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Une commission d’enquête aligne France Telecom et son ancien PDG

Un rapport parlementaire dénonce ‘ les incohérences et la croissance désordonnée ‘ de France Telecom. Avec Michel Bon dans le rôle du bouc émissaire aveuglé par la bulle internet.

Sévère condamnation. Sur plus de 160 pages, le rapport de la commission d’enquête sur la gestion des entreprises publiques, rendu public ce mardi, fustige les dérives intervenues dans les grands groupes comme La Poste et EDF. Avec une
mention spéciale pour Michel Bon et ‘ sa désastreuse gestion ‘ de France Telecom dont l’endettement est passé de 14,6 milliards d’euros fin 1999 à 68 milliards d’euros en 2002.Dès l’avant propos Philippe Douste-Blazy, député maire de Toulouse et président de la commission assène : ‘ Un mot peut résumer la situation de certaines entreprises publiques ces dernières années, c’est
celui de faillite… une faillite des hommes
. ‘Michel Bon et sa garde rapprochée sont ainsi jugés personnellement responsables ‘ d’avoir mené France Telecom à un endettement gravissime ‘. Ils ont pris ‘ des
risques considérables avec l’argent des contribuables.. afin de mener une croissance externe ambitieuse et désordonnée
‘.

Des acquisitions frénétiques

Le rapport décortique les acquisitions menées tambour battant par l’opérateur historique au plus fort de la bulle des nouvelles technologies. En 1999 pour contrer Deutsche Telekom qui tente d’acquérir Telecom Italia, France Telecom
achète le câblo-opérateur britannique NTL pour 8 milliards d’euros. Pourtant ‘ cet investissement dès le rachat d’Orange concrètement envisagé perdait à peu prés tout intérêt stratégique. ‘Concernant MobilCom, le rapport reproche la précipitation avec laquelle il a été décidé de procéder à cette acquisition. Aucun des procès verbaux du conseil d’administration de France Telecom n’évoque Mobilcom avant mars 2000. Date à
laquelle l’opérateur historique y investit 3,7 milliards euros pour y prendre 28,5 % de son capital. La direction de France Telecom a maintenu ses velléités d’expansion alors même qu’elle n’ignorait rien des difficultés de l’opérateur
allemand. Dans une note, l’ancien directeur financier de France Telecom Jean-Louis Vinciguerra soulignait ‘ la faiblesse de Mobilcom pourrait nous amener à financer l’intégralité de la licence UMTS et du déploiement du
réseau
. ‘ La frénésie d’acquisition s’est poursuivie alors que les capacités de financement de France Telecom ‘ étaient largement saturées(..) et où apparaissaient des signes évidents d’une crise
boursière
‘.

Un manque de transparence

Pire, le rapport épingle le manque de transparence de la direction vis à vis de son actionnaire principal, l’Etat. Michel Bon et Jean-Louis Vinciguerra ont ainsi affirmé dans leurs auditions respectives que le conseil d’administration
n’avait pas été réunis pour les rachats de NTL et MobilCom. ‘ Le jour où le ministre me disait qu’il était d’accord, que voulez-vous que fasse le conseil d’administration ? Quelle légitimité avait-il à aller à l’encontre de
l’avis du ministre ? Aucune ‘
s’est justifié l’ancien président de France Telecom.Pourtant, selon le rapport la direction de l’opérateur aurait pratiqué à l’égard de son actionnaire majoritaire ‘ une information sélective, au mieux incomplète, au pire inexistante et dans la plupart des cas
tardive et partielle
‘. L’Etat, informé tardivement des négociations avec Orange, n’a pu recruter une banque de conseil pour superviser le rachat. Tandis que les services du Ministère des finances n’ont été informés que
quelques heures avant leur lancement des projets de prise de participation dans MobilCom, NTL ou dans l’opérateur polonais TPSA.

Un abus d’optimisme

Michel Bon comme bien d’autres s’est laissé aveuglé par la bulle internet. Sa réponse sur la question de l’achat de NTL en est l’illustration : ‘ France Télécom valait à l’époque plus de 200 milliards d’euros
en bourse ; or, vous ne regardez pas 4 milliards d’euros de la même façon quand vous pensez valoir 200 milliards d’euros que lorsque vous pensez en valoir 10 : c’est une évidence
‘. Les marchés ainsi que les
agences de notations faisaient alors preuve du même optimisme, n’affligeant une correction au cours de l’opérateur historique qu’à lété 2002.En conclusion, le rapport souligne que ‘ le modèle français des entreprises publiques hérité de la guerre et de la Libération ne répond plus aux nouvelles exigences internationales et
européennes
‘. Il préconise donc de ‘ faire des entreprises publiques des entreprises comme les autres ‘. En clair des entreprises privées. La conclusion tombe on ne peut mieux à
quelques mois des premières privatisations.

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Hélène Puel