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Vers une panoplie originale d’ outils de développement

Au-delà des questions liées à la pile WAP se pose celle des services, qui seront rarement d’anciennes applications ou des sites Web recyclés. Leur essor sera facilité par une innovation touchant les outils de développement.

Plus de un milliard d’utilisateurs de téléphones portables en 2005 ! Ce chiffre a de quoi faire tourner la tête aux éditeurs de services en ligne. Mais, encore faut-il que ces derniers soient adaptés aux spécificités de ces terminaux d’accès mobiles. Tel est l’objectif du protocole WAP (Wireless application protocol).
Toutefois, le développement de ces futurs services passe nécessairement par la mise en ?”uvre d’une panoplie logicielle qui sort tout juste des limbes. Le WAP se contente de spécifier une couche de transport et un format de données. En cela, il peut être grossièrement comparé au couple HTTP-HTML du Web. Mais le parallèle ne doit pas être poussé trop loin. Mobilité oblige, l’intérêt du WAP se démarque nettement de celui du traditionnel Internet. En somme, le téléphone portable ne sera pas qu’un terminal d’accès de plus au réseau des réseaux.

Réserver un hôtel ou régler son chauffage à distance

Les opérateurs télécoms figurent parmi les premiers intéressés. Soucieux d’échapper à la guerre tarifaire, ils cherchent à se différencier en offrant à leurs abonnés des services à forte valeur ajoutée, facturés en tant que tels ou inclus dans les forfaits. Les ISP, confrontés à l’évolution vers la gratuité de l’accès à Internet, se trouvent dans une problématique similaire.
Les entreprises telles que les banques, les compagnies aériennes, les chaînes d’hôtels, ou les groupes de presse ont également tout intérêt à établir un canal de communication direct avec leurs clients. Enfin, à moyen terme, de très nombreuses sociétés éprouveront le besoin d’offrir à leurs collaborateurs nomades un accès permanent à leur système d’information.
Le champ d’application de l’accès à Internet par les mobiles semble donc infini. Il englobe, certes, les services existants ?” en leur apportant une nouvelle dimension ?”, mais aussi d’autres, entièrement nouveaux, la mobilité constituant leur raison d’être. Tel est le cas des applications dites géodépendantes, comme le fait de fournir à un voyageur un accès au plan de la zone dans laquelle il se trouve, tout en lui communiquant la localisation des hôtels les plus proches. Les versions portables des applications qui sont aujourd’hui intégrées à certains véhicules constituent une autre sorte d’application. SFR lance d’ailleurs un service ?” en phase pilote ?” qui est du même ordre.
Il existe d’autres applications, qui n’entrent pas dans cette catégorie, mais auxquelles la mobilité confère une dimension supplémentaire. Certaines s’adressent aux collaborateurs mobiles chargés des opérations de maintenance, de gestion des stocks ou des ventes. De n’importe quel endroit, ils seraient en mesure de recevoir des ordres de mission ou de consulter un catalogue. De même, une société de réservation aérienne pourrait communiquer de nouveaux horaires d’avion à ses clients, qui, selon leurs besoins, modifieraient ou annuleraient une réservation. Un tel projet, également en phase pilote, a déjà été élaboré par IBM et par Sabre.
Enfin, des informations urgentes pourraient être transmises, quelle que soit la localisation du destinataire. Les applications WAP seraient à même d’occuper des créneaux comme la domotique ou la bureautique. Une personne en déplacement se verrait ainsi offrir la possibilité de contrôler le chauffage de son appartement inoccupé, de vérifier l’état de l’alarme, voire de programmer son magnétoscope.
Quant à l’utilisateur bureautique, il ne lancerait certes pas son traitement de texte à partir de son téléphone, mais utiliserait plutôt ce dernier comme une télécommande, ce qui lui permettrait de visualiser une liste de noms de fichiers, afin, par exemple, d’en envoyer un par télécopie ou par messagerie. En plus de ses spécificités fonctionnelles, le développement d’une application WAP doit s’accommoder de plusieurs contraintes techniques, parmi lesquelles un processus de standardisation qui n’a pas atteint son terme. WML (Wireless markup language) n’est que le gagnant du jour et risque d’évoluer rapidement. D’autres formats l’ont précédé. Il s’agit essentiellement de TTML (Tagged text markup language), de Nokia ; de HDML (Handheld device markup language), de Phone.com ; et de CHTML (Chunks of HTML), le format japonais ; mais aussi de VoxML, de Motorola, un format de marquage de fichiers vocaux.

Développer des applications en travaillant sur l’ergonomie

De plus, les assistants personnels numériques (PDA) communicants tels que le Palm VII ou le Nokia 9110 gèrent d’anciennes versions de HTML. Le WML, lui, suivra l’évolution des terminaux WAP, qui posséderont demain un écran couleur couvrant toute leur surface, à moins que ce standard ne soit conservé que pour les téléphones les plus simples. Les autres, basés sur des systèmes tels que Windows CE, Epoc 32 ou PalmOS s’accommoderont des formats de données du Web. Mais, quel que soit le terminal, son affichage restera bien plus réduit que celui d’un PC. Enfin, les applications WAP sont de nature différente de celles des sites Web existants. Les informations délivrées par ces derniers perdent bien souvent de leur intérêt dans le contexte de la mobilité. Ces contraintes ont des conséquences importantes sur les méthodes de développement. Les applications WAP devront faire l’objet d’améliorations, notamment d’un travail d’ergonomie spécifique, même si elles s’appuient, partiellement, sur des données et des applications existantes. En outre, il sera essentiel de distinguer la logique applicative et le format de données généré, plutôt que de s’enfermer dans WML.
Enfin, il ne faudra pas, lors de la réalisation d’applications, se contenter de filtrer les pages d’un site Web existant, qui seraient ensuite converties au format des terminaux WAP. Au-delà de l’infrastructure, les kits fournis par les spécialistes des technologies WAP, dont les plus connus sont Nokia et Phone.com, trouvent leurs limites. Ne comportant pas de véritables outils de développement, ils imposent l’écriture manuelle du code WML, ce qui ne convient guère qu’à la réalisation de maquettes.

Accéder aux données et aux applications existantes

Leurs passerelles WAP, qui font l’interface avec un serveur HTTP acheminant le contenu WML sont, en revanche, essentielles, de même que leurs simulateurs de téléphone, qui permettent de tester les applications. Cela est nécessaire lorsqu’on connaît les différences d’interprétation de la pile WAP, d’un téléphone à l’autre.La réalisation de la logique applicative passera par des middlewares et des interfaces autorisant l’accès à des services existants, l’extraction et la mise en forme de données. Parmi ces produits, on compte des passerelles vers des serveurs de messagerie ou de groupware. Phone.com, Coheris-Atix ou Infinite Technologies ont lancé de telles offres, qui couvrent les principaux moteurs de messagerie. Elles permettent aux utilisateurs d’accéder à leur courrier électronique (dont l’adresse reste unique) indifféremment à partir de leur PC ou de leur téléphone.
De même qu’ils se sont ouverts au Web, les progiciels de gestion intégrés (PGI, ou ERP, Enterprise resource planning) lorgnent aussi les terminaux WAP. L’idée est d’offrir un accès distant à certains composants du progiciel, avec, toutefois, une personnalisation précise à la fois des données visualisées sur le téléphone et de leur présentation. Le premier à s’être lancé sur ce créneau est IFS (Industrial & Financial Systems), éditeur d’IFS Application. Numéro un mondial des ERP, SAP devrait bientôt le suivre. Il a travaillé à l’intégration du protocole WAP SAP R/3, en collaboration avec IBM, qui a déjà déployé un projet pilote. ” Les modules dédiés aux forces de vente et aux services de maintenance sont désormais accessibles à partir d’un téléphone WAP ou d’un PDA “, précise Naji Najjar, responsable EMEA (Europe, Middle East, Africa) des ventes au sein de la nouvelle entité Pervasive Computers d’IBM.
L’autre brique essentielle des futures applications WAP regroupe les middlewares d’accès aux structures de données existantes. Adaptées au protocole WAP et aux formats de données associés, ces interfaces ouvrent les portes des SGBD Oracle 8i ou Adabas (Software AG), du moniteur transactionnel CICS (IBM), ou encore, du serveur documentaire BladeRunner (Interleaf). En matière de bureautique, l’annonce la plus significative est celle de Sun Microsystems, qui s’apprête à lancer Star Portal, la version Internet de sa suite Star Office. Ecrit en Java et disponible dès le début de l’année, Star Portal ciblera les portails Internet désirant donner à leurs utilisateurs un accès en ligne aux traditionnelles applications bureautiques. La mise en ?”uvre du WAP rendra possible le pilotage de certaines fonctions à partir d’un téléphone portable, comme la sélection d’un fichier texte et son envoi. A plus long terme, et selon l’évolution de la taille de l’affichage, visualiser les fichiers, voire les modifier, serait réalisable. ” Star Portal sera fourni avec des outils qui permettront aux prestataires de services de le personnaliser, afin de couvrir n’importe quel terminal ou format, tels GSM-WML, PalmOS-HTML, et le PC traditionnel “, précise Eric Mahé, responsable du marketing Java chez Sun. Les applications géodépendantes feront un usage intensif des middlewares d’accès à l’existant. Mais elles ne pourront se passer de technologies spécifiques, notamment pour la cartographie. Opteway a développé une offre comprenant un serveur et un logiciel client entre lesquels circulent, sous la forme de vecteurs, des données cartographiques. Webraska propose aux opérateurs un service clés en main reposant sur une technologie cartographique concentrée sur le serveur. L’attribution des rôles entre serveur et terminal se posera d’ailleurs dans la plupart des cas. Certes, aujourd’hui, la distinction est claire. D’un côté, on trouve les applications hors ligne, dont le terminal est un PDA gérant une microbase de données ponctuellement mise à jour. De l’autre, l’architecture promue par le WAP sous-tend un fonctionnement exclusivement en ligne, le logiciel client se réduisant à un micronavigateur. Cependant, les choses ne resteront pas en l’état. Dès aujourd’hui, il est envisageable de n’utiliser que les couches basses du WAP, pour transporter des données dans un autre format que WML, affichées, par exemple, sur un PDA relié à un téléphone WAP. Opteway fait ainsi transiter des données vectorielles de son application serveur vers son logiciel client.

Combiner les modes en ligne et hors ligne

Plus généralement, le forum WAP travaille à la combinaison des modes en ligne et hors ligne, ce qui est à l’origine de l’intégration d’une intelligence au terminal. ” A l’avenir, les informations devront pouvoir résider sur le portable, ce qui évitera de se connecter en permanence. On pourra réaliser des saisies dans une zone non couverte par le réseau hertzien “, assure Philippe Lemaire, chef de programme serveurs de données chez Oracle. IBM pousse dans cette direction. Une prochaine version du WAP devrait activer des mécanismes de synchronisation entre service distant et terminal.

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La rédaction