Passer au contenu

Une croissance française de 3 % en 2003 reste possible

Si la confiance ne se décrète pas, il est possible de savoir ce qui pourrait la mettre en péril : par exemple la multiplication de déclarations faisant état d’une croissance trop faible en 2003.

Comme tous les ans, à l’approche de l’annonce du budget de l’État, le débat autour du rythme de la croissance économique pour l’an prochain fait rage. Chacun y va de sa petite phrase et de son point de vue en annonçant que la croissance de l’an prochain sera de 2,5 %, 2,8 %, 3 %, bref comprise entre 2,5 % et 3 %. À l’évidence, lorsqu’on se souvient que, pour l’année 2000, les simples réajustements statistiques de l’Insee ont fait passer la croissance du PIB de 3,2 % en première estimation à 4,2 % désormais, se chamailler pour quelques dixièmes de point paraît bien futile.En fait, de nombreux hommes politiques et économistes oublient trop souvent que la croissance est avant tout une question de confiance. C’est l’absence de cette dernière qui a cassé la reprise en 1995 et c’est sa présence qui a permis à la France de croître de 3,6 % par an de 1998 à 2000. Or, dans la mesure où la confiance ne se décrète pas et demeure particulièrement fragile, bien malin serait celui qui pourrait annoncer avec certitude quel sera son état en 2003 et, ce faisant, le rythme de la croissance économique. En revanche, il est possible de savoir ce qui pourrait mettre en péril la confiance et la dynamique économique de la France. Il s’agirait par exemple de la multiplication de déclarations faisant état d’une croissance trop faible en 2003, ce qui ne manquerait pas de saper le moral des acteurs économiques, déjà particulièrement frileux et apeurés par le contexte économico-politico-financier international récent.

Crainte de conflits sociaux durables

Dès lors, si malgré la reprise industrielle entamée dès le début 2002, les entreprises dans l’industrie n’ont toujours pas repris le chemin de l’embauche, on voit mal comment elles le feraient si elles devaient être inquiétées outre mesure sur le rythme de la croissance. Et, malheureusement, si l’emploi ne repart pas rapidement, la résistance de la consommation observée ces derniers mois risque de fondre comme neige au soleil. Dans ce cadre, même une croissance de 2,5 % sera difficile à atteindre. Elle le sera d’autant plus si, à l’instar de 1995, l’automne 2002 voit naître des conflits sociaux difficiles et durables, comme certains semblent les appeler de leurs v?”ux. À l’évidence, personne ne sera gagnant à un tel jeu.Alors que reste-t-il de notre croissance ? Et bien, si l’on suppose que les Français seront assez forts pour éviter ces écueils, la réalité économique devrait reprendre le dessus : celle-ci est notamment faite de créations d’emplois soutenues dans les services, d’une inflation limitée, d’un restockage qui doit contribuer à la croissance au moins autant que le déstockage l’a desservie en 2001 (en lui retirant 1 point, qui doit donc être récupéré sur 2002-2003). De plus, comme l’a montré l’évolution récente de la consommation, les ménages français ont acquis cette faculté de se déclarer pessimistes mais de dépenser tout de même.En outre, n’oublions pas que la France reste encore largement sous-équipée en nouvelles technologies de l’information et de la communication, ce qui lui fournit un potentiel de croissance conséquent. Enfin, espérons que les chefs d’entreprises sauront se rappeler, comme ils l’ont fait de 1998 à 2000, que pour rester compétitifs et gagner des parts de marchés, ils doivent avant tout investir, en considérant l’investissement comme une création de richesse et non pas comme un simple coût. Dans ces conditions, la réalisation dune croissance de 3 % en 2003 reste toujours envisageable.* Chef économiste de Natexis Banques Populaires

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Marc Touati*