Passer au contenu

Un quotidien immergé dans les cristaux liquides

4 start-up qui comptent dans les cristaux liquides : Deep Video Imag, ZBD Displays, Spectraswitch, Nemoptic.

Découverts en 1888 par l’Allemand F. Reinitzer, les cristaux liquides doivent attendre le début des années 1970 pour faire leur apparition dans notre vie quotidienne. L’électronique japonaise inonde alors le marché mondial de ses calculettes et montres à quartz. Excellente lisibilité, faible consommation d’énergie, belle longévité vont permettre aux affichages LCD (Liquid Crystal Display) de se généraliser dans les appareils de mesure, les jouets, l’automobile ou l’électronique grand public.

2002, l’année du rebond

Substance fluide à la consistance intermédiaire entre l’état cristallin et l’état liquide, les cristaux liquides rendent possible la fabrication d’écrans plats. Une porte grande ouverte sur les marchés de l’informatique portable et ultra-portable, de la téléphonie mobile ou de la télévision. Autant de secteurs où la technologie TFT (Thin Film Transistor)- LCD règne en maître. Mais, comme tout élément de la grande chaîne des semi-conducteurs, les cristaux liquides restent sensibles aux aléas conjoncturels. Ainsi, l’an dernier, le marché de l’affichage sur écrans plats a régressé de 9 % à 22 milliards de dollars (23,9 milliards d’euros), selon Display Search. Il est vrai que dans le même temps, l’industrie mondiale des semi-conducteurs subissait un recul historique de 32 % à 138 milliards de dollars. Selon le cabinet de recherche américain, le marché de l’affichage sur écrans plats (Flat Panel Display, FDP) devrait enregistrer en 2002 une croissance de 37 % pour atteindre 30 milliards de dollars.Depuis le début de cette année, la demande en écrans plats pour PC et télévisions s’est raffermie avec, pour conséquence, une hausse des prix sur les écrans standards. Dans le domaine des moniteurs PC, Samsung, numéro 1 mondial du secteur, s’attend cette année à un volume en hausse de 77 % par rapport à l’an dernier, soit 24 millions d’unités (tous fabricants confondus), dont 6 millions pour la firme coréenne, un quart du marché mondial… Idem pour le numéro 2, le Japonais Sharp, qui prévoit dans ce domaine une croissance de ses ventes de 35 %.Pour le bon vieux tube cathodique (CRT) qui équipe encore la grande majorité des ordinateurs et des postes de télévision, cette montée en puissance des écrans plats TFT-LCD prend des allures de mort annoncée. “Les écrans plats prendront l’ascendant sur les écrans CRT en 2004 et 2005, et se généraliseront en 2008”, estime Emmanuel Herbreteau, chef produit moniteur de Samsung France. Pour l’heure, force est de constater que les tarifs des écrans TFT-LCD suivent une courbe exponentielle en fonction de leurs applications (informatique ou TV) et de la taille de l’écran. Ainsi, un moniteur informatique de 15 pouces TFT-LCD coûte de 533 à 610 euros, contre 228 à 304 euros pour un écran CRT de même format ; et aujourd’hui, le prix d’un écran TV de 15 pouces oscille entre 1 830 et 2 290 euros.

Viviers de croissance

Outre des tarifs encore dissuasifs, les LCD souffrent de plusieurs contraintes : angle de vision limité, rémanence de points lumineux en cas de succession d’images rapides, source lumineuse indispensable… Au moment où la gamme des terminaux mobiles s’accroît et se segmente de plus en plus, ce sont là de multiples viviers de croissance pour les entreprises qui se sont spécialisées sur ce marché. Certaines d’entre elles tentent d’approcher la troisième dimension en superposant deux écrans l’un à l’autre, d’autres travaillent sur les moyens de diminuer la consommation d’énergie ou d’améliorer la qualité des images. Et ces petites structures n’hésitent pas à nouer des partenariats avec les ténors du secteur dans l’espoir de monnayer licences ou développements technologiques. C’est le cas de Nemoptic, jeune société française qui vient de conclure un accord de coopération concernant sa technologie Bi Nem avec Picvue, un fabricant d’écrans plats taiwanais.Pendant ce temps-là, les ténors planchent sur les prochaines générations, notamment les Oled, ces diodes luminescentes organiques qui, selon Emmanuel Herbreteau, “permettront de produire à moindre coût des écrans de plus en plus fins, passant sous la barre des 2 centimètres”.

4 start-up qui comptent dans les cristaux liquides

Deep Video Imag. (NZ)Date de création : novembre 1999

Fondateurs : Gabriel Engel

Nombre de salariés : 26

Fonds levés : 5,48 millions d’euros

Fonds recherchés : 11 à 16 millions d’euros

CA prévisionnel : 6,58 millions d’euros (2002-2003)

Partenaires stratégiques : LG Philips LCD, AliasWavefront, 3M, Elotouch, Matrox, Appian Graphics.La société néo-zélandaise développe une technologie baptisée “Actual Depth”. Deux écrans LCD superposés donnent des images, textes ou graphiques offrant une sensation de profondeur sans périphériques spécifiques (lunettes, systèmes de tracking…). Deep Video Imaging propose sa technologie sous forme de licence ou de partenariat technique ou commercial, voire par la participation d’un groupe industriel dans la société. Deux marchés sont visés : ceux où l’impact visuel est déterminant (musées, halls d’accueil, salons, casinos) et ceux où la visualisation de données est prioritaire (militaire, médical, systèmes de navigation embarqués, salles de marchés). Objectif de l’entreprise : qu’“Actual Depth” devienne le “Dolby” de la visualisation.ZBD Displays (GB)Date de création : juillet 2000

Fondateurs : Alistair Graham, Guy Bryan-Brown, CliffJones, Emma Wood, Pete Brett

Nombre de salariés : 16

Fonds levés : 5,6 millions d’euros

Fonds recherchés : en 2003

CA prévisionnel : commercialisation prévue début 2003
Partenaires stratégiques : NCIssue du bureau de recherches de la défense britannique, ZBD Displays veut jouer un rôle majeur sur le marché des terminaux portables (téléphones mobiles, assistants personnels, GPS, livre électronique) grâce à deux atouts : une technologie d’affichage qui combine des LCD conventionnels associés aux principes de l’impression holographique d’une part, une faible consommation électrique d’autre part. Cette particularité permet d’afficher à l’écran une image indéfiniment, quelle que soit sa complexité et même lorsque l’alimentation est coupée. Seule une modification de l’image consomme de l’énergie. L’entreprise compte commercialiser ses produits dès l’an prochain. Des négociations sont en cours avec des Partenaires industriels.Spectraswitch (USA)Date de création : 1996

Fondateurs : H.R. Nick Lawrence

Nombre de salariés : 40

Fonds levés : 31,8 millions d’euros

Fonds recherchés : NC

CA prévisionnel : NC

Partenaires : NCConcepteur et fabricant d’écrans optiques et de composants conditionnant les signaux, Spectraswitch fait évoluer sa technologie en intégrant des composants optiques à ses produits. Résultat, l’effet de luminosité a été amplifié un million de fois. Ce gain de luminosité a été obtenu par l’alignement de molécules en cristaux liquides interactifs. Au final, Spectraswitch distribue des produits durables, ultra-connectés (universels), dont les pertes en termes de résolution d’image sont limitées et stables, quelle que soit la température. Ce qui réduit la consommation électrique, les traces, le coût, et augmente d’autre part la performance. L’intégration de nouveaux produits dans leurs lignes permet de réaliser de nombreuses applications en combinant les fonctions.Nemoptic (FR)Date de création : 1999

Fondateur : Alain Boissier

Nombre de salariés : 37
Fonds levés : 6,55 millions d’euros


Fonds recherchés : 20 millions d’euros

CA prévisionnel : NC

Partenaires : Fist, Tecdis, Picvue, Oberthur, GemplusNemoptic est spécialisée dans le développement de technologies de fabrication “cristaux liquides”. Cette start-up a mis au point une technologie innovante dans le domaine des LCD. Baptisé Bi Nem (Bistable Nematic), ce procédé permet aux fabricants de LCD de concevoir des écrans dont la consommation d’énergie est proche de zéro. Son avantage : une mémoire intrinsèque qui augmente la définition des écrans sans connexion à une alimentation électrique. Bi Nem permet aussi aux fabricants de produire à bas coût dans leurs propres unités de fabrication sans modifier leur chaîne de montage. Son offre repose sur des licences d’exploitation de brevets accompagnées d’un transfert de savoir-faire industriel. Nemoptic détient 12 brevets.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Gilles Musi et Sandra Salcioli