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Valeurs high-tech : les petits porteurs encaissent le choc

Baisse record pour le Nasdaq, un an après le plus fort de la bulle Internet. Le temps pourrait rester gris jusqu’à la fin de l’année pour tous ceux qui ont misé sur les nouvelles technologies.

” Il n’existe pas de limite à la baisse “, affirme Emmanuel Simonetto, analyste chez SGS Equity Partners. Après un second semestre 2000 catastrophique pour l’ensemble de la Net-économie, le Nasdaq, qui a de nouveau perdu 21 % depuis le début de l’année, a atteint son plus bas niveau depuis novembre 1998.
L’indice Nasdaq Composite, qui avait passé les 5 000 points au plus fort de l’euphorie Internet, est aujourd’hui en deçà des 2 000 points, perdant à la mi-journée encore 99 points à 1953.Depuis son plus haut niveau de mars 2000, l’ensemble du marché américain a fondu d’environ 4 000 milliards de dollars. Mais où donc est passé cet argent ? A 75 %, les perdants sont les opérateurs de marchés, les banques et les investisseurs professionnels.” Cependant, depuis trois mois, on observe un tassement important des ordres des petits porteurs, explique Emmanuel Simonetto. Ceux qui n’avaient pas vendu leurs valeurs TMT (télécoms, média, technologies) l’an passé ont encaissé passivement le choc. “ En clair, ils conservent leurs titres en attendant des jours meilleurs, puisque les revendre aujourd’hui équivaudrait dans de nombreux cas à faire une croix sur leurs économies.

Jeff Bezos vous aura prévenus

Mais en cas de faillite des sociétés dans lesquelles ils ont investi, il y a peu de chance qu’ils récupèrent leur mise. Les actionnaires sont payés à proportion du risque pris, donc à proportion de leur part de capital. A ce jeu, les petits porteurs seraient donc payés en dernier, voire pas du tout.Depuis sa création, en 1996, le Nouveau Marché français a vu trois sociétés disparaître. Mais sur le Nasdaq, le taux de mortalité ne cesse d’augmenter : trois cent quatre-vingt-quatorze sociétés ont disparu des écrans en deux mois, contre sept cents sur toute l’année dernière.Les petits porteurs commencent à s’inquiéter. A telle enseigne que Jeff Bezos leur a même déconseillé d’investir dans les valeurs Internet, et même dans Amazon : “Nous ne sommes pas une société dans laquelle on peut investir et dormir sur ses deux oreilles “, a-t-il expliqué lors d’une émission télévisée, vendredi dernier. Une façon de prévenir et de se prémunir contre des plaintes de la part d’associations de petits porteurs si jamais le cours d’Amazon venait encore à baisser dans les mois qui viennent.” L’inquiétude existe, tout le monde la ressent. Les professionnels comme les particuliers. Il ne faut pas oublier qu’un professionnel de l’investissement est très souvent un investisseur individuel. Il y a donc un effet d’entraînement “, explique Jean-Marc Palhon, managing director chez OTC Securities.Jean-Marc Palhon, philosophe, pense néanmoins qu’il y aura un rebond comme après les précédentes crises : ” C’est cyclique, affirme-t-il. Il faut donc s’attendre à un renouveau. Mais les particuliers prévoient sur le court terme. Alors, aujourd’hui, ils ne font plus rien, ils ne bougent plus. ” Cela dit, il reste perplexe sur l’avenir proche : “La fébrilité des marchés ne permet pas de savoir si l’on a touché le fond”.Pour Emmanuel Simonetto, le marché va rester orienté à la baisse pendant longtemps. “C’est le discours des industriels américains qui prédomine sur tous les autres indicateurs de marché”, dit-il. Le profit warning de Cisco assorti de huit mille licenciements en est une parfaite illustration.John Chambers, CEO de Cisco, avait d’abord tablé sur une reprise des affaires dès le deuxième trimestre 2001, qui, finalement, n’interviendra probablement pas avant 2002. Du coup, tous les marchés sont déprimés, et aucun chiffre de bonne santé économique ne pourra rien y faire.

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David Prud'homme avec Frantz Grenier