés de se… désendetter ! Et ce n’est pas la vente en cours de Vivendi Universal Publishing qui va régler le problème. Aux dernières nouvelles, on parlait, pêle-mêle, de prêts bancaires, de crédit relais, de portage pour le compte de Vivendi, d’intervention de fonds d’investissement, de monétisation de la participation dans Vivendi Environnement, etc.Bref, la direction de Vivendi Universal s’efforce de faire feu de tout bois afin de ne pas perdre le contrôle de son plus bel actif.

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Henri Bessières