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Un opticien en ligne attaque Google pour abus de concurrence

ConfortVisuel dépose une plainte contre le géant américain pour abus de position dominante. Cette PME française de vente en ligne de lunettes accuse Google de l’avoir déréférencée après avoir arrêté d’acheter des mots-clés.

Après la plainte des “400” de l’OIP (Open Internet Project), une nouvelle affaire va remettre de l’huile sur le feu dans le dossier Google sur la concurrence. ConfortVisuel, un site de vente en ligne de lunettes créé en 2005, s’estime victime d’un abus de position dominante. Il a décidé de saisir l’Autorité de la concurrence et le tribunal de commerce.

Cette PME de 10 personnes ne vend ses produits qu’à travers son site web. Pendant plusieurs années il figurait sur la première page des résultats de Google. Pour parvenir à cette place, Yves Jacquot, son dirigeant, payait pour apparaître avec des mots-clés.

En 2012, il  a voulu tenter une expérience qui rapidement s’est retournée contre lui. « Après avoir payé 370 000 euros pour être en bonne place sur les résultats du moteur de recherche, j’ai voulu tester le référencement naturel. J’ai donc mis fin à l’achat de mots-clés. » Mal lui en a pris.

Quelques jours après cette décision, il reçoit un mail (en anglais) de Google – dont nous nous sommes procurés une copie – qui lui signale un abus de liens non conformes qui enfreignent les règlements de Google. En effet, pour être visible, Yves Jacquot a utilisé le système des liens internet et en a inséré plusieurs centaines. « Nous avons tout retiré rapidement, nous explique le dirigeant. C’était effrayant puisque commercialement, c’était un suicide numérique. » En quelques jours, son site est passé de la première à la vingt-cinquième page. Aujourd’hui, une requête recherche avec les mots-clés « Lunettes de vue » fait apparaître ConfortVisuel à la 57e page !

Pour résoudre le problème, Yves Jacquot a contacté des responsables de la société californienne. Peine perdue. Les quelques personnes qu’il a rencontrées ne pouvaient rien pour lui. « Nous voulions savoir la nature de notre faute pour la réparer. Le courriel de Google est très vague et aucun humain ne nous renseigne. » Depuis 2012, la situation perdure.

Pour l’entreprise, la conséquence a été rapide. Yves Jacquot indique que son activité a chuté de 40% en deux ans et qu’il n’a pu poursuivre le développement de showrooms qui permettaient aux clients d’essayer les produits avant de les acheter. « Avec l’essor de la vente d’optique sur la toile, nous avions prévu d’ouvrir de nouveaux showroom et de recruter une quinzaine de personnes. Avant cette affaire, notre croissance était supérieure à 30% par an. Elle a été stoppée net. »

Après des demandes d’explications et de conciliation, le dossier est resté au point mort. Désormais, l’affaire est entre les mains de l’Autorité de la concurrence. Une plainte a également été déposée au tribunal de commerce avec une demande de dommages et intérêts de 3 millions d’euros.

L’autorité de la Concurrence pourrait être plus sévère. Selon l’avocat de ConfortVisuel, la peine encourue par le moteur de recherche pourrait atteindre 5% de son chiffre d’affaires. Membre de la Fevad (Fédération du e-commerce et de la vente à distance), Confort Visuel envisage désormais de rejoindre les « 400 » de l’OIP dans leur procédure collective.

 

Lire aussi :
Concurrence : Arnaud Montebourg exige une loi européenne contre Google (20/05/2014)
E-commerce : la Fevad dénonce le contrôle des géants du Net (20/05/2014)

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Pascal Samama