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Un ordinateur portable à 100 dollars pour les pays émergents

Porté par le Media Lab, ce rêve est en train de devenir réalité. Après la Chine, le Brésil s’intéresse au dossier.

Nicholas Negroponte a fait un rêve : celui de faire entrer les nouvelles technologies dans le quotidien de centaines de millions d’êtres humains tenus à l’écart de la révolution Internet. Pour y parvenir, le directeur du
Media Lab au MIT
(Massachusetts Institute of Technology), l’un des ‘ gourous ‘ les plus influents de l’industrie informatique, a imaginé le
100 dollars Laptop Project (HDLP),
une initiative qui, à première vue, semble défier toutes les lois de production.Mais cette idée ?” dont les grandes lignes ont été présentées en janvier 2005 à l’occasion du Forum économique mondial de Davos (Suisse) ?” fait son chemin. Après la Chine, le Brésil vient de mettre en place un
groupe de travail sur le sujet (dont les premières conclusions devraient être connues à la fin août). Et le président Luiz Inacio Lula da Silva prédit déjà que son pays pourra produire 2 millions d’ordinateurs portables à bas prix. Une moitié
serait distribuée gratuitement dans les écoles et l’autre serait vouée à l’exportation, indique l’agence Associated Press.Techniquement parlant, et sur le papier, le HDLP possède une configuration tout à fait respectable. Doté d’une carte Wi-Fi, cet ordinateur portable d’un nouveau genre serait équipé de plusieurs ports USB, d’un processeur cadencé à
500 MHz, de 1 Go de mémoire vive et d’un écran.Dans cette optique, les promoteurs du HDLP explorent plusieurs technologies d’affichage sur écran (utilisation d’encre électronique ou de projection d’images) qui permettraient de réduire les coûts de fabrication de cette partie de
l’ordinateur (l’une des plus élevées en temps normal) à tout juste 20 dollars. Enfin, pour éviter les problèmes d’investissements trop importants dans les licences de logiciels, le HDLP reposerait sur le système d’exploitation Linux.

Le ministère de l’Education chinois très intéressé

Plusieurs grands noms de l’industrie informatique ou d’Internet (tels qu’AMD, Google, Red Hat ou News Corp.) ont déjà montré un intérêt prononcé pour le projet du laboratoire de recherche américain. Très concrètement, Nicholas
Negroponte espère pouvoir démarrer la production de cet ordinateur fin 2006 ou début 2007. Selon la BBC, il serait aujourd’hui en négociations avancées avec le ministère de l’Education chinois (220 millions d’étudiants) qui
pourrait, in fine, passer une commande de matériel très importante. En pratique, le HDLP n’a en effet pas vocation à être vendu directement au public, mais plutôt à être acheté puis distribué par les autorités d’un pays.Ce n’est pas la première fois que l’idée d’un ordinateur à très bas prix est évoquée. Il y a plusieurs années en Inde, l’arrivée du Simputer, aujourd’hui distribué par
Picopeta, était elle aussi porteuse de promesses. Ce mariage entre un assistant personnel et un Tablet-PC était destiné en priorité aux populations rurales défavorisées. Mais quatre ans après son
lancement, les résultats ne sont pas à la hauteur des espérances. Selon le Washington Post, Picopeta n’aurait vendu sur l’année 2004 que 2 000 machines, très loin des 50 000 unités escomptées. De plus, à
peine 10 % du matériel acheté était destiné à une utilisation en milieu rural.Malgré tout, certains en Inde (pays qui figure désormais parmi les nouveaux géants de l’informatique) n’ont pas renoncé à lancer une telle machine à destination des populations locales. A l’instar de
Novatium qui, dans les tout prochains mois, s’apprête à mettre sur le marché un ordinateur pour un prix allant de 70 à 75 dollars. Il ne s’agira toutefois que d’un client léger, soit
une machine sans autonomie ni puissance de calcul, ne pouvant fonctionner que reliée à un serveur distant.L’ordinateur serait fourni sans moniteur. Mais le fabricant compte proposer au public des écrans d’occasion pour ne pas trop augmenter le coût total. ‘ Si vous voulez rester dans les 100 à 120 dollars, vous
devez absolument utiliser des écrans usagés ‘,
confirme Rajesh Jain, l’un des dirigeants de Novatium, cité par le site News.com. Quoi qu’il en soit, à quelques mois du second volet du sommet des Nations
Unies sur la société de l’information (SMSI) qui doit se tenir cet automne à Tunis, le rêve d’un ordinateur à 100 dollars produit en masse pour les pays émergents n’a jamais semblé aussi proche de la réalité.

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Philippe Crouzillacq