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Un site chinois de petites annonces accusé de faciliter la corruption

Zhike.com publie les annonces de gens prêts à payer pour obtenir le bon contact dans une administration. Et crée la polémique.

‘ Ma fille va bientôt passer son permis de conduire et je propose 200 yuans (20 euros) à la personne qui pourra m’introduire auprès d’un responsable approprié à la préfecture du
Hunan. ‘

‘ Je suis commerçant dans la ville de Tangshan et j’ai des difficultés à obtenir des licences. Je propose 2 000 yuans (200 euros) à qui me fera rencontrer quelqu’un d’influent à
la chambre de commerce locale. ‘
C’est le genre d’annonces surprenantes que l’on peut trouver aujourd’hui, en Chine sur le site shanghaïen
Zhike.com et qui provoqunt des remous sur la Toile de l’Empire du milieu. Il se propose de mettre en relation des gens prêts à payer pour obtenir le bon contact dans telle ou telle administration et ceux
qui le possèdent.Avec le poids de sa population, un espace juridique plus que lacunaire et une administration connue pour son inertie, avoir les bonnes relations ?” ‘ guanxi ‘ en
mandarin ?” est primordial en Chine. Sans elles, le quidam devra affronter une horde de fonctionnaires tatillons. Par ailleurs, contrairement à ce qui se passe dans l’Hexagone, avoir des relations est quelque chose qui s’affiche en Chine.Le directeur de Zhike.com, Chen Dufeng, définit même ces fameuses guanxi comme ‘ une sorte de force productive qu’il est possible de faire fructifier de manière plus
rentable ‘.
Et c’est justement cette monétisation, qui pose problème car elle ressemble, pour certains, à de la corruption pure et simple.

Une ‘ main invisible ‘ qui pose problème

‘ Faux, rétorque l’imperturbable Chen Dufeng. Bien souvent, une personne se trouve dans une impasse alors qu’il suffirait de l’intervention légale et légitime de quelqu’un avec un certain
pouvoir pour résoudre le problème. Nous proposons seulement de récompenser l’intermédiaire qui vous présentera le bon contact, c’est une service d’échange comme un autre. ‘
Zhike.com empoche tout de même 20 % de la
récompense au passage sans pour autant garantir le succès de l’opération.Les médias locaux, comme le Beijing News, n’ont pas critiqué directement ce système de relations, mais ils estiment qu’il représente ‘ une sorte de “main invisible” permettant
d’arriver là où les voies légales, qui devraient pourtant exister dans un pays civilisé, n’arrivent pas ‘.
Et de conclure avec une certaine franchise : ‘ On ne peut pas espérer que plus d’un
milliard d’individus aient une confiance innée dans la loi. Il faut faire la preuve que le système légal est plus efficace que celui des
guanxi. ‘En attendant, des millions de citoyens chinois continueront à préférer le bon vieux système des relations privilégiées et des coups de pouce ‘ invisibles ‘, qu’il soit revisité à la mode Internet ou pas.

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Nicolas Sridi, à Pékin