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TEST Divinity : Original Sin, un retour aux sources génial aux racines du RPG

Vous êtes nostalgique de Donjons et dragons ? Avez envie d’un jeu de rôles à l’ancienne, façon Baldur’s Gate ? Alors n’hésitez plus : payez-vous donc ce titre bourré de quêtes, de trésors, de jets de dés et d’intrigues? Et laissez-vous perdre dans Rivellon pour des heures et des heures !

Comment peut-on, en 2014, lancer un jeu vidéo sans scènes cinématiques ni scénario brillant, sans didacticiel, avec une vue 3D certes, mais isométrique, un jeu dans lequel vous devez ne semblez avoir aucun objectif précis (genre sauver le monde d’une fin certaine) avec des combats au tour par tour, un jeu qui vous oblige en plus à prendre des décisions parfois mortelles qui vous feront regretter de ne pas avoir sauvegardé juste avant ?

C’est par un immense « allez-vous faire voir » aux individus qui pourraient poser ce genre de questions que Larian Studios a lancé Divinity : Original Sin, galvanisé par le score très correct que son bébé old school a réalisé sur le site de financement participatif Kickstarter. Alors que le studio belge comptait réunir 400 000 dollars pour produire son jeu, il en a finalement presque obtenu un million grâce à des joueurs motivés par ce titre « inspiré du passé ».

Un traque-source à la rescousse

Dans Divinity, vous êtes un Traque-source, autrement dit une sorte de flic : vous cherchez à éradiquer les adeptes de la « sourcellerie », magie interdite qui corrompt les âmes et abime le monde de Rivellon. Votre premier objectif : trouver celui qui a commis un crime affreux : l’assassinat de l’échevin de Cyséal, la bourgade dans laquelle vous débarquez après avoir choisi vos personnages. Léger comme scénar ? A voir, car cette petite enquête policière, il va falloir vous la coltiner vraiment. Elle est loin d’être facile à résoudre, et vous allez rencontrer sur votre route nombre de suspects, d’intrigues et de fausses pistes que vous n’imaginiez pas au départ. D’autant qu’évidemment, votre ou plutôt vos Traque-sources vont connaître bien d’autres quêtes, vont partir à la recherche d’autres trésors qui les éloigneront vite de cette première enquête…

Eh oui, dans Divinity, vous n’incarnez pas un PJ, mais deux, qui seront ensuite rejoints par des personnages secondaires jouables que vous trouverez lors de vos pérégrinations. Vous avez d’emblée accès à un choix assez vaste de carrières, du guerrier bien bourrin au voleur, en passant par les inévitables mages aux sorts puissants et « ecclésiastiques» spécialistes de la guérison. Mais votre classe de départ importe assez peu, car vous pourrez vous spécialiser à votre guise lors de vos gains de niveaux. Rien n’empêche dans ce jeu à un mage de devenir fort à l’épée, ou à un épéiste d’apprendre des sorts, et c’est excellent, voire parfois flippant : « dois-je dépenser un point pour parfaire mes connaissances en géomancie ou vaut-il mieux apprendre à converser avec les animaux ? ». Voilà le genre de questions auxquelles vous serez confronté lors de vos level up dans Divinity ! 

Des combats qui déboitent

Les combats, géniaux, se déroulent, comme dans « Baldur » au tour par tour. Et dès le premier d’entre eux, qui aura lieu sur la plage de votre débarquement, vous comprendrez à quel point ceux-ci sont jouissifs. Car pour réussir à vous débarrasser du moindre goblin, Il vous faudra clairement tirer parti de l’ensemble des compétences de vos personnages. En clair, la jouer fine en mélangeant habilement sorts, armes à distance, gros bourrins au contact, soigneurs… Le tout en ménageant vos sbires, car les points de vie tombent vite, dans ce jeu où la touche F5 –la sauvegarde automatique- sera une de vos meilleures amies. Le décor vous aidera toujours : vous voyez ce tonneau d’eau là-bas, près de l’affreux troll ? Décochez une flèche dessus pour l’éclater, puis avec votre magicien lancez un sort d’électricité pour foudroyer votre adversaire humidifié, par exemple.

Mais ce n’est pas les combats que l’on préfère, dans ce jeu. D’ailleurs, ils ne sont pas si nombreux : les monstres ne « repopent » pas. Une fois que vous les avez vaincus, ils ne reviennent jamais vous ennuyer ; des traces de sang vous remémoreront simplement l’épique bataille que vous avez vécue précédemment.

Non, ce qui est essentiel ici, c’est l’exploration, la découverte, les portes cachées, les énigmes, les quêtes que vous obtiendrez seulement si vous cliquez sur les bons dialogues avec les bons PNJ. Bougez un tapis pour découvrir une trappe. Vérifiez si vous ne pouvez pas entrer dans ce puits. Trouvez la clé pour entrer dans une pièce où un coffre resplendissant vous attend…

Exploration mon amour

Autant vous le dire aussi : vous lirez beaucoup, dans Divinity. Il n’y a pas de personnage avec un joli point d’exclamation qui plane au-dessus de sa tête pour vous indiquer qu’il a une quête à vous proposer. Votre progression, vous la méritez, en discutant avec les gens qui peuplent Rivellon et qui vous donnent de nouveaux objectifs. Et vous les découvrirez souvent un peu au hasard. N’hésitez donc pas à être sociable et à bavarder avec toutes les formes de vie que vous croiserez : on a déjà vu des chats, des chiens et des champignons loquaces, à Rivellon… Idem pour rendre une quête : vous devrez vous rappeler quel personnage vous l’a fournie (ou lire votre journal avec attention) afin d’obtenir votre récompense et vos XP.

A quoi bon, me direz-vous, effectuer des quêtes ? A gagner de l’XP, certes, mais aussi à trouver des objets, pardi ! Garnir votre inventaire d’armes et d’armures toujours plus puissantes sera évidemment indispensable à votre progression. Et encore plus dans Divinity : Original Sin que dans d’autres JDR hardcore. Notamment parce que vous trouverez uniquement de nouvelles compétences dans des ouvrages que vous dénicherez ou achèterez au hasard de vos aventures. Il n’y a pas ici de « maître de classe » qui vous apprend une nouvelle compétence à chaque niveau. Non, c’est à vous de vous débrouiller, notamment en récupérant ces fameux « livres de compétences ». La gestion du stuff est plus classique : vous tomberez évidemment sur des objets plus rares voire légendaires en étripant des boss ou en ouvrant un coffre bien planqué.

Et vous trouverez tellement de stuff qu’il est l’heure de lancer un petit coup de gueule contre la gestion de l’inventaire, qui est absolument catastrophique. La liste d’objets est illisible, d’autant que chaque personnage que vous incarnez a son propre inventaire. Et on peut vite passer des heures (mais ça peut faire partie du plaisir de jeu, pour certains) a envoyer du matos d’un perso à un autre. Lié à cela, le craft est également assez énigmatique. Il consiste simplement à assembler plusieurs objets de l’inventaire pour en former un nouveau. Mais, seul problème, cela ne fonctionne évidemment pas avec tous les objets et rien n’est fait pour vous l’indiquer. Du coup si une association ne fonctionne pas, vous déplacerez simplement un item à la place de l’autre, sans l’associer. Rageant… A tel point que ça donne vite envie d’arrêter.

La liberté a ses revers

Cette liberté de pouvoir aller où on veut, de ne pas dépendre d’un scénario linéaire a aussi ses revers, évidemment. D’abord parce que ce monde manque parfois de crédibilité, paradoxalement. Pourquoi les PNJ ne vont-ils jamais se coucher, comme dans l’excellent Skyrim, ce qui nous permettrait d’aller leur voler leurs biens précieux durant leur sommeil ? Pourquoi massacrer le maire de la ville n’attire-t-il pas les foudres des gardes, alors qu’ils devraient être illico à nos trousses ?  Et pourquoi certaines quêtes sont-elles buguées parce qu’on a joué trop freestyle ? Un exemple : mon ranger devait récupérer un document dans une maison. Pour ce faire, j’ai décidé de trucider le propriétaire de la demeure et ai récupéré le parchemin. Suis ensuite arrivé dans un endroit secret, où l’on m’a demandé d’aller rendre la quête… à la personne que j’avais tuée, qui n’était plus qu’un tas de cendres peu ragoûtant.

Divinity souffre d’autres menus soucis : on regrette par exemple que malgré la profusion de dialogues, certains personnages se contentent souvent de nous dire la même chose… Et parfois en anglais, en plus, car certains dialogues n’ont curieusement pas été traduits…

Nous n’avons pas beaucoup joué en multi, mais celui-ci ne nous a pas non plus paru très pratique, car il est compliqué de suivre les conversations de l’autre joueur, pourtant essentielles aux intrigues et l’immersion… On a aussi moyennement apprécié « La fin des temps », un lieu qui n’est autre que votre base, là où vous pourrez stocker des objets, changer de personnages, acheter des sorts ou des objets spéciaux etc. Le concept est sympa, mais on ne sait trop pourquoi, on a un peu la flemme de s’y rendre, durant la partie… Peut-être à cause des chargements, qui peuvent être longs si vous changez de zone de jeu.

Mais ces petits problèmes, au final peu gênants, ne parviendront pas à gâcher votre plaisir. Divinity : Original Sin n’est pas seulement un bel hommage aux meilleurs jeux de rôles PC. C’est tout simplement l’un des meilleurs RPG à avoir vu le jour depuis bien longtemps. Allez, on y retourne.

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Eric LB