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Un microphénomène nommé Internet

A en croire maints constructeurs et éditeurs du monde informatique et des réseaux, la révolution Internet va transformer la vie sur la planète. Mais, pour l’instant, la Toile reste un microphénomène.

40 % des personnes interrogées dans une trentaine de pays ne ressentent pas la nécessité d’être connectées et 25 % estiment même que cela ne présente aucun intérêt. C’est ce que montre une étude du cabinet Ipsos-Reid menée à travers le monde. Voilà de quoi donner à penser aux apôtres du cyberunivers.Bien sûr, il y a aussi ceux qui voudrait bien surfer sur le Web et qui ne peuvent pas : ils sont estimés à 30 %, ne disposant pas des équipements nécessaires pour se connecter. Enfin, il y a également ceux qui pourraient matériellement accéder à Internet et qui ne savent tout simplement pas comment s’y prendre, représentant 16 % de l’échantillon. Quant à ceux qui peuvent et qui savent, ils sont environ 400 millions d’individus à travers le monde, soit environ 6 % de la population totale.Aux deux extrêmes, on trouve les Suédois, qui sont 65 % à fréquenter assidûment la Toile, et les habitants des grandes villes de l’Inde qui ne sont que 9 % à se connecter.Finalement, le phénomène Internet, censé balayer la planète, se limite à un îlot de prospérité, où les connectés se connectent toujours plus, tandis que les autres y restent indifférents. Le phénomène n’est pas nouveau.Dans les années quatre-vingt, France Télécom avait décidé d’accélérer l’usage du téléphone à Paris en multipliant les cabines, spécialement dans les arrondissements où les familles étaient les moins équipées. Contre tout attente, le trafic par téléphone public fut nettement moins important dans les quartiers défavorisés que dans les autres : plus on téléphone, plus on a besoin de téléphoner et inversement. Le portable le confirme tous les jours : on téléphone dans la rue, en faisant ses courses, dans le train, au restaurant et même au spectacle. Comment faisait-on avant ?C’est pourquoi, avant de rallier ceux qui boudent aujourd’hui Internet, soit parce qu’ils y sont radicalement indifférents, soit parce qu’ils ne peuvent pas faire autrement, constructeurs et éditeurs ont tout intérêt à appâter toujours davantage les 6 % de convertis et à inventer de nouveaux services plus ou moins utiles pour faire bouillir la marmite : les internautes ne demandent que ça. Ne dit-on pas que, pour le GSM, le téléchargement de nouvelles sonneries ou de nouveaux logos fait fureur. Cest pas indispensable, ça ?Prochaine chronique vendredi 13 juillet

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Jean-Pierre Soulès