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Ténor/Cesmo tirent la sonnette d’alarme

Avec des tarifs interurbains désormais souvent inférieurs à 30 centimes la minute, on serait tenté de dresser un bilan positif pour les deux premières années de concurrence dans les télécommunications en France. Mais l’apparence est trompeuse. Ténor et Cesmo tirent la sonnette d’alarme.

La concurrence a incontestablement fait baisser les tarifs longue distance du téléphone. Elle a donc été très bénéfique pour le consommateur. Elle a également été très positive pour l’Etat, qui augmente ses recettes par la vente de licences et la cession de parts dans le capital de l’opérateur public.Et pourtant, les nouveaux entrants ont le vertige. Les investissements qu’ils ont réalisés plombent leurs bilans financiers. Ils ne voient pas comment ils pourraient les rentabiliser à moyen terme, “compte tenu du nombre trop important d’acteurs présents pour une clientèle trop restreinte “.“La France, constatent l’organisation professionnelle Ténor et le cabinet de conseil indépendant Cesmo, ne se développe pas comme les autres pays.” L’offre télécoms n’a pas explosé et France Télécom conserve son monopole dans la téléphonie fixe, notamment sur le local.Les opérateurs sont engagés dans “une spirale infernale “. Ils n’ont pas encore rentabilisé leurs investissements de départ qu’ils doivent investir toujours davantage pour ne pas laisser échapper les nouveaux marchés comme l’UMTS ou la boucle locale radio et continuer d’exister demain.Impossible pourtant d’affirmer que les conditions de concurrence sont par trop défavorables. La France est bien positionnée en Europe sur les indicateurs clés comme le prix de l’interconnexion ou le prix de l’abonnement. Et cependant les bilans financiers des nouveaux entrants sont “catastrophiques “. “Il n’y a pas vraiment de création de richesse “.La présence de près de 80 acteurs sur le seul segment de la téléphonie fixe rend difficile toute rentabilité.

Fenêtres d’action toujours plus courtes

De plus, les fenêtres d’action pour investir et créer de la rentabilité tendent à se raccourcir. Il y a un réel problème de calendrier. Etant donné leur complexité, les dossiers avancent lentement au plan législatif et France Télécom joue manifestement la carte de la lenteur. Bien souvent, c’est donc avec deux ans de retard que les cadres réglementaires sont mis en place. Les marchés passent, sans cesse chassés par de nouvelles technologies, sans qu’on ait eu le temps de gagner des parts de marché conséquentes. Le risque est grand d’une concentration massive. Comme aux Etats-Unis, assistera-t-on à la création de nouveaux monopoles de fait ?Aussi, l’organisation Ténor et le cabinet Cesmo croient-ils devoir dresser sans faux-semblant, dans un livre blanc à paraître à la fin de l’année, le vrai bilan de l’ouverture à la concurrence. Ils viennent de mettre en place un comité de pilotage, qui lancera la réflexion dans 8 directions :1 ?” Quels sont les facteurs qui pénalisent le développement et la réussite financière des nouveaux entrants ? La culture française ? Les comportements des consommateurs français ? La stratégie de France Télécom ? La faible dynamique des nouveaux entrants ?2 ?” Comment les nouveaux entrants peuvent-ils améliorer leur rentabilité et créer de la richesse ? Où se trouve la création de la valeur ? Dans les infrastructures ? Dans la clientèle ? La non-rentabilité est-elle définitive ? Et pourquoi ?3 ?” Peut-on forcer le législateur à aller plus vite ? Comment obliger France Télécom à respecter la réglementation dans des délais courts ? Quelle est l’utilité de pousser les nouveaux entrants à investir, alors que les technologies sont obsolètes en quelques années?4 ?” La téléphonie fixe traditionnelle a-t-elle encore un avenir ? Si oui, comment ? Quelles seront les logiques des nouveaux services ? Quel sera l’impact de la voix sur IP et des mobiles ?5 ?” L’ouverture de la boucle locale est-elle vraiment la panacée ? L’obligation d’investir dans les infrastructures ne créera-t-elle pas les mêmes distorsions que dans les réseaux interurbains ?6 ?” Comment les acteurs autres que les 3 opérateurs dominants pourront-ils accéder aux services mobiles ? Y aura-t-il mutualisation des infrastructures ? Le système de kiosques pourra-t-il fonctionner ? Les nouveaux entrants partant de zéro disposeront-ils d’une fenêtre de temps suffisante ?7 ?” Faut-il réglementer l’Internet ?8 ?” Les collectivités locales doivent-elles concurrencer les opérateurs télécoms ?Pour répondre à ces interrogations, le comité de pilotage organisera plusieurs tables rondes, les unes centrées sur la téléphonie, les autres sur la mobilité et les dernières sur les infrastructures. Pour y participer, on posera sa candidature par e-mail à ([email protected]).Outre Jean-Luc Koch, le comité de pilotage est composé de Pierre-José Billotte (Western Telecom), Jean-Michel Evanghelou (Matra Nortel Communications), Pascal Guillet (Ericsson), Alain Munier (Telia), Isabelle Russier (Carrier 1), Clémentine Fournier (Kertel) et Me Olivier Iteanu, avocat (www.cesmo.fr) (www.tenor.org).

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La rédaction