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Une boucle locale mixant laser et radio à Sillé-le-Guillaume

Se sentant abandonné des opérateurs, un groupe de dix petites communes situées dans la Sarthe se lance dans une expérience originale de boucle locale sans fil, mixant laser et radio.

Que faire quand on est un groupe de municipalités loin de toute métropole et donc des préoccupations des opérateurs ? Inutile de rêver au DSL ou à la BLR. Sans se laisser abattre, la communauté des communes de Sillé-le-Guillaume, dans la Sarthe, mène une expérience de boucle locale, mixant faisceau optique laser et réseaux locaux radio.” Des transmetteurs laser nous permettront de réaliser l’équivalent d’une fibre noire sur un trajet de plusieurs kilomètres passant par dix communes “, explique Pascal de Rienzo, un consultant en technologies réseaux, qui dirige bénévolement l’expérience à la demande d’un élu. Prêtés par le constructeur Actipole, ces transmetteurs émettent ou reçoivent un faisceau laser, dont la modulation permet de transporter tout type de protocole, dès lors que le débit n’excède pas 200 Mbit/s. La distance ne pouvant dépasser un kilomètre, plusieurs couples de transmetteurs constitueront autant de relais.Toutefois, cette technologie reste trop coûteuse pour atteindre lutilisateur final. C’est pourquoi, les derniers tronçons utiliseront les ondes radio. Les relais optiques seront alors raccordés, via des commutateurs Ethernet, à des ponts radio.Dans un premier temps, un produit propriétaire signé Proxim (qui exploitait la bande des 2,4 GHz) avait été sélectionné. Mais la difficulté à obtenir des informations techniques le concernant a réorienté le choix ?” qui reste provisoire ?” vers la technologie 802.11b de SMC Networks (toujours en 2,4 GHz), dont la portée maximale atteint 5 kilomètres. Egalement envisagées, des solutions Hyperlan, ou 802.11a, permettraient d’atteindre un débit de 54 Mbit/s, mieux adapté au secours des liaisons laser.Au final, l’ensemble de la chaîne sera en Ethernet ?” 100 Mbit/s sur l’épine dorsale carburant au laser, et 11 ou 54 Mbit/s bruts de cette fibre noire virtuelle vers les utilisateurs. Ce débit sera partagé par tous les utilisateurs de la zone, mais on pourra cumuler plusieurs ponts 802.11b sur chaque relais.

Trouver des subventions et faire évoluer la réglementation

Tour cela est à conjuguer au futur, car la première expérience s’est limitée à un lien laser et à une transmission radio. “Le déploiement complet sur les dix communes pourrait être réalisé en moins d’un mois”, estime Pascal de Rienzo. Avant d’en arriver là, la communauté de communes devra obtenir des subventions et lever un obstacle réglementaire. En effet, si l’utilisation du laser est libre, celle des 2,4 GHz n’est autorisée que dans une enceinte privée. Or, il s’agira de traverser routes et chemins. “Nous avons demandé une dérogation à l’ART en vue de lancer une deuxième, puis une troisième phase d’expérimentation”, précise Pascal de Rienzo.Début mars, l’autorité de régulation a répondu positivement sur le principe d’une licence expérimentale d’une durée de deux à quatre ans, et devrait donner incessamment une réponse plus précise. En outre, elle prendra position sur le principe de ces boucles locales rurales. Une autorisation définitive nécessitera ensuite une évolution de la législation. Une fois cet écueil passé, il faudra encore convaincre un opérateur de venir exploiter cette boucle après l’avoir raccordée à son propre backbone. Le travail ayant été mâché, un tel prestataire pourrait, en effet, être intéressé par cette clientèle potentielle, comptant une centaine d’entreprises et deux mille cinq cents foyers.

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Thierry Lévy-Abégnoli,