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Vivendi et Internet : veni, vidi, pas vici !

Après ses errements sur Internet, Vivendi met sa stratégie à plat : le Web devient un prolongement des métiers du groupe.

Vivendi Universal (VU) continue de subir le contrecoup de sa frénésie d’investissements sur Internet en 2000. Les 853 millions d’euros investis cette année-là ont engagé le groupe franco-américain dans de nombreux projets, dont peu se sont révélés concluants.Lors de la cérémonie de présentation des résultats 2001, son président, Jean Marie Messier, a présenté des chiffres qu’il souhaitait rassurants.En comparant les résultats de l’année 2001 à ceux de l’année 2000 (en conservant la méthode comptable 2000 pour plus de clarté), on s’aperçoit effectivement que le montant des pertes du groupe sur Internet ne représente plus que 2,3 fois le chiffre d’affaires, contre quatre fois en 2000. Soit 290 millions d’euros de pertes en 2001 pour 129 millions de chiffre d’affaires, contre 195 millions d’euros de pertes en 2000 pour 47 millions d’euros de chiffre d’affaires.

Une diversification mal maîtrisée

Si Jean-Marie Messier dit trouver des signes positifs dans cette tendance, la réalité est plus douloureuse pour Vivendi Universal. Le groupe se trouve toujours empêtré dans les conséquences de sa stratégie de diversification. Ses investissements sur Internet ont porté sur des secteurs qui n’avaient rien à voir avec ses c?”urs de métier, comme la création d’une régie publicitaire (avec Ad2one), les contenus culturels (avec Divento), ou bien l’accès à Internet (avec eBrands).” Aujourd’hui, le groupe se concentre sur le développement d’activités basées sur les modèles économiques proches de ses métiers de base “, précise Vivendi. C’est-à-dire la musique, le cinéma, le jeu et l’éducation. Fini la diversification à outrance.Confirmant ce nouvel axe stratégique, Jean-Marie Messier a officialisé la fin de l’incubateur @viso ?” qui n’était plus qu’une coquille vide depuis plusieurs mois déjà. De même, la régie publicitaire Ad2one, dont 60 % du chiffre d’affaires provenaient de sites de la galaxie Vivendi, ferme. Une décision logique, alors que le groupe abandonne sa stratégie de sites d’audience, et, par conséquent, le modèle d’affaires choisi en 2000 et reposant sur les rentrées publicitaires.

L’avenir de Vizzavi incertain

Dans cette optique, on peut douter de l’intérêt de Vivendi à conserver des sociétés comme Divento, eBrands, ou même les pages jaunes Scoot, dont il est désormais seul propriétaire en France. Vizzavi, présenté comme le projet phare de Vivendi sur Internet, pourrait également être inquiété.Si Vivendi se targue de compter 6,5 millions de clients en Europe, le portail a échoué dans sa tentative de concurrencer Yahoo!. Après un plan social qui a concerné une centaine de personnes, le site ne compte plus que 700 employés. Il s’est recentré sur les téléchargements de sonneries pour téléphonie mobile, tout en misant sur les revenus qu’il peut tirer de sa plate-forme SMS (Short Message Service). Un marché déjà très concurrentiel.Jean-Marie Messier aura bien du mal à justifier la continuation d’un projet si coûteux (800 millions d’euros d’ici à la fin de l’année) en cas de nouvel échec.

Faire jouer les synergies

Cette année, Vivendi tentera de sauver ce qui peut encore l’être, là où les synergies sont possibles avec le reste du groupe. MP3.com, GetMusic, et Pressplay devraient profiter de la présence de Vivendi Universal dans le domaine de la musique. La plate-forme de jeu en ligne Flipside, bien que sortant d’une profonde restructuration après l’intégration d’Uproar, s’inscrit aussi dans la continuité des activités du groupe. Vivendi Universal Publishing est numéro un des jeux sur PC aux Etats-Unis. Même chose pour Education.com, pourtant loin d’avoir atteint ses objectifs.En indiquant aux actionnaires qu’il n’est plus disposé à se disperser sur le Net, Jean-Marie Messier exprime enfin une vision plus claire et plus rigoureuse de sa stratégie sur Internet. Sera-t-elle gagnante ?

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Frantz Grenier