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Trois patrons français de la Silicon valley jugent le discours de F.Hollande

Au lendemain de la visite de François Hollande à San Francisco, 01net a débriefé le discours tenu par le président de la République avec trois Français installés dans la région.

“Il a dit exactement ce que nous attendions de lui, c’est à se demander s’il ne nous a piqué notre discours”, plaisante Guillaume Decugis, le PDG et co-fondateur de la plate-forme de curation Scoop.it. A San Francisco, François Hollande a incontestablement réussi son opération séduction des entrepreneurs français. “Nous voulions un message fort et symbolique qui aide à changer les mentalités, nous souhaitions aussi qu’il souligne l’impact positif de l’innovation et qu’il adresse un message d’amour aux entrepreneurs”, énumère-t-il.

“Il aurait pu rester dans l’idéologie mais il a, au contraire, reconnu qu’il s’était trompé” renchérit Jérôme Louvel, PDG de Restlet, une petite société développant une plate-forme d’API (interface de programmation), rappelant l’histoire des pigeons. “Il était important de jouer sur les symboles, poursuit-il. On ne change pas une société du jour au lendemain mais cela commence par les discours”.

Julien Barbier, fondateur du réseaux d’ingénieurs français While 42 a, lui, apprécié la reconnaissance des “gens de la tech”. “En France, on a trop tendance à dévaloriser les métiers de la tech, regrette-t-il. Alors qu’ici être ingénieur, c’est la voie royale pour réussir.”

“On ne forme pas assez d’ingénieurs en France”

Dans son discours, François Hollande a notamment insisté sur la nécessité d’apprendre le “codage” (terme employé par le chef de l’Etat) dès le collège. “On ne forme pas assez d’ingénieurs en France. Pourtant, ce sont les emplois demain”, assure Jérôme Louvel, dont les équipes techniques sont encore basées dans l’Hexagone.

S’il salue l’initiative, Guillaume Decugis, qui a lui aussi conservé ses ingénieurs en France, reste sceptique: “je ne crois pas que l’éducation nationale puisse résoudre ce problème”, estime-t-il. “Mais si on diffuse une bonne image des ingénieurs, il n’y aura pas besoin de l’éducation nationale”, rétorque Julien Barbier. Les trois hommes s’accordent ainsi à dire qu’il faut davantage mettre en avant tous ces Français qui réussissent. “Il y a plein d’histoires à raconter pour créer des vocations”, juge Guillaume Decugis.

Des patrons optimistes

Les autres mesures annoncées par François Hollande (création d’un passeport talent, développement du financement participatif…) “vont dans le bon sens”, estiment-ils, même s’ils n’en attendent pas grand chose. Cela ne les empêche pas d’être optimistes. “Ce qui me rend optimiste, c’est l’évolution au cours des 20 dernières années, indique le patron de Scoop.it. Quand je suis sorti d’école, personne ne voulait monter sa boite. Aujourd’hui, il a plein de stagiaires dans les start-up qu’ils veulent tous le faire”.

Pour Julien Barbier, c’est un récent voyage à Paris qui lui fournit des raisons d’y croire. “Il s’y passe plein de choses alors que l’on a un peu tendance à avoir une vision négative de l’écosystème français depuis San Francisco”. “Il ne faut cependant pas s’attendre à concurrencer la Silicon Valley, nuance Jérôme Louvel. Mais nous avons d’autres cartes à jouer”.

Mais il faudra pour cela que le “virage” pris par le chef de l’Etat à l’égard de l’innovation et des entrepreneurs se concrétise. Nos trois interlocuteurs regrettent d’ailleurs la décision prise, le matin même, par le gouvernement aux dépens des VTC dans leur conflit contre les taxis.

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De notre correspondant à San Francisco, Jérôme Marin