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Un doigt dans l’oeil de Big Brother

Ça commence par l’Angleterre, toujours en avance d’une loi. Demain, ce sera chez nous. Il faut s’organiser. Et cette fois, pas question de déterrer les pavés.

Camarades ! Le gouvernement britannique veut promulguer une loi qui permettra aux entreprises de contrôler le contenu de votre courrier électronique et d’espionner vos appels téléphoniques. Camarades ! Organisons la résistance avant que la contagion ne gagne nos contrées.Communiquez en code. Choisissez pour chacun des personnages de l’entreprise un nom de logiciel. Excel conviendra au directeur marketing, il a plus d’une case vide. Word désignera le directeur financier, il ne fait jamais ce qu’on attend de lui. Et Communicator sera le pseudo idéal du directeur des ressources humaines, il raconte tout au patron. Tous les défauts archiconnus de ces logiciels vous offrent une infinie capacité de médisance. En toute impunité.Soyez prudents. Pour plus de sûreté, inscrivez vos codes secrets sur des plaquettes de chocolat, plus digestes que le papier en cas de contrôle inopiné par les plug-in Sécurité de Communicator. Transportez vos codes dans un morceau de pain et échangez-les avec les membres du réseau devant la machine à café.Retournez les armes de l’ennemi. Ouvrez un compte sur une messagerie Web sous un nom de chasseur de tête bidon et envoyez-vous un mot doux : “Vos capacités nous ont ébloui. Notre client est prêt à doubler votre salaire pour vous compter parmi les siens.” Répliquez que votre patron est un ange et que vous êtes heureux. Laissez entendre cependant que votre salaire pourrait être plus digne de vous.
Si l’augmentation ne vient pas à court terme, peut-être n’êtes-vous pas espionné. Cest une consolation.Prochaine chronique le samedi 4 novembre

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Pierre Grumberg