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TEST : Crysis 3, être un dieu est finalement assez ennuyeux

Pour ce troisième épisode, Crytek corrige quelques errements du volet précédent mais n’a pas réussi à faire en sorte que sa combinaison soit trop puissante, au point de nuire parfois à la difficulté de l’action ou à l’intérêt du jeu?

Crysis 3, c’est un peu Noël après Noël. On l’attendait les yeux pleins d’étoiles, les doigts fébriles, les mains tremblantes et une légère inquiétude au coeur. Et s’il tenait plus du deux que du un ? Et si la nanocombinaison trop puissante continuait sa lente désagrégation du gameplay ? Et si l’histoire n’avait ni queue ni tête ? Et si… Mais non, se rassurait-on, après une courte prise en main début février. Impossible. Crysis 3 serait forcément beau, puissant, prenant et nerveux.

Scénario catastrophe

Tout commence plutôt mal. Alors que Prophet était mort au début du deux, remplacé par un dénommé Alcatraz, nous sommes aux commandes de… Prophet. Vingt ans après le deuxième épisode, comme cryogénisé, vous êtes un friand à la viande au rayon surgelé, que Psycho, ancien de la série, privé de nanocombinaison et résistant contre le Cell, vient libérer.

Le Cell, c’est le méchant, dont on ne comprend pas trop les motivations, pas plus qu’on ne comprend pourquoi les aliens qui étaient morts ne le sont pas et veulent s’en prendre à New York. D’abord Big Apple, ensuite le monde et Garges-les-Gonnesse. On ne s’étendra pas sur le scénario, qui ne sert finalement qu’à tuer à tout va sous couvert de sauver l’humanité – qui est où ? – et de faire la démonstration qu’on a beau être devenu une machine, on a un gros cœur qui bat…

Prophet Tout Puissant

Avec Crysis 3, Crytek a érigé le god mode en gameplay. Comme dans le volet précédent, vous pouvez être invisible ou super résistant. La jauge se vide assez doucement et se remplit vite, autant dire que la boucherie est de rigueur. Surtout quand vous affrontez des « humains ». Quand vous vous frottez à des aliens, les choses se compliquent un peu, tant que vous n’aurez pas compris leur point faible, leur pattern. Encore qu’il ne faille pas trop se soucier de tout cela, la force brute marche aussi. Si certaines armes sont du plus bel effet mais ne font pas beaucoup de dégâts, rabattez-vous sur l’arc et quasiment n’importe quel ennemi mourra en un coup. Alterner arc et couteau pour les morts furtives rendra l’action plus nerveuse, plus tactique et également plus défoulante. Du coup, on passe le jeu à tirer à l’arc – qui ne met pas un terme à l’invisibilité – et à récupérer ses flèches, ce qui, en soit, est un bon entraînement pour le prochain Tomb Raider.

Un conseil, donc, évitez le mode de difficulté normal et montez dans les hauteurs, ce sera la seule façon de vous heurter à un peu de difficulté. Une tâche rendue plus ardue de manière parfois un peu artificielle. Des ennemis apparaissent ou débarquent à l’improviste, comme pour une soirée pizza. Il faudra alors simplement s’assurer de les avoir tous marqués, grâce à la combinaison, avant de les passer par le fil de l’arc.

‘A pas compris

D’autant que même nombreux, les ennemis sont d’une bêtise crasse. Ils tirent juste – et de loin -, certes, mais sont incapables de vous surprendre réellement ou de s’adapter à une action, une attaque. Comme s’ils se disaient : « Ok, Robert, mon vieux pote de régiment, est mort à moins de deux mètres de moi, mais si je fais semblant de n’avoir rien vu, peut-être que tout ira bien jusqu’à la retraite ». Pour les gros aliens, une fois alertés, c’est un poil plus compliqué, ils sont attirés vers vous, jusqu’à ce que vous leur plantiez votre couteau dans la gorge, en tout cas

Beau et presque « ouvert »

Sur PC, la souris aidant, on enchaîne les headshots et profite de graphismes de toute beauté – ce qui est moins le cas sur console, il faut bien le reconnaître. Sur notre configuration de test, qui commence à vieillir, nous avons pu bénéficier de tous les effets en réglages Elevé, sans trop de chute du nombre d’images par seconde. En revanche, pour tirer pleinement parti du moteur de ce troisième Crysis, il faudra une machine de compétition…

Finalement, ce qui emballe le plus dans ce Crysis 3, c’est l’environnement. La ville en ruine, couvée par un dôme, noyée dans une végétation luxuriante. Il y a quelque chose, vraiment, avant qu’on ne sombre dans une sorte de monde souterrain assez improbable et quelconque. C’est alors qu’on remarque que les niveaux arrivaient jusque-là à nous faire oublier qu’ils étaient généralement de jolis couloirs ou de belles arènes. Ce n’est pas déplaisant au départ, d’autant que Crytek joue assez bien de la verticalité mais il faut un passage en hélico/avion de combat pour se rendre compte que tout cela était assez monotone.

Nano m’a tuer

En prenant son temps, Crysis 3 se boucle en grosso modo six heures de jeu effectif. Malgré cette courte durée de vie, on se surprend à trouver quelques longueurs. Alors certes Crysis 3 n’est pas le jeu de l’année qu’on attendait, principalement parce qu’il nous frustre à nous faciliter la tâche. Crytek a tué son jeu avec la nanocombinaison qui avait fait de Crysis 1 un jeu génial. Crysis 3 aurait pu l’être lui aussi, pourtant, il rate le coche. Il demeure au global suffisamment plaisant pour qu’on le termine avec satisfaction mais ne s’avère pas assez bon pour qu’on ne l’oublie pas immédiatement…

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Pierre Fontaine