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Test : FIFA 11, la simulation qui va jusqu’au bout du fantasme

A chiffre symbolique, innovation symbolique : FIFA permet désormais d’incarner les onze joueurs d’une équipe. Une nouveauté radicale, pour une simulation extrêmement raffinée.

Commençons par ce que FIFA 11 n’est pas. Le nouveau jeu d’Electronic Arts n’est pas parfait. Comme depuis plusieurs années, la navigation dans les menus est d’une abominable lenteur ; les passes, d’une exaspérante mollesse ; la palette d’arrêts des gardiens, pas très étoffée, les commentaires tournent parfois en rond, les comptes rendus de match façon quotidien sportif sonnent faux, il y a des temps de chargement quand un joueur en remplace un autre, et un petit écran noir coupe l’action avant chaque remise en jeu.

Et ensuite ? Ensuite, il y a tout le reste, tout ce qui fait que, tout en gardant une marge de progression pour les années à venir, FIFA 11 s’impose comme la simulation de football la plus impressionnante de son temps. Une prouesse qui tient à cinq points essentiels. Tout d’abord, une vraie patte visuelle, avec une mise en scène télévisuelle propre, des commentaires qui sonnent très naturel, des visages finement restitués, des couleurs douces mais fidèles. Sans aller jusqu’à dire que FIFA 11 marque un saut graphique par rapport à son prédécesseur, reconnaissons qu’il affine sensiblement un rendu qui était déjà convaincant. 

Conscience du ballon

Mais l’atout premier de la série depuis FIFA 08, c’est son exceptionnel moteur de jeu. On le croyait très poussé, le voilà qui franchit un nouveau cap ! Jamais, de mémoire de joueur, une simulation n’avait rendu avec autant de souplesse et de réalisme les duels de corps à corps entre footballeurs.

Chaque corps a une véritable présence, une masse et une silhouette qui lui sont propres. Ici, un tacle en déséquilibre qui contourne l’attaquant, là une interception d’un pied placé entre les deux jambes de l’adversaire, ailleurs des bras qui se retiennent, une tête en appui sur un dos, l’arbitre central jouant au torero pour éviter une passe…

Les joueurs virtuels donnent l’impression d’avoir conscience du ballon, prouesse qui tient autant à la qualité du moteur de collisions qu’aux animations, stupéfiantes de réalisme. Et la gestuelle s’est encore considérablement étoffée cette année, souvent de petits gestes anodins et épurés, aussi simples qu’un dos placé en opposition à un attaquant pour bloquer sa course, et qui donnent une redoutable impression de naturel.

Des équipes qui font bloc

En jeu, les rencontres sont plus tactiques que jamais. Le rapport de forces est désormais en faveur des défenseurs, dont l’attirail de mouvements a été considérablement gonflé. En outre, si, dans les précédents FIFA, les arrières avaient tendance à se placer très haut sur le terrain, ils retrouvent cette année une position plus crédible.

Il faut alors faire montre de toute sa créativité pour déplacer le bloc-équipe adverse : décalages, appels croisés, redoublements, changements d’aile, etc. Dans FIFA 11, la brèche ne se trouve pas, elle se crée.

Il faut ici redire tout le bien que l’on pense de l’intelligence artificielle des coéquipiers. C’est eux qui dynamisent le jeu en prenant naturellement les espaces, en multipliant les appels de balle, en offrant des solutions. Et c’est précisément cet esprit d’initiative qui manque à PES 2011, la faute à des coéquipiers trop statiques. Il reste dommage que l’arbitre soit aussi tatillon sur les hors-jeu, que les passes soient aussi peu appuyées, et les face-à-face avec les gardiens, un peu trop prévisibles : c’est là qu’Electronic Arts peut progresser.

Le onzième homme

Difficile de prendre en défaut FIFA 11 pour le contenu. Seules les compétitions européennes manquent à l’appel (mais on peut les reproduire artificiellement dans l’éditeur de tournoi), et l’offre en sélections nationales est un peu chiche. Pour le reste, les amateurs de championnat tchèque et de division anglaise amateur seront aux anges.

Signalons par ailleurs une excellente base de données, précise aussi bien dans les effectifs que dans la personnalité des joueurs et les stratégies de chaque équipe. A part la présence de Govou au lieu de Hoarau en équipe de France, les infidélités sont rares ou mineures, et peuvent de toute façon être corrigées.

Outre d’innombrables coupes et championnats nationaux, un mode carrière de longue haleine (15 ans !) permettant de débuter comme entraîneur, entraîneur-joueur ou manager, FIFA 11 inaugure enfin le fameux onzième homme. Les gardiens de but peuvent désormais être incarnés en mode « deviens pro ». Signe d’une simulation jusqu’au-boutiste : il est donc possible de prendre part à un mode carrière entier en piétinant le gazon loin de l’action.

A fond le fantasme : en 2011, le football se joue à onze ; en ligne, il y aura désormais un heureux élu pour garder les cages de l’équipe. Mais, autant le savoir, les gardiens touchent très peu le ballon.

Contrat rempli

Passé la surprise de la découverte, il faut en vérité une certaine dose de courage et de masochisme pour se forcer à rester dans les buts plusieurs matchs d’affilée. Mais, comme EA a bien fait les choses, même en mode carrière, l’ordinateur vous laisse le choix en début de rencontre entre jouer le dernier rempart ou un autre joueur. Tant pis pour l’immersion, mais, des fois, toucher le ballon, c’est bien aussi.

Nouvelles animations, jeu défensif d’une redoutable adresse, fluidité dans la construction collective, réalisation toujours au top et contenu pléthorique : FIFA 11 confirme toutes les attentes placées en lui ; il fait indéniablement mieux que FIFA 10, tout en capitalisant sur les acquis de la série : ce moteur de jeu épatant et une intelligence artificielle dynamique. Les défauts existent encore. Mais vous les connaissez déjà, et ils sont noyés dans la qualité générale de la simulation d’Electronic Arts. Oublions-les encore un an : c’est l’heure de jouer, maintenant.

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William Audureau