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Trouver l’âme soeur sur Internet

Reflet d’une société en pleine mutation, les sites de rencontres se sont ménagé en quelques années une place de choix dans le coeur des candidats au bonheur. Une solution aux problèmes de l’amour ?

Il y aurait près de 15 millions de célibataires en France selon l’Insee, soit 30 % de plus qu’il y a dix ans. Les femmes sont les plus touchées par le phénomène (53 %), ainsi que les trentenaires. Les principales causes
invoquées sont, dans l’ordre, l’indifférence, le manque de temps, l’arrivée de nouveaux moyens de communication qui isolent les individus et un défaut de lieux appropriés au relationnel. Face à cet état de fait, les comportements ont évolué et des
tabous sont tombés. De simple outil de communication, Internet est devenu un intermédiaire efficace, un accélérateur de rencontres qui a pris une place prépondérante dans la quête d’un partenaire, avant les soirées entre amis ou le lieu de
travail.L’augmentation de l’âge moyen du mariage (28-30 ans), une vie professionnelle très chargée qui ne laisse pas beaucoup de temps aux sorties, la croissance du nombre de divorces et la peur de la solitude contribuent au succès des sites
de rencontres. Ils sont apparus en France il y a un peu plus de dix ans et prolifèrent sur un marché en pleine explosion, avec en tête l’incontournable Meetic, aux côtés de son challenger américain Match, Parship, Easyflirt, Netclub, be2.fr ou Une
rencontre, pour n’en citer que quelques-uns. Plus de cinq millions de personnes se seraient déjà connectées pour trouver l’âme s?”ur et la demande est en progression constante. L’attractivité de ces sites est une réponse à un réel besoin d’aller
vers les autres, en brisant la solitude et en créant un lien social face à une société de plus en plus individualiste. La finalité de la démarche reste dans la majorité des cas l’espoir d’une rencontre sérieuse et durable. Les règles du jeu de
l’amour ont changé et le hasard y a laissé quelques plumes.Faites le test. Lors d’un dîner ou d’une soirée, lancez la conversation sur le sujet. Il y aura au moins deux ou trois personnes qui auront déjà fait l’expérience d’un site de rencontres, ou alors connaissent des couples qui se sont
connus par ce biais. ‘ J’ai franchi le pas pour sortir de mon cercle d’amis habituels et de ma solitude affective, deux ans après un divorce douloureux, confie Marina, 38 ans, un enfant. J’ai été un
peu perdue sur le site au début, mais maintenant j’arrive mieux à cerner les profils. J’ai fait quelques rencontres qui n’ont pas été concluantes. Mais je persévère ‘.
Le témoignage de Sébastien, la quarantaine, est édifiant.
D’un caractère timide et solitaire, il se réfugiait derrière son ordinateur pour chater avec les femmes, sans aller plus avant. L’une d’entre elles a retenu son attention. ‘ Après quelques échanges, elle
m’a proposé de prendre un verre, ce que je n’aurais jamais osé demander. Notre complicité a fait le reste. Nous sommes mariés et heureux depuis dix ans ‘.

De l’étudiant au retraité

Accessibles à tous, porteurs d’espoirs, de fantasmes ou générateurs d’expériences, ces sites suscitent un intérêt grandissant parmi toutes les tranches d’âge, catégories sociales et professionnelles, de l’étudiant esseulé au retraité
en mal d’affection. Frédéric Ploton, auteur du Guide des rencontres sur Internet (éditions Fourmi.com) a étudié ce phénomène. ‘ L’avantage de ces sites, c’est la multiplication des possibles. En quelques
clics, on passe de quelques rares rencontres par mois à des centaines de rencontres potentielles. En moyenne, ceux et celles qui les fréquentent y passent trois mois avant de trouver la personne avec qui ils vont nouer une relation
durable ‘.
Les sites ont dû aussi évoluer, s’adaptant à une demande de plus en plus exigeante et importante. Payants, gratuits, généralistes ou à thèmes, selon la religion, le groupe ethnique, l’orientation sexuelle, par
affinités, ils ont chacun leur spécificité. Ainsi, be2 est basé sur l’approche psychologique, un concept qui a le vent en poupe. ‘ C’est un processus impliquant pour celui ou celle qui choisit d’effectuer un test de
personnalité. Après avoir défini des critères de complémentarité, le site fait une sélection de profils correspondants et met les personnes en relation (matching). A charge pour elles de démarrer une correspondance, d’échanger leurs photos et
d’approfondir leur connaissance de l’autre. L’avantage est de mieux cerner les personnalités au départ, donc de perdre moins de temps dans les choix initiaux ‘,
développe Fabrice Leparc, directeur France de be2.
‘ Les échanges semblent plus authentiques, confirme Nicole, 50 ans, inscrite sur le site depuis deux mois, car la demande est réfléchie et précise ‘.

Du fantasme à la réalité

Comme toute expérience inédite, les sites de rencontres doivent être abordés avec circonspection et vigilance. Un zeste de bon sens, une pointe de curiosité, pas trop d’a priori et une bonne dose de précautions
sont les ingrédients d’une recherche fructueuse. Car du fantasme à la réalité, le parcours est semé de surprises. Sans diaboliser les dangers de ce type de contacts, il faut apprendre à lire entre les lignes et à faire confiance à son intuition. Des
profils douteux, des messages tendancieux, des rendez-vous un peu trop entreprenants sont à redouter, malgré la surveillance des modérateurs. Françoise, de Paris, la soixantaine, a subi ce genre de désagréments. ‘ Depuis six
mois que je suis inscrite, j’ai été contactée par des hommes trop jeunes pour être honnêtes, d’autres m’ont fait d’emblée des propositions sexuelles très précises, j’ai aussi eu droit à des profils bizarres et des rendez-vous
bidons ‘.
Mais, selon l’avis de Frédéric Ploton, ‘ les risques de rencontrer des personnes “dérangées” ou malveillantes ne sont pas plus importants qu’à la terrasse d’un café. Les dangers
sont ailleurs. Il est en particulier assez tentant de se servir de ces sites comme de véritables “supermarché” où les “articles” sont sans cesse renouvelés. L’autre danger, c’est de s’installer dans un échange en ligne
trop long, et de maintenir la relation dans une sorte de bulle de virtualité. On risque de se créer une image fantasmatique totalement décalée par rapport à ce que l’autre est réellement ‘.
Parce qu’au bout de la quête, l’objectif demeure la rencontre physique. Reste à ne pas se laisser piéger par la facilité de la démarche, se perdre dans la multitude des choix, ni s’arrêter aux préjugés ou aux seuls critères d’un
profil.

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Frédérique Crépin