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Une speakerine… très synthétique

Acquise à prix d’or par Orange, il y a deux ans, Ananova anime un site à part dans le paysage de l’info en ligne britannique : cocktail de technologie et de scoops…

C’est presque son anniversaire. “Hello world, here is the news and this time, it’s personal !” Lancée le 19 avril 2000, cette phrase est l’?”uvre d’une personnalité pas comme les autres. La tignasse verte, un minois à la Kylie Minogue mâtiné de Posh Spice (Victoria Beckham, ancienne spice-girl et épouse du footballeur britannique David Beckham), Ananova fait alors son entrée dans le monde des présentateurs de journaux virtuels. À l’époque, la pin-up synthétique, dont on ne connaît que le visage, appartient encore à la division interactive de Press Association (PA), l’agence de presse britannique créatrice de l’avatar. Et, outre sa silhouette siliconée, la Ananova donne aussi son nom à un site d’informations. En juillet 2000, PA ayant décidé de recentrer ses activités sur le B to B, Ananova.com est confié aux bons soins d’Orange dans une transaction des plus juteuses : rien moins que 95 millions de livres (154 millions d’euros) pour la cession du site.Une somme astronomique qui s’expliquait alors par le boom des valeurs internet : à l’époque, un commentateur britannique s’était même risqué à évaluer Ananova.com à un demi milliard de livres ! Pour la filiale mobile de France Telecom, le rachat du site d’informations, et plus précisément de sa célèbre figurine synthétique, se justifie au moins pour deux raisons différentes.

Un produit d’appel

D’une part, Ananova.com représente une force de revenus significative du fait de la puissance de sa marque. Facile, en effet, de faire figurer une sémillante présentatrice sur des portails généralistes ou des sites web : Freeserve, AOL, Yahoo, Excite et Lycos ne s’y sont pas trompé, et ont tous intégré la présentatrice synthétique sur leur portail. L’inverse n’est pas moins vrai : la présence de marques sur le site d’informations est également synonyme de revenus. Mais au-delà de l’aspect purement financier, Ananova s’intègre parfaitement dans la stratégie internet nomade d’Orange.À terme, l’idée sous-jacente est que la pin-up se comporte comme un véritable assistant personnel capable de répondre aux requêtes d’un utilisateur à toute heure du jour et de la nuit sur un support d’internet mobile. Un exemple : quand un internaute aura besoin de connaître les derniers horaires d’avions, il lui suffira de le dire à son assistant. Grâce à un procédé de reconnaissance vocale, ce dernier comprendra qu’il lui faut aller chercher l’information sur la toile et la lui communiquera en retour. Une ambition intéressante qui gagne du terrain jour après jour. En deux ans, le site d’informations dirigé par Mark Hird, un ancien d’Ananova, n’a cessé d’affiner son degré de personnalisation. Mais aussi sa différence : “Contrairement à beaucoup de sites d’info en ligne britanniques, confie Alison Gee, porte-parole d’Ananova.com, Ananova ne fait pas de hiérarchie de l’information : la guerre en Afghanistan ne l’emporte pas sur l’info people”. Et, du reste, l’utilisation de ce site d’informations à la carte est plutôt simple : l’internaute s’y connecte gratuitement et peut avoir accès à la fois aux actualités du jour mais aussi aux archives. Jusqu’en avril dernier, possibilité lui était donnée de suivre quelque 4 000 sujets par courrier électronique sur son ordinateur et sur son assistant personnel, mais aussi par message WAP sur son mobile. Changement de cap en mai : la direction décide de dédier ces services uniquement aux abonnés d’Orange. Une manière comme une autre de renvoyer l’ascenseur à sa maison mère. Pour réaliser ce service, une centaine de journalistes ?” basés au siège d’Ananova à Leeds ?” ainsi qu’un réseau de correspondants internationaux travaillent sans relâche sept jours sur sept. De toute évidence, la qualité du site s’en ressent. Souvent cité par des publications concurrentes, Ananova.com parvient fréquemment à décrocher des scoops.

Les internautes fondent

Et son public ne s’y trompe pas davantage : selon des chiffres fournis par Ananova.com, près de 2,7 millions de personnes se seraient branchés au moins une fois sur le site durant le mois de janvier. Un chiffre apparemment très éloigné de celui évoqué par une étude réalisée par Jupiter MMXI pour le quotidien britannique The Guardian : l’institut, lui, compte 562 000 utilisateurs sur la même période. Plus sûre en revanche, l’information selon laquelle le site gagnerait du terrain sur ses concurrents. Ananova.com prend la septième place au palmarès des journaux en ligne les plus visités en Grande-Bretagne. Le site se situe toutefois encore loin derrière le leader BBC, qui touche rien moins que le quart des internautes britanniques, avec près de 4,4 millions de visites en janvier. Attirant principalement les jeunes adultes actifs, entre 18 et 35 ans ainsi que les étudiants, le site, et plus largement, la société, serait aujourd’hui en proie à une redéfinition de sa stratégie. Mais sur cette information, Ananova la polyglotte ?” elle parle 14 langues au total ?” se garde bien den dire plus.* à Londres

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Stéphanie Salti*