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Une puce du MIT pourrait doubler l’autonomie de nos smartphones

Non, les écrans et applications ne sont pas les seules causes du déchargement prématuré de nos batteries mobiles. La connexion au réseau est aussi très gourmande et plombe l’autonomie. Heureusement, une nouvelle puce pourrait changer la donne?

Demain, je ressors mon vieux 3310… Qui n’est jamais arrivé à cette conclusion dépitée en voyant que la batterie de son smartphone s’apprêtait à rendre l’âme alors que midi n’avait pas sonné. Si on fait contre mauvaise fortune bon cœur, qu’est-ce qui fait que les smartphones se déchargent si vite ? Les applications et les écrans ? Oui, mais pas seulement. A en croire une start-up issue du MIT, Eta Devices, c’est l’amplificateur, la puce chargée de renforcer le signal radio sortant du téléphone, qui met à mal l’autonomie de nos smartphones.

A fond tout le temps

Afin d’être toujours prêt à recevoir des données, ces amplificateurs demeurent en permanence à leur voltage maximal et consomment « plus que n’importe quel autre composant » d’un smartphone, indique la revue officielle du MIT. Le pire est que la moitié de cette puissance se transforme en chaleur…

Ce type de puces se trouve également dans les bornes sans fil des opérateurs, où elles représentent environ 75% de la consommation électrique totale. Autrement dit, c’est la volonté du smartphone d’être toujours connecté qui le met à genoux et cette incapacité à adapter la consommation au besoin fait que les bornes ou antennes Wi-Fi ou 4G consomment énormément.

« Boîte à vitesse » ultra rapide et performante

Eta Devices, co-fondée par David Perreault, professeur en ingénierie électrique au MIT, et Mattias Astrom, ancien de l’Institut de Technologie du Massachussetts, a mis au point une nouvelle puce qui repose sur près de dix ans de recherche. Son intérêt est qu’elle est capable de « changer de vitesse » pour adapter le voltage de l’amplificateur en fonction des besoins, évitant ainsi les déperditions d’énergie.

« Vous pouvez considérer notre technologie comme une boîte à vitesse ultra rapide, qui, tous les nanosecondes, module la quantité de puissance que l’amplificateur tire de la batterie », expliquait Joel Dawson, le directeur technologique d’ETA Devices et co-inventeur de la technologie. « C’est grâce à cela qu’on conserve une efficacité très importante », concluait-il.

Et les premiers résultats obtenus sont apparemment assez impressionnants. L’année dernière, intégré dans des bornes 4G LTE, ce module est devenu le premier à atteindre une efficacité énergétique supérieure à 70%, alors que « le plus gros pourcentage dont on ait entendu parler avant était de 45% – et c’est probablement généreux », commentait Joel Dawson.

Conséquences prodigieuses

Les répercussions d’une telle technologie pourraient être colossales. L’économie d’énergie pourrait d’abord être non négligeable sur la facture des opérateurs. Un gros acteur des télécoms qui équiperait ses antennes de cette techno pourrait ainsi économiser ainsi 100 millions de dollars sur sa facture d’électricité chaque année, estime le directeur technologique d’Eta Devices. Et c’est sans parler de celle des particuliers : intégrée à votre smartphone, cette puce pourrait vous permettre de tenir deux fois plus longtemps avant la recharge.

Mieux, réduire factures et consommation pourraient diminuer significativement l’empreinte écologique des opérateurs. Pour un acteur de taille moyenne, évalue Joel Dawson, la réduction en termes de gaz à effet de serre pourrait être équivalente à retirer cinq millions de voitures de la circulation.

Et au-delà, les modules pourraient également modifier les terminaux eux-mêmes. Les batteries pourraient être plus petites. Les bornes pourraient également être plus facilement déployées dans des pays où les ressources électriques ne sont pas toujours faciles à trouver, notamment dans les régions émergentes. Mieux, ces stations généralement alimentées par des générateurs à essence pollueraient, de fait, beaucoup moins.

Un avenir proche

Eta Devices a déjà signé un partenariat avec un gros fabricant de bornes sans fil et a entamé des négociations avec plusieurs gros acteurs du marché des smartphones 4G pour y intégrer leur puce d’ici la fin d’année prochaine. Ce qui permettra d’améliorer encore plus les performances des téléphones les plus avancés qui utilisent déjà une technologie appelée envelope tracking. Cette dernière ajuste la puissance consommée par les amplificateurs de signaux à la volée, mais pas avec le même degré de précision et d’efficacité.
On n’ose en tout cas pas imaginer ce que donnerait cette puce avec une des batteries révolutionnaires actuellement en cours de développement dans les centres de recherches à travers le monde. Un smartphone qui tiendrait jusqu’au soir, voire plusieurs jours sans recharge ? Ah, le 3310…

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– 14/07/2014

Source :
Communiqué du MIT

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Pierre Fontaine