A en croire les créateurs de lovely-faces.com, la démarche se voudrait artistique. A partir des comptes d’un million de membres de Facebook, leur matière première, les auteurs de ce projet ont créé un site de rencontres. Le hic ? Quelque 250 000 personnes ont vu leurs données personnelles publiées sur cette nouvelle émanation. Et ce, sans en être alertés.
« Notre mission était de donner à ces identités virtuelles un nouvel endroit partagé pour qu’elles soient exposées librement, hors des contraintes de Facebook et des règles sociales ennuyantes des réseaux. C’est pourquoi nous avons créé un nouveau site qui leur donne justice, en leur garantissant la possibilité de se retrouver face à face avec quiconque est attiré par leur expression ou les données les concernant », expliquent en ligne les co-auteurs du projet Face to Facebook.
Des portraits classés selon leur expression
Après avoir obtenu un million de photographies correspondant à autant de profils publics détournés de Facebook, les deux comparses les ont passés dans un logiciel de reconnaissance faciale. Il ne s’agissait pas de reconnaître à proprement parler les traits de quelqu’un, mais d’identifier une expression sur un même groupe de personnes. Les internautes ont ensuite été classés en six catégories d’après leur joli minois : les gagneurs, drôles, suffisants, sournois, faciles à vivre, plaisants. Chacun d’eux dispose d’une fiche où apparait sa photo, ses centres d’intérêt, sa nationalité, et parfois des clichés concernant ses amis.
Une petite recherche dans le moteur de Lovely-faces.com permet d’apprendre que 4 550 membres français de Facebook seraient concernés par ce détournement de données personnelles. Selon ses concepteurs, les internautes ne désirant pas apparaître sur le site n’auraient qu’à déposer une plainte en ligne. Aucune adresse e-mail spécifique n’a toutefois été créée à cet effet. Il faut passer par l’adresse de contact classique.
Avertir les internautes des dangers liés aux données personnelles ?
« Le projet traite des conséquences de la publication d’informations personnelles sur les plates-formes de réseaux sociaux et en particulier de leurs conséquences dans la vraie vie. Les conséquences sont toujours sous-évaluées car nous avons instinctivement tendance à limiter ce que nous faisons en ligne à l’espace de notre écran », expliquent les deux créateurs.
La démonstration n’a pas été du goût de Facebook dont le directeur des règles de communications, Barry Schnitt, a déclaré à Wired : « C’est une violation des conditions d’utilisation de Facebook. Nous prenons et nous continuerons à prendre toutes les mesures judiciaires nécessaires contre les organisations qui violent ces conditions. Nous enquêtons et prendrons la décision qui convient. »
Ce n’est pas la première fois que l’un des artistes, Cirio, s’attaque à un géant du Web. En 2006, il avait littéralement pillé les rayons d’Amazon pour mettre en ligne sur Internet 3 000 ouvrages vendus par le marchand. Condamné, le site pirate a dû fermer.
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