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Trois algorithmes pour une répartition plus ou moins arbitraire

Destiné à relier tous les acteurs de l’industrie automobile européenne, le réseau extranet ENX (European Network Exchange) entre en phase de production sur le territoire français….

Destiné à relier tous les acteurs de l’industrie automobile européenne, le réseau extranet ENX (European Network Exchange) entre en phase de production sur le territoire français. Il constitue une réponse à l’initiative américaine ANX (Automotive Network Exchange) initiée 10 mois plus tôt, alors que constructeurs japonais (JNX), coréens (KNX) et australiens (AANX) implémentent des réseaux équivalents.
Dans un secteur où la mondialisation des échanges n’est pas un vain mot, tous les constructeurs, équipementiers et sous-traitants sont d’ores et déjà appelés à s’y raccorder. Grâce à cette nouvelle toile, ils pourront non seulement échanger des messages électroniques, mais également faire transiter des données d’applications de leurs services études, achats, finances et logistique. Par rapport à l’EDI, cet extranet leur permet de bénéficier d’outils de travail collaboratif, dont l’atout majeur repose sur les échanges en temps réel (partage de sessions d’applications bureautiques, partage de sessions de conception CAO interactive…). Le tout sécurisé, car il s’agit bien là d’un des principaux objectifs du réseau ENX.

Un réseau logique IP unique géré par 2 opérateurs

Le projet pilote français, baptisé Rapides et lancé en mars 1998 par le groupement, a donc bien répondu aux attentes. Deux opérateurs de télécommunications, France Télécom et Equant, ont été retenus pour le mener à bien. Neufs partenaires étaient raccordés au pilote. PSA, Siemens, Sommer Allibert, Dassault Systèmes et Valéo étaient connectés sur le réseau France Télécom. Le réseau Equant réunissait Renault, Cokerill Sambre, Michelin, Magneti Marelli et Sommer Allibert. Un point d’échange reliait les deux opérateurs. La priorité était mise sur les applications contribuant à supporter l’entreprise étendue plutôt que sur l’optimisation des flux EDI existants. Il s’agissait de valider l’utilisation d’un réseau IP unique et de trouver un équilibre entre les services et les coûts assurant la viabilité économique du réseau. Le pilote a tout d’abord démarré uniquement sur le territoire français. Les Allemands sont ensuite venus se greffer à l’opération, avec DeTeSystem comme opérateur puis Bosch, Behr et Siemens comme industriels de l’automobile. Plusieurs opérateurs pouvant être certifiés à terme pour gérer une partie du réseau, il fallait veiller à assurer l’interopérabilité entre leurs différents systèmes de sécurité. La solution d’Equant utilise l’authentification et le chiffrement IPSec par l’intermédiaire de boîtiers Time Step. Celle de France Télécom est sécurisée sur Cisco. Des pro- blèmes de fonctionnement liés à la non-compatibilité des deux systèmes sont intervenus au départ du projet. Ils ont été résolus depuis. Reste qu’ils pourront réapparaître au fur et à mesure des changements de version. Outre cet aspect particulier, la phase pilote a permis de tirer d’autres enseignements. ‘ Nous avons étudié la faisabilité de connexions à haut débit pour les applications métier comme celles liées à la CAO ou au process d’industrialisation. Partant de là, nous avons défini les différents niveaux de service que nous allions décliner dans notre offre afin de contenter aussi bien les gros industriels que les petites structures ‘, souligne Éric Havette, en charge de l’ENX au niveau européen chez Equant.
Pour Gérard Grofaugel, directeur du projet ENX, ‘ ENX se veut ouvert à tous les industriels, un service à bas prix est proposé pour les PME ‘. Ainsi, aux entreprises qui ont besoin de se connecter au réseau moins de 2 heures par jour, France Télécom et Equant offrent des connexions RNIS et modem, tout en garantissant le débit. À l’autre extrême, Equant fournit des accès à 155 Mbit/s et France Télécom a formalisé son offre à 34 Mbit/s.

Internet exclu par les nouvelles applications

Si les opérateurs annoncent quelques services de base fournis avec la connectivité ENX, ce sont bel et bien les constructeurs et leurs fournisseurs qui vont devoir innover pour exploiter cette infrastructure. En effet, France Télécom et Equant proposent hébergement de messagerie, site Web, ainsi que leurs passerelles de conversion de flux EDI. Les constructeurs ont d’autres ambitions pour leur réseau.
Ainsi, du côté de l’IAO (ingénierie assistée par ordinateur), des débits élevés garantis et une confidentialité assurée des données autorisent leur partage en tout début de conception des véhicules. Toutefois, si la sécurité est garantie au niveau réseau, reste encore des progrès à accomplir au niveau des applications elles-mêmes, comme le souligne Jean-Jacques Urban-Galindo, directeur du projet d’ingénierie numérique chez PSA : ‘ La coconception est amenée à se banaliser dans les années qui viennent, mais c’est à nous de protéger le savoir-faire de nos fournisseurs vis-à-vis de leurs concurrents ‘.
Du côté de l’EDI, des solutions se mettent en place pour atteindre un taux de 100 % de factures EDI. Ainsi, dès le mois de septembre, le Groupement pour l’amélioration des liaisons dans l’industrie automobile (Galia) doit mettre en production son projet EFI qui permettra aux PME d’accéder directement, via formulaires HTML, à leur boîte aux lettres EDI. Actuellement, quatre messages EDI dans le domaine de la comptabilité et de la logistique fonctionnent en HTML, bientôt complétés par quatre autres. Hébergée par le donneur d’ordre lui-même ou de manière indépendante, cette application sera accessible au travers d’ENX à faible coût.

Quelle intégration entre extranet et les places de marché ?

Alors que les industriels de chaque continent se dotent des capacités réseau pour raccourcir toujours plus les temps de conception de leurs véhicules, l’ouverture de places de marché dans le secteur se multiplie. Ce sera notamment bientôt le cas de CoVisInt, la place de marché issue des projets de General Motors (TradeExchange) et Ford (AutoeXchange) à laquelle de nombreux constructeurs se sont déjà ralliés, dont Daimler/Chrysler ou Renault/Nissan pour la France. Ce projet a pour objectif de fédérer l’ensemble des fournisseurs mondiaux du secteur en une gigantesque place de marché. Pour l’instant, CoVisInt, dont Jean-Paul Mériau, directeur du programme e-business de Renault et président de Galia, est membre du conseil d’administration, s’est contenté d’annoncer son support d’ANX.
L’Internet mondial privé et sécurisé à qualité de service garantie est sur le point d’être une réalité. Le secteur de l’automobile, l’un des plus concurrentiels et mondialisés, en détient les clés.

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La rédaction