Passer au contenu

Vers la valorisation locale d’un nouveau tissu d’entreprises

Entre les écoles de la chambre de commerce et l’université, le Valenciennois dispose maintenant d’un ensemble de formations liées au multimédia pour construire un nouveau pôle d’expertise.

Cela se passait au Phénix, le théâtre de Valenciennes, du 21 au 24 novembre dernier : les Rencontres de la jeune création numérique. Créée comme un complément du forum Imagina destiné aux étudiants, cette manifestation enchaîne les conférences sur le son, le numérique et le multimédia.Elle initie des prises de contact entre étudiants, dévoile leurs productions et suscite des échanges avec les professionnels du secteur. S’y ajoutent une exposition expérimentale et des ateliers de montage aux Ateliers numériques, pépinière d’entreprises née en juin 2000.Au fil des années, ces rencontres, itinérantes à l’origine, se sont émancipées d’Imagina et ont fini par se sédentariser. Depuis trois ans, tout se passe à Valenciennes. Le choix n’a rien d’arbitraire : depuis près de quinze ans, la ville se construit une image de pôle numérique, doté aujourd’hui de tout un ensemble d’écoles et de formations.Jusque-là reconnue pour son expertise en matière de transport terrestre, Valenciennes compte devenir assez crédible dans le monde du multimédia pour, à terme, favoriser localement un nouveau tissu d’entreprises. Et, en premier lieu, celles créées à Valenciennes et qui, il y a quelques années, seraient parties s’implanter à Lille faute de structures et d’environnement adaptés sur place. Mais, pour cela, il faut du temps.

Un accord global mais informel entre les acteurs

La toute première grande initiative date de 1988 avec la création, par la chambre de commerce et de l’industrie (CCI) du Valenciennois, de l’Ecole supérieure d’infographie et du multimédia, Supinfocom. A l’époque, la CCI formait déjà à l’informatique (niveau bac +2 à bac +5).Elle avait même monté des cours avec Infogrames, et, en 1987, avant Supinfocom, elle proposait son premier stage de PAO et de palette 3D. Mais le lancement d’une véritable école, avec un cycle de formation de quatre ans spécialisé dans la réalisation numérique, la scénarisation, l’écriture et l’animation multimédia, tenait en réalité plus du pari que d’une évolution naturelle.De son côté, la Ville a créé son “anneau citoyen”, l’un des premiers intranets municipaux. Elle s’est retrouvée avec la communauté de communes sur un réseau de fibre optique. “C’est devenu un axe stratégique de développement : à côté d’un pôle transport terrestre, il y a un pôle numérique, un pôle de compétences affiché, explique le directeur de la CCI, Alain Hernoux. Il existe, entre les différents partenaires institutionnels, un accord global sur le développement de ce pôle, mais pas de document formel ni de convention cadre.”Autrement dit, les acteurs répondent chacun avec leurs moyens, selon leur fonctionnement habituel, à cette orientation du Valenciennois. Non sans problèmes : “Entre la mairie, la CCI et l’université, chacun a cherché à tirer la couverture à soi, estime Patrick Lethien, cofondateur de l’agence de conseil en multimédia As-Tu-V. Cela a mis du temps à se régler et à s’organiser. Les Ateliers numériques, par exemple, étaient un projet que je connaissais depuis dix ans.” Ce qui n’a cependant pas empêché les formations de se multiplier, envisageant le domaine du multimédia sous tous ses aspects.

Une école du jeu vidéo ouvrira en 2002

L’Institut supérieur du design (ISD) ?” autre école de la CCI du Valenciennois, créée en 1987 ?” a ainsi pris le pli en 1998. Spécialisé dans le design industriel quand la plupart de ces établissements ont une vocation artistique, il a acquis la suite logicielle Studio Tools et s’est équipé d’un plateau de design numérique. Maquette numérique, prototypage virtuel et photoréalisme font désormais partie intégrante du cursus de l’institut.Puis, en parallèle avec le diplôme d’engineering design de niveau bac +5, l’ISD a créé une nouvelle filière : “En octobre 1999 est née la première formation spécialisée à bac +4 de design numérique, mentionne le directeur, Philippe Delvigne. Les étudiants n’y font que de la modélisation et de la simulation 3D.”L’ISD devient ainsi un bon exemple de la double culture industrie-multimédia. Le plus gros des débouchés se trouve du côté des biens de consommation grand public, des biens d’équipement et, surtout, de l’automobile.“50 % des étudiants arrivent dans notre institut pour faire du design automobile”, précise Philippe Delvigne. Mais qu’ils deviennent concepteurs intégrés en entreprise ou en agence conseil indépendante, les diplômés entrent dans une réalité professionnelle utilisant de plus en plus les outils numériques de modélisation.Dernier projet en date de la CCI : Supinfogame, la première école française du jeu vidéo. Son ouverture est prévue pour septembre 2002. “Le jeu vidéo arrive à un stade où on en a fini avec le bidouillage, justifie Alain Hernoux. Les métiers sont structurés et différenciés.”Les expertises et les moyens de Supinfocom et de l’ISD seront mis à contribution. L’apparition de ce nouvel établissement devrait aussi éviter de multiplier les filières au sein des deux autres et de diluer leur vocation. Cela dit, la prudence reste de mise : “On ne va pas créer une école à chaque fois qu’un métier émerge”, prévient Marie-Anne Fontenier, directrice de Supinfocom.

Émergence d’un nouveau tissu économique

L’université est le second grand pôle de formation (voir encadré). Un virage qui date de 1994. “Avant, nous dispensions des enseignements plus traditionnels, explique ainsi Alain Mayeur, responsable du service informatique de l’université de Valenciennes. Puis de gros investissements ont été faits dans les réseaux à haut débit, avec une liaison transfrontalière avec l’université de Mons. Et l’université a été labellisée par le ministère de la Recherche en 1995, dans le cadre des autoroutes de l’information.”Le ton est donné. Infographie, art et communication, images et son, communication audiovisuelle… L’université creuse, elle, un sillon où se mêlent multimédia et audiovisuel.Sur ces bases, la CCI a créé les Ateliers numériques pour favoriser l’émergence d’un nouveau tissu économique. Dotée d’une régie son, de tables de montage, d’un studio de prises de vue et d’une salle graphique 3D, la structure est aujourd’hui occupée à 70 %.La société lilloise Cyrrius Sound Design s’est même délocalisée, pour s’y installer au côté d’E-Software (édition de logiciels), de Ginfap (outils multimédias de formation à distance) ou de 3ISN (numérisation de documents). Là est le véritable enjeu, que l’on peut mesurer depuis le perron des Ateliers numériques. D’ici, en effet, le regard porte jusqu’aux bâtiments fermés de l’usine sidérurgique Forgeval. Le passé et le futur de Valenciennes face à face. Tout un programme…

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Arnaud Devillard