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Test : Samsung NX1, le boîtier hybride le plus impressionnant du moment

Samsung prouve par la technique qu’il maîtrise la production d’appareils photo. Reste à convaincre les photographes avec un discours cohérent et une vraie feuille de route en matière d’optiques.

Annoncé l’an dernier à la Photokina de Cologne l’an dernier, le Samsung NX1 est déjà passé dans nos mains à plusieurs reprises : nous vous en avions déjà parlé ici sous forme de pré-revue et ici sous forme de vidéo. Une telle couverture s’explique autant par le fait qu’il est très rare que nous mettions la main sur de vrais prototypes, que par la surprise de voir un outsider lancer un produit si ambitieux. Nous avons ainsi eu pas moins de quatre évolutions successives de ce boîtier, allant du prototype alléchant à un appareil final carrément exceptionnel. Seulement dans le monde de la photo, la performance technique n’est qu’une des nombreuses batailles à remporter pour s’imposer…

Concurrent des reflex

Le NX1 n’est pas un hybride compact et discret comme un Panasonic GM5. Sans être énorme, il faut tout de même le voir comme un reflex expert en termes d’encombrement et de poids. A côté de lui, un Olympus OM-D E-M1 fait figure de petit poucet – et c’est tout à l’avantage de ce dernier. Proche des reflex dans l’aspect et dans le gabarit, le NX1 l’est aussi dans l’ergonomie, calquée sur ceux-ci.
S’il a les attributs extérieurs du reflex, son cœur technologique reste celui d’un hybride et en cela il surclasse tous les reflex actuels : sa rafale est indécente (15 i/s réelle !), son viseur électronique lui permet de voir dans les basses lumières et son mode vidéo le met hors de portée des reflex – la 4K, ça ne pardonne pas. Son processeur hérité du monde des smartphones fait de lui un appareil véloce aux menus ultra-réactifs, bref, il n’est pas là pour jouer aux billes.

Fiche technique ultra-complète

Le monde de la photo est très conservateur et certaines améliorations technologiques ont mis du temps à s’installer dans nos appareils. A contrario, Samsung acter de l’électronique généraliste a tout à prouver dans le domaine de la photo. Du coup, la liste de l’équipement technique du NX1 fait presque peur : Wi-Fi, Bluetooth, NFC, écran orientable tactile, viseur électronique, prise de transfert et de recharge compatible USB 3.0, vidéo 4K Ultra HD et 4K cinéma, prises casque et microphone, etc.
Canon et Nikon pourraient en prendre de la graine… Le statut de challenger joue ici clairement en faveur de Samsung – et des utilisateurs du NX1 – et ce NX1 est l’un des rares boîtiers totalement en phase avec l’ensemble des nouvelles technologies. Seul regret : le simple emplacement pour carte SD.

Ergonomie de reflex expert, super autonomie

Obturateur au 1/8000e, tropicalisation complète, écran LCD de contrôle sur le dessus de l’appareil, double molette, menus paramétrables, etc. : le NX1 est taillé pour répondre aux besoins des experts/pros. Néophytes à la recherche d’un appareil facile à manipuler : passez votre chemin. Rarement un outsider n’a attaqué de manière si frontale les papys Canon et Nikon (et Pentax dans une moindre mesure) sur le segment des reflex experts. Les boutons sont bien placés, l’interface répond vite, le toucher des molettes est agréable. Bref, le boulot est très bien fait.
Disponible en kit avec une optique haut de gamme et le grip pour doubler l’autonomie de la batterie, le NX1 n’est pas là pour faire de la figuration. Au passage, nous avons été très surpris par l’autonomie de la batterie : elle tient bien les 500 clichés annoncés, ce qui la place parmis les meilleurs hybrides. Avec le grip, c’est la garantie de déclencher 1000 fois avant d’avoir à recharger, une donnée importante pour les photographes baroudeurs.

Fast & Furious (mais pas la nuit)

Aussi rapide soit-il, le NX1 nous a paru, à l’usage, en retrait par rapport aux reflex haut de gamme et à fortiori face à l’Olympus OM-D E-M1, roi de la vitesse de mise au point. Il est cependant loin d’être ridicule et s’avère très rapide dans de bonnes conditions lumineuses. Testé sur nos amis les animaux du zoo de Vincennes (et sur ceux de la rédaction du Labo 01net.com…) le NX1 accroche bien les sujets, déclenche vite. Mais il souffre un peu en basses lumières, de la même manière que la majorité des reflex. A ce jeu, Samsung a encore du travail à faire, mais vu le défilé des versions de firmware (testé en v1.20 il est passé en v1.22 à l’heure où nous écrivons) et des améliorations déjà réalisées entre les différentes versions, le constructeur dispose encore de puissance sous la pédale.
Côté menus c’est un sans-faute : le processeur très puissant lui permet de répondre au doigt et à l’œil.

28 Mpix, ça le fait !

A l’image de Panasonic, Samsung se félicite (à juste titre) de produire l’ensemble des composants du NX1, dont le précieux capteur. Une surface photosensible de 28 millions de points qui donne de très bons résultats jusqu’à 3200 ISO et reste utilisables à 6400 ISO – au-delà, c’est plus du sauvetage qu’autre chose. Couplé aux deux optiques haut de gamme que sont le 16-50 mm et le 50-150 mm, ce capteur donne d’excellents résultats, des images riches en détails et tellement définies quel le potentiel de recadrage est important.
Le traitement des couleurs jpeg par défaut est un peu fade à notre goût, mais on peut personnaliser les rendus au sein du boîtier même. Côté développement, on peut bien évidemment éditer les fichiers RAW (le négatif numérique) dans Adobe Lightroom 5 ou Capture One 8. DxO Optics Pro 10 ne prend pas encore en charge les précieux fichiers du NX1, mais cela ne devrait tarder, l’éditeur français ayant toujours rapidement intégré les boîtiers du coréen (la liste des boîtiers supportés).

Cliquez ici pour accéder à l’album Flickr du test du Samsung NX1.

Optiques : deux zooms pros, quelques perles, mais encore du travail à fournir

L’offre optique de Samsung est loin d’être ridicule quand on sait que le géant coréen est un bébé dans le monde de la photo et qu’aucun constructeur tiers ne produit d’optiques pour la monture NX. Il faut cependant être réaliste, il y a peu d’optiques à même de convenir à des pros. Pour l’heure, seuls deux zooms peuvent se rengorger de la mention « Pro » : l’excellent 16-50 mm f/2-2.8 (éq. 25-77 mm) que nous avons testé ici, et le 50-150 mm f/2.8 (éq. 77-231 mm) en train de passer sur le grill à l’heure actuelle. A cela il faut ajouter certaines optiques estimables, comme le très bon 30 mm f/2 (45 mm) au format pancake (à peine 100 g sur la balance), le 20 mm f/2.8 un peu moins bon mais tout aussi léger, le 45 mm f/1.8 (éq. 69 mm) pratique et pas cher et un zoom grand-angle accessible, le 12-24 mm f/4-5.6 OIS (19-37 mm). Le 85 mm f/1.4 est une très bonne optique à portrait, mais elle est aussi lourde que ses concurrentes plein format et son intérêt sur le format NX est moindre.
Samsung annonce quelques optiques supplémentaires pour 2015 (16-80mm f/4 OIS, S 24mm f/1.4 ED, S 11-24mm f/2.8 ED OIS), mais nous n’avons pas encore eu de garanties à ce sujet. Heureusement, rien que le 16-50 mm et le 50-150 mm couvrent une large palette des besoins des photographes. Mais il faudrait que Samsung offre une feuille de route pour rassurer ceux qui hésitent. (découvrez ici la liste complète des optiques disponibles)

Vidéo 4K : une qualité impressionnante

Rejoignant Panasonic, Samsung est l’un des rares acteurs de la photo à proposer l’enregistrement de vidéo 4K directement dans le boîtier. Et la qualité d’image fait mal, très mal : les fichiers sont piqués comme des photos, riches en détails et la grande ouverture des optiques testées (f/2 à f/2.8) permet d’obtenir de splendides flous d’arrière-plan. Outre la 4K UHD, équivalente au quadruple de la définition Full HD, le NX1 propose la 4K cinéma, ce qui est très rare (lire notre article “Ultra HD vs 4K : quelles sont les différences ?“). Dans les modes 4K, le débit de trames est limité à 24 i/s, le même que celui de l’industrie du cinéma. Pour monter plus haut en vitesse il faut repasser en mode Full HD pour obtenir 50 images par seconde voire 100 i/s en mode ralenti.
Petite déception pour les cinéastes : il n’y aucun outil de réglage de qualité de la compression. Le Panasonic GH4 reste le roi de la vidéo autant dans les modes de compression (jusqu’à 200 mbits/s), que dans dans la qualité d’image pure – notamment en basses lumières – et dans les accessoires disponibles, mais Samsung a fait fort avec ce NX1. Très fort.

Vidéo 4K : lecture et édition compliquées

Dans les modes 4K UHD et Cinéma le NX1 utilise un codec appelé H.265 qui n’est pas encore très bien supporté par les logiciels de lecture multimédia actuels. Sur notre machine de travail, un Core i7 -4770 à 3,4 GHz couplé à disque SSD de 512 Go, 16 Go de RAM et une Nvidia Quadro K600 – une belle bête quoi – le logiciel VLC rame et n’affiche que quelques images avant de bloquer, tout en lisant la piste audio de manière erratique. La solution est donc pour l’heure de transcoder les fichiers vidéo 4K via le logiciel gratuit Samsung Movie Converter. Les vidéos sont alors parfaitement lisibles en 4K sur un PC portable…via Windows Media Player, VLC n’étant alors plus du tout à même de décoder quoi que ce soit. Le NX1 est donc un cran en avance par rapport à l’offre logicielle mais au vu de la qualité d’image, cela en vaut la peine.

Samsung i-Launcher, le passage obligé

Que cela soit pour lire les vidéos, les transcoder, passer les RAW au format DNG ou mettre le firmware de l’appareil (et des optiques) à jour, le logiciel Samsung i-Launcher est un passage obligé. Tour de contrôle des NX, il s’installe en reliant l’appareil à votre ordinateur – le boîtier dispose d’un lien pointant vers la dernière version à installer. Stable et efficace, i-Launcher a parfaitement fait son job sur un portable relié à un réseau Wi-Fi normal. Sur notre réseau d’entreprise protégé, i-Launcher ne peut pas aller récupérer le logiciel ni donc s’installer. Vous voici avertis.

Un potentiel énorme : oui mais?

Solide, doté d’une bonne ergonomie et très performant, le NX1 a des atouts pour séduire les photographes les plus experts. Son potentiel en photoreportage, photo d’action et autre production vidéo est tout simplement énorme et il a de quoi faire techniquement peur à la concurrence. Seulement la photo ne se gagne pas que sur la technique. Outre le parc optique, qu’il faudra étoffer, Samsung a du pain sur la planche dans plein de domaines : annoncer une vraie feuille de route des optiques, maintenir un cap clair des innovations, ne pas faire le yo-yo avec les prix de ses produits, trouver de vrais ambassadeurs pour mettre en valeur ses boîtiers, etc. Autant de chantiers sur lesquels les grands noms de la photo ont plusieurs longueurs d’avance. L’antériorité, l’histoire et le patrimoine comptent énormément en photo, et avec un produit comme le NX1 il serait de bon ton que Samsung parle enfin d’image.

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Adrian Branco