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Un extranet commun pour les céréaliers de la Beauce

Isolés, les agriculteurs ont tout à gagner en communiquant via le web. Toutefois, les coopératives agricoles rencontrent des difficultés à leur proposer des extranets performants. Agralys est parvenu à fédérer une vingtaine d’entre elles afin de lancer son projet.

Mettre en place un extranet performant n’est pas à la portée de la majorité des coopératives agricoles françaises. La société Agralys propose donc aux adhérents d’une vingtaine d’entre elles de se connecter à son extranet.Inconnu du grand public, Agralys constitue pourtant un poids lourd du monde agricole français. Regroupant des coopératives de la Beauce, du Perche, du Val de Loire et de Sologne, l’entreprise a collecté près de 2 millions de tonnes de céréales en 2001. Le groupe se positionne également dans les filières animales (porc, nourriture pour animaux), la distribution (magasins Gamm Vert) et l’agroalimentaire (le blé Ebly).À l’étude depuis mi-2000, le projet d’extranet a fait l’objet d’un appel d’offres en mars 2001, auprès d’une dizaine de SSII. Un marché finalement remporté par Cap Gemini. “Si nous nous étions lancés seuls dans cette aventure, l’enveloppe aurait été de l’ordre de 610 000 €”, précise François Lagrange, directeur financier et administratif d’Agralys. Pour financer son projet, le groupe a réuni une vingtaine de coopératives et créé une société spécifique, baptisée Agralys Services, dont l’objectif est d’atteindre l’équilibre financier à terme. Pour l’instant, l’extranet tire son financement des parts prises par les coopératives participantes. “Avec cette mise en commun de nos ressources, le lancement ne nous a coûté que 90 000 €.”

Partager l’information

La première version de l’extranet offre des fonctions ambitieuses. Outre les classiques informations institutionnelles, les agriculteurs y trouvent en effet toutes les données nécessaires à leurs cultures : alertes météo, mesures à prendre en cas d’apparition de maladies du blé, flash d’information, petites annonces…Le site diffuse également les résultats des essais de blé et de colza menés par les coopératives, des données qui, jusqu’à présent, n’étaient publiées qu’annuellement dans le Guide phytosanitaire & semences, une référence dans le milieu. Chaque semaine, agralys.com émet en outre des propositions de prix d’achat pour telle ou telle quantité et qualité de céréale. L’agriculteur dispose alors de 48 heures pour accepter ou non le marché.

Une passerelle vers l’ERP

Par ailleurs, l’agriculteur a la possibilité de consulter son compte auprès de la coopérative : valeur de la production livrée, montants de ses approvisionnements (semences, engrais…), etc. Toutes ces données, qu’il reçoit mensuellement par courrier, sont désormais en ligne sur l’extranet.“Dans le secteur agricole aussi, on peut parler de la productivité administrative. Ici, on ne tend pas vers le zéro papier, mais, par définition, l’agriculteur a horreur du papier, déclare François Lagrange. Sur l’extranet, l’exploitant sait ce qu’il a livré en tonnage et a acheté, sur trois exercices comptables.”Cette nouvelle fonction implique la connexion de l’extranet Agralys à l’ERP de la coopérative à laquelle appartient l’agriculteur. Pour communiquer ses informations comptables à l’intranet, la coopérative peut soit recourir au FTP, soit exécuter directement des requêtes SQL sur sa propre base de données.Agralys, pour sa part, a développé une application Java, chargée d’effectuer quotidiennement ce transfert de données entre son ERP IDA, un progiciel spécifique au secteur des coopératives, et la plate-forme extranet.

Une architecture presque entièrement “libre

Excepté le serveur extranet sous Sun Solaris, toute l’architecture de l’application Agralys s’appuie sur des logiciels open source. “Un choix qui nous satisfait pleinement, affirme Stéphane Métairie, chef de projet au sein d’Agralys Services. Ces produits se révèlent en effet très fiables et leur documentation est disponible sur internet. Si un problème survient, il suffit de poser sa question sur un forum. On est alors assuré d’obtenir une réponse dans la demi-heure qui suit !”Le chef de projet, qui a mis au point le cahier des charges avec Cap Gemini, avait fait des logiciels libres un prérequis. Finalisé en mars 2001, ce document a marqué le début des développements.En test auprès de 200 agriculteurs pilotes jusqu’à cet été, le site est aujourd’hui ouvert à tous les adhérents qui en formulent la demande. Pour l’instant, l’accès reste gratuit et la conjoncture peu favorable du marché des céréales n’encourage pas Agralys à se montrer ambitieux en la matière.

De multiples applications à venir

“Pour l’instant, nos utilisateurs ne pratiquent pas de remontée d’information ; notre site s’apparente à une sorte de “super” téléviseur”, constate Stéphane Métairie. Mais les choses devraient évoluer.Ainsi, dès la fin de l’année, un module “traçabilité” offrira aux agriculteurs la possibilité de saisir tous les événements qui surviennent lors du cycle de production : semis, épandage d’engrais, traitements… Une étape indispensable à franchir pour les agriculteurs français.D’autres projets sont aujourd’hui à l’étude : “L’étape suivante consistera à générer les catalogues des produits commercialisés par la coopérative, annonce Stéphane Métairie. Un serveur central mutualisera les fiches des produits des fournisseurs et les agriculteurs seront en mesure de passer leurs commandes en ligne. La rédaction du cahier des charges n’est toutefois pas prévue avant 2003.”D’ici là, les responsables d’Agralys auront eu le temps d’évaluer le risque d’une telle application, car les agriculteurs pourraient alors mettre son extranet en concurrence avec les quelques places du marché du secteur…

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Alain Clapaud