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Un an après, où en est-on de l’usage du tiers de confiance ?

Aujourd’hui, l’utilisation de la signature électronique reste cantonnée à la télédéclaration imposée de la TVA.

Il y a tout juste un an, le législateur accordait à l’écrit sous forme électronique la même qualité de preuve que le papier. Une disposition qui permettait aux entreprises et aux particuliers de développer leurs échanges en ligne. Peu après, des décrets publiés en mars 2001 formalisaient la signature électronique, qui suppose que l’on soit sûr de l’identité de l’émetteur, du destinataire du texte et de l’intégrité du message échangé. Histoire de sécuriser au maximum ces correspondances. Malgré ce nouveau cadre juridique, les entreprises semblent assez rétives à utiliser ce dispositif qui consiste à lier un document numérique à son auteur en utilisant une clé de codage. Cette clé étant préalablement authentifiée par une autorité de certification, appelée aussi tiers de confiance. “Mais le marché de certification et du stockage des messages est étroit, reconnaît Gérard Weisz, le secrétaire général de la Fédération nationale des tiers de confiance (FNTC). Sans l’obligation légale qui est faite aux entreprises dont le chiffre d’affaires dépasse les 15,24 millions d’euros [100 millions de francs, ndlr] de télédéclarer leurs impôts sur les sociétés et leur TVA, elles seraient encore nombreuses à s’abstenir.” Une télédéclaration nécessitant de fait une authentification de l’échange entre l’expéditeur et le destinataire. Idem pour certaines déclarations sociales qui doivent dorénavant s’effectuer en ligne. “Il est clair que la télédéclaration est la “killer app” de la signature électronique”, affirme Didier Arpin directeur de Certinomis, autorité de certification et opérateur de service.

17400 sociétés concernées

Sur les 17 400 entreprises concernées par la télédéclaration, la plupart se seraient équipées de la technologie ad hoc. Une entreprise pouvant assurer la déclaration pour tout son groupe. Didier Arpin table sur 12 000 clients potentiels et affirme que Certinomis détient 40 % de parts sur ce marché. “Nous délivrons une moyenne de 1,4 certificat par entreprise”, précise Didier Arpin. Une donnée qui prouve que, de la télédéclaration à l’usage répandu des certificats dans les échanges électroniques, le pas reste à franchir.Ces certificats ne sont pourtant pas limités à la seule télédéclaration. Leur usage pour des contrats en ligne, des échanges d’informations ou des relations avec des organismes bancaires est envisageable. “On a observé chez les grands groupes un début de réflexion sur la manière d’intégrer les certificats au-delà de la télé TVA”, note encore Didier Arpin.

Beaucoup de réticences

Mais les réticences sont encore vivaces. En premier lieu parce que les entreprises ne savaient pas forcément à qui s’adresser pour trouver ces technologies. Car ces transactions à distance supposent tout de même un contact physique préalable, afin que l’entreprise accorde sa confiance au prestataire qui va lui garantir la sécurité de ses correspondances. “Depuis le mois de décembre dernier, quelque 2 000 cabinets d’expertise comptable peuvent servir d’autorité d’enregistrement pour leurs clients. C’est le cas aussi avec les greffiers des tribunaux de commerce, dont le réseau Cert Europe est opérationnel depuis la fin 2000, ou avec les chambres de commerce, qui ont mis en place leur propre système de certification, Chamber Sign”, constate Gérard Weisz, dont la fédération réunit les principaux professionnels de la sécurisation des échanges électroniques et de la conservation des informations. L’importance du contact physique positionne à merveille des acteurs disposant de plusieurs points de rencontre. Certinomis, filiale de Sagem et de La Poste, s’appuie sur un réseau de 12 000 agences postales. Click and Trust, filiale de la Bred Banque Populaire et du groupe Banques Populaires, peut compter sur les 2 400 agences du groupe. Chrystel-Anne Pomel, directrice du développement de Click and Trust, annonce ainsi un tiers du marché de la télédéclaration “grâce aux 33 % du marché d’entreprises que détient le groupe Banques Populaires “.Le second frein est dans le coût de la signature électronique. Le tarif d’un certificat se situe autour de 50 euros. Mais seul, le certificat ne sert pas. L’entreprise doit déployer les logiciels et matériels nécessaires à une infrastructure à clé publique. L’addition devient vite salée : entre 10 000 euros jusqu’à 150 000 pour de gros projets. Ce qui conduit Didier Arpin à estimer que le marché n’en est quà son évangélisation, “avec un équilibre qui ne sera atteint que dans 3 à 5 ans “.

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Nicolas Arpagian et Christophe Dupont