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Tiscali fait peur aux salariés de LibertySurf

Un spectre hante LibertySurf : celui de Tiscali et de ses dirigeants, véritables professionnels de la chasse aux dépenses. Les filiales de LibertySurf risquent de devoir réduire drastiquement leurs ambitions et leurs effectifs.

L’acquisition de LibertySurf par Tiscali apporte son lot d’inquiétudes dans la galaxie du FAI franco-britannique composée d’une dizaine de filiales du monde de l’Internet (Respublica, Toobo, Nomade…). Le groupe italien de Renato Soru s’est en effet forgé une image de réducteur de coûts impitoyable à l’occasion du rachat du néerlandais World Online.Alors que cette opération n’est effective que depuis un mois, Tiscali se glorifie d’ores et déjà de 320 réductions d’emplois. A lui seul, le transfert du siège social de Worl Online à Milan a permis de supprimer 100 postes et d’économiser 7 millions d’euros par an. Qui a dit que la création de valeur était un vain mot dans la nouvelle économie ?Les filiales de contenus devraient être épargnéesEn France, Tiscali n’a pas tardé à afficher ses objectifs. La réorganisation de LibertySurf devra être achevée fin mars.

“Une entreprise n’a besoin que d’un seul réceptioniste “, a expliqué Renato Soru lors de l’annonce du rachat de Liberty Surf.” Je m’attends à des coups de hache “, s’inquiète un dirigeant d’une des filiales de LibertySurf. Reste que toutes les sociétés ne devraient pas être autant touchées. Au-delà des déclarations de Renato Soru, Tiscali manque en effet aujourd’hui cruellement de contenus.Selon le président du site Monsieur Cinéma, Jérôme Chasquès, “la spécificité de notre activité fait que nous devrions être épargnés. Pour une société qui a basé sa communication sur le thème de la révolution, il est normal que des têtes tombent “, ironise-t-il. Avant d’ajouter : ” Plus sérieusement, cela pose le problème plus général des concentrations sur Internet.”

Objectifs revus à la baisseSi les sociétés de contenu du groupe LibertySurf peuvent espérer passer sans trop de douleur ce mauvais cap, leurs objectifs risquent toutefois d’être remis en cause. Un dirigeant de l’une de ces sociétés s’inquiète même de voir des marques disparaître si elles n’atteignent pas rapidement le seuil de rentabilité.Pire, les espoirs de croissance à l’international sont remis en cause. Le risque de voir l’enseigne LibertySurf disparaître à l’étranger est grand. Ce qui reviendrait à lui fermer les portes de l’étranger, en plus que de lui couper les vivres nécessaires à son développement.Les services d’accès visésMais c’est surtout sur les services d’accès, où les synergies sont les plus fortes, que les réductions de coûts devraient être conséquentes. Ainsi, LibertySurf, Freesbee ( récemment racheté par Liberty Surf et déjà lui-même en restructuration), et World Online multiplient-ils les doublons. “Cette acquisition par Tiscali est une vrai crainte”, déclare Antoine Martin, responsable syndical de Freesbee.Dès l’annonce de l’acquisition, les comités d’entreprise de Freesbee et de World Online se sont contactés pour “comprendre et échanger leurs expériences”, selon Antoine Martin. Car, pour les deux entreprises, les risques liés aux réductions de coûts augmentent d’autant plus avec cette opération. Une seconde vague de restructuration pourrait donc survenir avant même que la première n’ait été appliquée.Jean-Michel Soulier, directeur général de World Online France, s’il met en avant les complémentarités certaines entre les trois fournisseurs d’accès, admet aussi qu’il y aura forcément des mesures prises pour améliorer, encore un peu plus, la rentabilité du nouveau groupe. “Je comprends que les gens s’inquiètent”, conclut-il.

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Frantz Grenier