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L’interdiction des photos d’assiettes était bien un poisson d’avril [MAJ]

Nous ne nous étions pas trompés : la circulaire ministérielle et l’article de presse évoquant l’interdiction des prises de vue dans les restaurants étaient des faux !

Premier publication le 27 mars
Un fake sur Facebook sème le trouble chez les food reporters
Des milliards de photos d’assiettes sont publiées chaque année sur Internet. De quoi agacer certains chefs. De quoi aussi donner des idées à de petits malins pour faire monter… la sauce.

Le développement du Web et le retour à des valeurs comme celle de la bonne chère, poussent de plus en plus de gens à photographier leurs repas au restaurant et à les publier ensuite sur la Toile. Si certains se contentent d’un cliché « volé » avec un smartphone, d’autres sortent les grands moyens ! Trépied, appareil reflex, flash… Une pratique qui finit par en importuner plus d’un. Selon le magazine professionnel L’Hôtellerie Restauration, plus de dix milliards de clichés de plats cuisinés ont été postés sur la Toile en 2011.

Vous avez peut-être vu cette contrefaçon d’un article du Figaro sur Internet évoquant ce nouveau comportement. Selon ce « papier », sous la pression du Comité interprofessionnel des métiers de l’artisanat de bouche – dont nous n’avons pas réussi à retrouver la trace –, le ministère de l’Agriculture aurait diffusé une circulaire interdisant les prises de vue dans les restaurants. Circulaire dont le numéro fait référence, après recherche sur le site du ministère à un tout autre sujet (voir ci-dessous). La pratique « dénoncée » porterait atteinte au droit à l’image des plats des restaurateurs. Ce sont leurs créations après tout. Et qui va acheter leurs livres si les photos de leurs plats sont disponibles sur tous les blogs ?

Pour la blogueuse culinaire et auteur Mathilde Dewilde, « si une loi passait à propos des photos au restaurant, cela changerai ma façon de travailler, mais pas fondamentalement. Dernièrement, lors d’un repas au restaurant, je n’ai photographié que des assiettes vides. Cela a déclenché de nombreux commentaires positifs. C’est vrai qu’actuellement, on frise l’overdose. »

En Suisse, l’an dernier, le chef David Tarnowski se plaignait lui de la possibilité d’être copié, rapportait le journal L’Hebdo. Même si la majorité des « food reporters » ne sont ni cuisiniers ni espions, pour cette étoile montante de la gastronomie romande, « quand on donne le meilleur de soi, voir les clients cliquer inopinément finit par agacer, d’autant plus que l’on ne sait pas quel usage sera fait du résultat ». Si la photo est devenue une forme de deuxième mémoire, un chef « s’il le prévoit contractuellement, par un règlement ou un affichage a le droit de refuser la prise de photos », précisait alors Me Philippe Gilliéron, avocat et professeur de propriété intellectuelle à l’université de Lausanne.

L’interdiction de photographier est devenu un critère de luxe

Sans parler de la gêne pour les autres convives présents dans la salle de restaurant. Dans un article paru dans le New York Times en janvier dernier, le chef David Bouley décrivait le cirque qu’était parfois devenue sa salle tant les clients avides de photos peuvent dépasser les limites. « Il y en a qui montent sur leur chaise pour prendre la photo de leur assiette », avant d’ajouter que pour « résoudre le problème » il avait fini par inviter ces mordus de photos dans sa cuisine, pour qu’ils prennent leurs clichés sans déranger le reste de la clientèle.

D’autres chefs sont bien moins accommodants. Alain Passard a ainsi demandé à ses clients de ne pas photographier les plats. De même que le chef du Bernardin à New York, (trois étoiles au guide Michelin) ou celui du Momofuku Seiobo à Sydney. Alexandre Gauthier, chef de La Grenouillère (Pas-de-Calais), est même allé jusqu’à apposer un appareil photo barré sur sa carte. L’interdiction de photographier est désormais un critère de luxe. Un comportement que comprend Mathilde Dewilde. « L’appareil photo est devenu trop intrusif, explique-t-elle. Il peut interférer avec le plaisir de la dégustation et avec le partage qui se crée avec les autres convives. »

Cela dit, certains admettent que leur succès est en partie dû aux réseaux sociaux. Chez Septime, restaurant parisien, on affirme que le restaurant n’aurait pas pu afficher complet dès les premiers jours après son ouverture sans Twitter…

Alors est-ce la proximité du 1er avril qui a donné naissance à ce pseudo-article ? Si ce n’est pas le cas, que les organismes qui y sont cités nous excusent. En tout état de cause… profitez de vos repas, avec ou sans appareil photo !

Sources : L’Hebdo ; New York Times.

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Cécile Bolesse