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Une porte d’entrée GPRS sur les réseaux d’entreprise

Le GPRS promet une connexion permanente en mode paquets. Pour en profiter, entreprises et opérateurs de réseaux IP devront se raccorder aux backbones GPRS des opérateurs GSM.

Une connexion permanente offrant un débit qui atteint 171 Kbit/s sur chaque terminal.Telle est la promesse alléchante du GPRS, qui, contrairement à l’UMTS, est à nos portes.SFR affirme en effet avoir achevé son déploiement national.Et il devrait démarrer son service dans les prochaines semaines, tandis que France Télécom et Bouygues Telecom évoquent un lancement progressif à partir du deuxième trimestre.Par rapport au GSM-Data ou au volet transport de la norme WAP, le GPRS apporte un énorme avantage.Il autorise en effet une connexion de bout en bout, en mode paquets, du terminal – téléphone mobile, PDA ou PC doté d’une interface GPRS – vers n’importe quel réseau IP – celui de l’entreprise, d’un fournisseur de contenu ou d’un opérateur.Sans oublier, bien sûr, l’internet ” sauvage “.Toute la problématique consiste à raccorder ce réseau IP.

Le backbone GPRS n’est autre qu’un réseau IP

Avec le GSM-Data ou le WAP, une telle liaison est réalisée par un serveur d’accès distant, dont le rôle consiste essentiellement à établir une connexion à partir d’un réseau en mode circuits (le GSM).Rien de tel avec le GPRS, puisqu’il est lui-même en mode paquets.Un tel réseau est en effet construit autour d’une épine dorsale baptisée backbone GPRS, qui n’est autre qu’un réseau IP.Les opérateurs de téléphonie mobile ont procédé à différentes mises à jour, essentiellement logicielles, afin que leurs réseaux GSM existants soient en mesure de se connecter à ce backbone GPRS et d’établir avec lui un dialogue en mode paquets.En partant des terminaux mobiles, presque toutes les strates du réseau GSM sont traversées, jusqu’à un point où le trafic données bifurque vers un nouvel équipement, le SGSN (Serving GPRS Support Node).Ce dernier, dont les représentants se comptent par dizaines, constitue la passerelle entre ce réseau GSM modifié et le backbone GPRS.Sur le segment qui va du mobile au SGSN, un débit de 171 Kbit/s (20 Kbit/s dans un premier temps) est négocié selon les droits de l’utilisateur et les capacités de son terminal et du réseau.Lorsque l’utilisateur se déplace, il peut changer de SGSN, mais il aboutit toujours sur le même backbone.Le raccordement d’un réseau IP à ce backbone est réalisé par un autre équipement, baptisé GGSN (Gateway GPRS Support Node), qui est au GPRS ce qu’un serveur d’accès distant est au RTC ou au GSM vocal.Dès lors, les terminaux GPRS accèdent à un réseau IP quelconque, dont ils font, d’un point de vue logique, partie intégrante (voir encadré La technologie).Ainsi obtient-on une connectivité permanente en mode paquets.Mais où se situent ces accès nommés GGSN et qui les maîtrise ? Chaque opérateur GSM en dédie certains à la connexion à l’internet.L’entreprise pourrait se contenter d’emprunter ce chemin pour raccorder son intranet à sa flotte de terminaux GPRS.Mais elle s’abstiendra, pour des raisons évidentes de sécurité et, surtout, de qualité de service.

Se raccorder au GGSN de lopérateur GSM

Dès lors, l’entreprise aura le choix entre la mise en ?”uvre de son propre GGSN relié au backbone GPRS via une liaison spécialisée (LS), ou le raccordement – également via une LS – à un GGSN maîtrisé par l’opérateur GSM.Itinéris, SFR ou Bouygues Telecom semblent, pour l’instant, avoir écarté la première solution, que Cisco défend pourtant ardemment.Il affirme en effet que les entreprises peuvent aisément transformer en GGSN la plupart de leurs routeurs existants par mise à jour logicielle.Le constructeur développe ainsi l’idée selon laquelle plus le marché serait dérégulé, plus le GGSN serait maîtrisé par les clients ou les opérateurs de réseaux de données.Pour l’heure, même ces derniers ne pourront apparemment pas héberger eux-mêmes leurs GGSN.Excepté, de fait, pour Cegetel et France Télécom, qui raccorderont comme ils l’entendent leurs offres intranet et Frame Relay aux réseaux GPRS de leurs filiales respectives, SFR et Itinéris.La seule solution disponible en France devrait passer par une connexion via des GGSN hébergés par les opérateurs GSM, qu’ils mutualiseront probablement.Telle est l’option de Bouygues Telecom, qui a choisi de conclure des partenariats avec différents opérateurs, dont Siris et Worldcom.Ceux-ci pourront ainsi offrir à leurs clients, sous forme d’un service d’accès distant, un raccordement de leurs réseaux au backbone GPRS de Bouygues.Chez Itinéris et Cegetel, un certain flou demeure quant à la possibilité, pour tout opérateur de réseau de données, de se raccorder à leur backbone GPRS – même via un GGSN hébergé.“Techniquement, une telle connexion ne poserait guère de problèmes.Mais nous n’avons encore aucun contact avec les opérateurs GSM, qui semblent peu ouverts “, avoue-t-on chez l’un d’eux.En revanche, les trois acteurs français de la téléphonie mobile ouvriront pour les entreprises une porte d’entrée sur leur réseau GPRS, via leurs portails mobiles professionnels, qui, outre la connectivité, offriront des services d’hébergement d’applications intranet.Ceux de France Télécom (Mobile Internet for Business) et SFR (Portail Intranet Mobile) existent déjà, mais étaient jusqu’alors dédiés aux connexions GSM-Data et WAP.Ils seront bientôt étendus à la connectivité GPRS.Lancé en phase pilote en avril prochain, le portail mobile de Bouygues Telecom sera mis en service en même temps que le GPRS lui-même.Le raccordement à ces portails pourra s’effectuer soit via une liaison spécialisée, soit par le biais des offres Global Intranet, Cegetel Intranet et autres backbones Frame Relay de France Télécom et Cegetel, soit encore via un réseau privé virtuel empruntant les voies de l’internet.Cette dernière solution n’apporte toutefois guère de réponses aux problèmes de qualité de service.Tant ces derniers que les questions de sécurité sont d’ailleurs plus ou moins bien abordés par l’architecture du GPRS.En effet, le tunneling réalisé par le protocole GTP – GPRS Tunneling Protocol – (voir encadré) ne sécurise pas le transport des trames IP.Cette tâche reste à la charge de l’entreprise, qui pourra éventuellement la déléguer à son opérateur de données ou à un portail mobile.Il s’agira de réaliser un tunnel chiffré, généralement sous L2TP (Layer Two Tunneling Protocol) et IP-Sec.Au chapitre de la qualité de service, le réseau GPRS permet d’accorder la priorité aux trames en fonction des profils des utilisateurs.Tout réseau IP externe peut potentiellement en faire autant.Entre les deux réseaux, le GGSN, qui voit à la fois l’identifiant GSM du terminal et son adresse IP, peut réaliser un mapping bidirectionnel des paramètres de qualité de service.

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Thierry Lévy-Abégnoli