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Un plan de secours informatique nécessite des tests d’alerte réguliers

Prévoir un plan de secours, c’est bien. Le tester, c’est mieux. Mais sans sauvegarde systématique des données, rien ne sert d’investir….

Sans informatique, nous pourrions tenir à peine deux jours. Après, l’existence de la société serait en péril “, estime Bruno Barmès, directeur administratif et financier de la Mutuelle Complémentaire d’Alsace (MCA), qui emploie 42 personnes. Le sinistre informatique, mis en lumière par le passage à l’an 2000, est une menace perpétuelle, qui incite de plus en plus les PME à prévoir un plan de secours auprès de prestataires spécialisés. Mais toute l’entreprise ne doit pas forcément bénéficier de cette bouée de sauvetage.

Protéger uniquement les activités critiques

Ainsi, chez Norwich Union France (450 personnes), dont le siège est basé à Rueil-Malmaison (92), seules les activités critiques sont couvertes par le plan souscrit auprès de Sogeris en 1999, telles que son centre d’appels dédié à la vente à distance, son équipe de courtiers en assurance ou son réseau informatique. “En trois mois, notre département organisation a défini les activités à protéger, lancé l’appel d’offres et établi l’architecture matérielle de notre site de repli “, explique Rémi Vecina, directeur des systèmes d’information de Norwich Union France. À la MCA, toute l’activité de l’entreprise repose sur un AS/400. “Il y a cinq ans, suite à un incident sur un disque de l’AS/400, nous avons souscrit un plan de secours chez IBM Global Services, l’entité spécialisée du constructeur, se souvient Bruno Barmès. Depuis, nous effectuons tous les jours une sauvegarde de notre base de données et d’une partie des programmes : les cartouches sont placées dans un coffre ignifugé, totalement sécurisé.”En effet, sans sauvegarde systématique, il n’y a pas de continuité de service, le plan de secours est alors quasiment inutile. La banque vosgienne Kolb (77 personnes), sise à Mirecourt, a préféré opter pour une télétransmission quotidienne de sa base de données clients vers le site de secours de son prestataire Sema Group Recovery Services (SGRS). “Leur centre de repli est situé à Lille, où nous pouvons nous rendre en quatre heures, précise Alain Méline, directeur général de la Kolb. Un grand système Unisys de même configuration que le nôtre nous y attend en cas de problème. SGRS est partenaire d’Unisys, nous sommes donc sûrs qu’ils connaissent parfaitement notre matériel.”Pour la MCA, deux plans sont prévus suivant l’étendue du sinistre. Si seul l’AS/400 est endommagé, le réseau informatique sera raccordé à la machine de secours du centre de repli d’IBM Global Services à Collégien (77) : “Il faut alors entrer les codes source de nos programmes, reconstruire les bibliothèques et bases de données sur cet AS/400. Une matinée est nécessaire pour tout restaurer”, explique Bruno Barmès. Si les locaux de la MCA sont totalement inutilisables, un camion de secours intervient sous 24 heures. Ce semi-remorque contient non seulement le précieux AS/400, mais aussi des PC. Une fois déployé (la surface du camion peut être multipliée par trois), les utilisateurs peuvent s’y installer.
Quant à Norwich Union France, le scénario catastrophe est parfaitement planifié. Arbres de décision à l’appui, la cellule de crise mise en action choisit entre le déclenchement d’un plan de repli ou un simple recours à l’assistance technique des constructeurs “parfois tout aussi rapide, et nettement moins coûteux ! “, plaisante Rémi Vecina. Le cas échéant, 75 postes utilisateurs sont prêts à l’emploi sur le site parisien du prestataire Sogeris, dont 30 postes sont reliés à un ACD (Automatic Call Distributor) pour prendre le relais du centre d’appels. Celui-ci doit impérativement être opérationnel sous deux heures. “La ligne spécialisée qui nous relie au grand système et à l’AS/400 du siège anglais de Norwich Union est également redirigée vers le site de repli. Idem pour le réseau entre le siège français et nos agences régionales”, reprend Rémi Vecina. Ces contraintes impliquent une collaboration étroite entre l’entreprise, son prestataire et France Télécom, qui doit être prévenu pour basculer les lignes.

Un abonnement annuel, exercices compris

L’organisation du repli doit être rôdée, pour éviter toute mauvaise surprise le jour J. À l’approche de l’an 2000, la MCA a pratiqué deux simulations d’alerte à cinq mois d’intervalle. Le dernier test a permis d’ajuster les besoins matériels au centre d’IBM. “Il faut effectuer des exercices régulièrement, surtout après un changement de configuration de son architecture”, prévient Alain Méline, de la Kolb. Chaque évolution technologique de l’entreprise doit, bien sûr, être communiquée au prestataire. Les coûts annuels des plans de secours comprennent d’ailleurs un ou plusieurs tests : un exercice par an pour la MCA, sur un abonnement annuel de 100 000 F ht (15 245??), un test grandeur réelle et quatre tests techniques par an chez Norwich Union France, compris dans un abonnement à 500 000 F ht (76 225??). “S’ajoute à cela un coût d’utilisation du centre, qui devient prohibitif au bout de quelques jours : le matériel de secours étant beaucoup plus performant que le nôtre, nous pourrions être tentés de tra”ner des pieds pour partir ! “, souligne Alain Méline.
La mutualisation des centres de repli peut effectivement poser des problèmes en cas d’affluence. Bien que peu probable, cette situation a été envisagée par Norwich Union France : son contrat prévoit des rétrocessions de postes avec les entreprises présentes dans le centre au prorata des besoins de chacune, et pas en fonction de leur ordre d’arrivée. “Le contrat ne sert pas qu’à verrouiller les délais”, affirme Rémi Vecina. Et aux dires de Bruno Barmès, chaque entreprise dispose d’une salle dédiée particulièrement sécurisée chez IBM Global Services.

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JULIE DE MESLON