Passer au contenu

Valorisation d’une start-up : les fondamentaux financiers à connaître

Même si la prudence est de mise depuis l’e-krach, les investisseurs utilisent toujours les mêmes méthodes pour évaluer une jeune pousse. Un cocktail varié d’outils mathématiques… où l’irrationnel trouve également sa place.

Les critères de valorisation d’une start-up ? ” Ils différent totalement selon son niveau de maturité” affirme d’entrée de jeu Bernard Louis Roques, associé chez ABN Amro. Les méthodes traditionnelles s’appliquent à des entreprises déjà bien établies. En revanche, pour une entreprise qui n’a pas encore fait ses preuves, d’autres facteurs doivent être pris en compte.”
Dans les faits, les investisseurs pondèrent le poids de chaque outil de valorisation en fonction de la maturité de l’entreprise. Et c’est justement cette pondération, souvent trop optimiste en début d’année dernière, qui a en partie conduit à la création d’une bulle spéculative et… à l’explosion de celle-ci quelques mois plus tard !

Aucune méthode rationnelle n’existe pour valoriser une entreprise naissante

Dans l’évaluation d’une jeune entreprise, l’élément le plus difficile à apprécier reste bien entendu son caractère innovant. S’il est facile d’imaginer vaguement son potentiel, une modélisation rigoureuse et fiable de son activité future s’avère impossible.La recette des investisseurs ? Le croisement de plusieurs méthodes empiriques. La première ?” surnommée méthode des comparables ?” consiste à comparer la start-up à une entreprise plus mature, parfois cotée en Bourse, dont les paramètres (modèle économique, marché, technologies, etc.) sont relativement proches.Quand ils en ont la possibilité, les investisseurs s’appuient également sur les“Precedents transactions ” : montant du rachat d’un concurrent par une entreprise tierce, etc.Autre élément à ne pas oublier dans la valorisation d’une start-up : ses barrières à l’entrée. Sur un marché très innovant où la technologie est souvent au c?”ur des savoir-faire, la propriété intellectuelle apparait comme une donnée tangible, même si elle reste, elle aussi, difficile à estimer.” On peut comparer une technologie brevetée à une technologie similaire détenue par une société déjà cotée en Bourse, ou bien encore évaluer le coût de conception d’un site, etc., mais il n’existe aucune méthode miracle “, avoue Bernard Louis Roques.

La méthode des “discounted cash flow” et du PER futur

Après une ou plusieurs années d’existence, la méthode des cash flow disponibles ou “discounted cash flow” est de rigueur. Elle permet tout simplement d’ estimer la trésorerie future de l’entreprise. Combien aura-telle dans ses caisses d’ici quelques mois ? C’est cette réponse qui permettra de juger la viabilité du modèle économique et d’obtenir un seuil de rentabilité ?” ou un point mort ?” plus précis. Si le modèle est équilibré et que le marché de la jeune pousse existe, cette dernière devra respecter son planning et apporter des preuves concrètes de son développement.L’estimation des PER futurs (Price Earning Ratio) correspond à une projection dans l’avenir du rapport bénéfices/chiffre d’affaires. De fait, ces deux indicateurs sont utilisés pour juger tout type d’entreprise : “Le prix d’une entreprise se détermine toujours en fonction de sa capacité à générer des profits “, rappelle Bernard Louis Roques.Ces deux méthodes consistent donc à utiliser des multiples (chiffre d’affaires et bénéfices). “Sur Internet, ce sont toujours des multiples de revenus alors qu’on juge les entreprises traditionnelles sur des multiples de profitabilité “, fait remarquer Tanguy Peers, Directeur Administratif et Financier de la start-up b2build.com

Un dur retour à la réalité… mais qui présage un bel avenir

Début 2001, et malgré l’e-krack, les méthodes ” théoriques ” de valorisation restent finalement les mêmes. “Mais en pratique, c’est le marché qui fixent les prix, constate Thierry Chetrit fondateur d’intuicapital. Des prix très différents sur la base de méthodes inchangées … C’est donc que selon les époques, on a une interprétation très subjective des mêmes méthodes.”Néanmoins, le marché revient à une notion de“fair value “, basée sur des éléments intrinsèques et tangibles (chiffre d’affaires, bénéfices, etc.). Alors, quand ils n’existent pas encore, le marché perd patience. D’où la déroute de nombreuses entreprises qui, pour financer leur croissance, se sont introduites trop tôt en Bourse.” C’est l’effet de pendule, précise Tanguy Peers, à une forte période de hausse succède une grande dépression, puis les investisseurs se calment un moment et tout repart tranquillement sur une tendance positive. “ Après quelques frayeurs, les investissements semblent reprendre petit à petit.Pour preuve, les 600 millions de francs déjà levés depuis le début de l’année par des start-up françaises.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Frédéric Bordage