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Une chaîne concentrée chez le prestataire

La location d’applications en ligne repose sur des technologies de clients légers qui sous-tendent, chez le prestataire, une infrastructure dont les briques ne sont pas encore toutes matures.

Le déploiement d’un service d’ASP suppose celui d’une chaîne allant du prestataire à l’utilisateur. Elle comprend le client léger, l’infrastructure de l’ASP et le réseau. La partie visible de l’iceberg, qui détermine largement les volets serveurs et le réseau, est le poste de travail. Plusieurs types d’architectures se côtoient. D’abord, il faut noter que certains ASP en restent au client lourd. Une démarche évidente pour la messagerie (le logiciel client étant Outlook ou Notes), mais plus contestable dans le cas de la SSII Origin (en cours de fusion avec Atos), qui, pour délivrer l’accès au serveur SAP R/3, installe chez les utilisateurs le classique logiciel client de ce progiciel (SAP GUI). Un tel mode mobilise, en effet, une forte bande passante. Avec le client léger Windows, le trafic est limité entre 15 et 30 kbit/s par utilisateur. Celui-ci dispose d’une interface client déportée, via le protocole ICA de Citrix ou RDP de Microsoft. Chez l’ASP, un serveur Windows NT ou 2000 exécute alors n’importe quel logiciel client ciblant Windows. La majorité des ASP ont choisi cette architecture, qui permet une reprise immédiate de l’existant, mais mobilise d’importantes ressources du côté du serveur.De ce point de vue, le client de type navigateur Web est moins exigeant, le volet serveur frontal se limitant à un serveur HTTP. Encore faut-il que les applications soient compatibles, ce qui est le cas des ERP MySAP.com ou Oracle e-business Suite, tandis que certains ASP, tel eFront, préfèrent développer leurs propres applications orientées Web. Car, de l’avis même de Microsoft et de Citrix, pourtant très attachés au monde Windows, il s’agit du modèle du futur. “Le client léger Windows a permis aux ASP de démarrer immédiatement leur activité, mais il sera remplacé par le modèle du Web “, affirme Isabelle Coumes-Prioux, responsable du programme ASP chez Microsoft France. Cette vision se concrétise par la stratégie Microsoft.NET, qui consiste à transformer le modèle de toutes les applications de l’éditeur. La version 11 d’Office, attendue pour 2002, marquera ainsi le basculement vers le Web de la suite bureautique. Microsoft fournira, en outre, à ses partenaires, les technologies leur permettant de développer des applications .net. Avec son projet Vertigo, prévu en 2001, Citrix se place dans la même logique. Il s’agit, cette fois, de déporter vers un client léger, via un flux de messages XML, l’interface utilisateur d’applications modulaires, composées d’objets Com+ ou Enterprise JavaBeans.

Segmenter l’accès aux données et facturer les utilisateurs

Que le client soit de type Windows ou Web, le serveur avec lequel il dialogue ne représente que la partie frontale de l’application. Celle-ci doit accéder à des composants métiers et à des bases de données. Il s’agit alors d’identifier les usagers, puis de segmenter les accès, afin de garantir une totale étanchéité entre les entreprises clientes.Or, avec les SGBD et les serveurs d’applications actuels, une bonne segmentation impose la création d’une instance par application et par entreprise cliente. La technologie N-Fuse de Citrix résout une part importante du problème, en prenant en charge le processus de connexion des utilisateurs, en l’orientant vers la bonne ferme de serveurs, et en fournissant les informations nécessaires à la facturation. De même, avec l’édition ASP de son offre Tarentella, la société du même nom intègre à son architecture de client léger une technologie de gestion des utilisateurs fondée sur un annuaire LDAP (Lightweight directory access protocol). Un résultat comparable est obtenu par certains ASP qui développent des composants dont le rôle est de récupérer, auprès des applications intégrant leurs propres mécanismes de contrôle des accès, les informations liées à l’utilisateur.L’ASP eFront s’est, pour sa part, attaqué à l’ensemble du problème – de la connexion à l’accès aux données – en développant un outil d’administration qui permet aux applications d’effectuer des requêtes auprès d’une base de données unique, via un filtre qui détermine le client concerné.Mais les ASP aimeraient confier cette segmentation de bout en bout aux logiciels d’infrastructures techniques. Oracle 9i, tout juste annoncé, gère des profils d’abonnés, permet de les facturer et, surtout, de segmenter les droits des clients qui accèdent à une base de données virtuelle unique. Chez BEA Systems, la version 6 de WebLogic offre la cohabitation de plusieurs noms de serveurs Web et de plusieurs espaces cloisonnés d’objets métiers de type Enterprise JavaBeans.Entre le poste de travail du client et l’infrastructure de l’ASP, le réseau revêt une importance majeure. Pour l’épine dorsale proprement dite, l’Internet public est souvent banni – sécurité et qualité de service obligent – au profit de réseaux IP sécurisés d’opérateurs tels que Global Intranet, de France Télécom. L’avenir est toutefois à des réseaux permettant un contrôle fin, au niveau IP, par client et par application, de la qualité de service. Pour le raccordement à cette dorsale IP, la connexion permanente est pratiquement obligatoire. Cela pose peu de problèmes aux entreprises d’une certaine taille, qui peuvent s’offrir une ligne louée ou qui se situent dans une zone bénéficiant d’une boucle locale sur fibre optique. Pour les plus petites, l’accès distant en RTC ou RNIS n’est pas satisfaisant. C’est pourquoi le développement du marché dépendra de celui des boucles locales rapides : ADSL, BLR ou câble.

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Thierry Lévy-Abégnoli