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UMA, le standard qui fait parler d’une même voix Wi-Fi et cellulaire

La technologie offre la promesse d’une bascule transparente entre les réseaux GSM/GPRS et les réseaux sans fil privés ou publics.

‘ L’utilisateur souhaite disposer d’un seul combiné qui lui permette d’appeler de chez lui, de l’extérieur, au meilleur coût et de façon transparente. L’UMA [Unlicensed Mobile Access, NDLR] est né de ce besoin ‘, résume Yves Nicolas, vice-président chargé des activités DSL chez Inventel, une société récemment rachetée par Thomson.

Cette technologie, qui promet le roaming entre les réseaux sans fil (Bluetooth, Wi-Fi) et les réseaux cellulaires GSM/GPRS, est nécessaire si l’on veut améliorer les conditions d’utilisation des mobiles et gommer les frontières entre le monde IP et les infrastructures cellulaires.

UMA doit son essor à un consortium composé d’une quinzaine de partenaires, parmi lesquels figurent Alcatel, BT, Cingular, Ericsson, Motorola, Nokia, Nortel Networks, Siemens et T-Mobile. La version UMA R1.0, finalisée en septembre dernier, pose les premières briques en assurant le passage entre le réseau GSM/GPRS et le réseau Wi-Fi/Bluetooth, et inversement.

Le principe de base est simple puisqu’il s’agit d’utiliser les points d’accès Wi-Fi ou Bluetooth, pour véhiculer les trames GSM/GPRS (voix, données et signalisation) jusqu’à un équipement baptisé UNC (UMA Network Controller). L’UNC joue le rôle de passerelle entre le réseau mobile de l’opérateur et Internet.

Le terminal assure l’encapsulation des messages GSM/GPRS dans des trames IP vers l’UNC. Celui-ci récupère les paquets IP et se charge de les convertir avant de les envoyer sur le réseau de l’opérateur.

Ce mécanisme fonctionne également dans le sens inverse. Pour sécuriser les échanges, un réseau privé virtuel s’établit entre le terminal et l’UNC à l’aide d’un algorithme de chiffrement baptisé IKE v2 (Internet Key Exchange).

Lorsqu’une zone est couverte par une borne sans fil et par le réseau GSM/GPRS, le téléphone mobile passe automatiquement en couverture Wi-Fi ou Bluetooth, avec deux objectifs : faire baisser le coût de la communication et augmenter le débit. ‘ La partie facturée par l’opérateur sur ce type de communication correspondra seulement au transport du flux de l’UNC vers l’appelé ‘, précise Benoît Gendron, directeur marketing d’Ericsson France.

Des concrétisations prometteuses

‘ Le développement des premiers équipements UNC est aujourd’hui achevé, et nous sommes dans la phase de tests. Les produits commerciaux seront proposés cet été aux opérateurs avec un déploiement commercial espéré fin 2005, début 2006 ‘, estime Benoît Gendron. L’UMA s’est concrétisé lors du dernier 3GSM World Congress, tant au niveau de la standardisation (lire encadré) que des premiers matériels.

Membre actif du consortium, l’américain Kineto Wireless a présenté ses contrôleurs UMA pour réseaux GSM, GPRS, Edge et CDMA, et propose également un logiciel client UMA pour mobiles, qui fonctionne avec Windows Mobile, ainsi qu’un kit de développement. La société chinoise Chi Mei a présenté l’UCP-100, son premier smartphone Wi-Fi 802.11g intégrant la technologie UMA.

Motorola, impliqué dans le projet Bluephone de BT, a procédé à des démonstrations de son téléphone Bluetooth V560 : ‘ Nos équipements sont actuellement testés chez six opérateurs dans le monde. On prévoit une mise sur le marché début 2006 ‘, précise Jacques Rames, directeur de la division Seamless Mobility chez Motorola. ‘ Beaucoup de fabricants sont partis sur des modèles Bluetooth et non Wi-Fi, car l’autonomie de ces derniers est nettement moindre. Ils vont devoir ajuster le tir ‘, prédit toutefois Benoît Gendron.

Silence radio du côté des opérateurs

À terme, l’essor d’UMA est, bien sûr, lié à l’accueil que lui réservera le marché (lire encadré). Mais d’autres initiatives se profilent à l’horizon pour assurer la convergence Wi-Fi/cellulaire/fixe, parmi lesquelles les opérateurs devront trancher. D’autres approches sont d’ores et déjà à l’étude : le CTP (Cordless Telephony Profil), qui transforme le mobile en téléphone IP à l’aide d’une connexion Bluetooth ; le projet IMS (IP Multimedia Subsystem), qui est lié au protocole SIP (Session Initiation Protocol).

Ce couple IMS/SIP, qui fonctionnerait indifféremment sur les réseaux d’accès fixe et mobile, pourrait constituer la base des futurs services multimédias mobiles… ‘ IMS semble bien adapté au marché des petites entreprises, même s’il ne permet pas le hand-over Wi-Fi/cellulaire ‘, estime Éric Bezille, senior manager marketing chez Nortel Networks.

Les opérateurs semblent peu enclins à dévoiler leur stratégie. L’heure semble davantage à la réflexion, chacun surveillant la réaction du voisin. ‘ Il pourrait y avoir une réaction en chaîne dès que l’un d’entre eux prendra position ‘, résume Yves Nicolas d’Inventel.

Une chose est sûre, la convergence des réseaux mobiles et Wi-Fi s’effectuera inéluctablement, ne serait-ce que pour répondre à un besoin clairement exprimé des clients. En témoigne le lancement par Vodafone, en Allemagne, d’une offre téléphonie et Internet à domicile exploitant la 3G, supprimant le besoin d’une ligne fixe…

Le terminal UMA profite d’Internet pour accéder au réseau de l’opérateur mobile

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Bertrand Braux et Rémi Langlet