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Téléphonie : l’Afsset recommande de réduire les expositions aux ondes

L’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail publie un imposant rapport sur l’impact des radiofréquences sur la santé.

Les ondes du téléphone mobile, dangereuses ou pas ? Malgré un imposant rapport rendu public ce jeudi 15 octobre 2009, l’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail (Afsset) n’est toujours pas en mesure de rendre un avis tranché. En revanche, elle affirme que les signaux d’alerte sont là, imposent de nouvelles recherches et que les pouvoirs publics s’occupent du sujet. Et recommande de prendre certaines précautions.

Après deux ans de travail à la suite d’une saisine du gouvernement, les experts de l’Agence ont rendu un document de 465 pages portant sur l’examen de 3 500 études (disponible ici). Qu’il s’agisse des ondes émises par les téléphones mobiles, les antennes relais, les fours à micro-ondes, les plaques à induction ou les radars, du Wi-Fi, du WiMAX, des ondes FM, etc.

Ils ont pris en compte des données scientifiques, bien sûr, mais aussi, pour la première fois, des approches sociologiques. Autre première, l’Afsset a permis à un représentant de l’association Priartem d’assister au travail et aux débats, sans pour autant le faire intervenir.

« Mais nous ne pouvons plus ne rien faire. »

Le principe de ce rapport consiste à examiner la validité des études disponibles et à estimer le sérieux des résultats. En fonction de quoi, l’Afsset tire ses propres conclusions. « Il y a des effets biologiques des radiofréquences, affirme ainsi le directeur général de l’Agence, Martin Guespéreau, mais pas de preuves d’un mécanisme menant à de véritables maladies. »

Des effets sur le fonctionnement des cellules sont acquis, de même qu’une altération des débits sanguins cérébraux. Mais ces conclusions ont été obtenues après des expériences in vitro. « Quant aux effets sur l’homme lui-même, prévient Martin Guespéreau, le niveau de preuve est insuffisant pour conclure à un effet sanitaire. Nous sommes dans une incertitude scientifique. »

L’Afsset reconnaît qu’il existe un « excès de risque » en matière de lymphomes et de leucémie dans le cadre d’une exposition aux ondes de radars. Sur le cas précis, et plus médiatique, des ondes des téléphones mobiles, les experts sont très prudents. « Beaucoup d’études ont des lacunes méthodologiques », estime Gérard Lasfargues, directeur général adjoint et scientifique de l’Afsset. Et si certaines, plus sérieuses, établissent un « excès de risque » du cancer du cerveau, « cela concerne une durée d’usage d’un appareil supérieure à dix ans ».

En tout cas, l’Afsset insiste : en l’état actuel de ses connaissances, elle ne peut qu’émettre des recommandations. « Mais nous ne pouvons plus ne rien faire. » D’où la nécessité, selon elle, de lancer des études épidémiologiques et de s’intéresser à l’impact des ondes sur le développement de l’enfant. Elle conseille également la réduction de l’exposition aux ondes.

Afficher le DAS

Pour cela, elle souhaite que soit mis en avant, sur l’affichage en magasin, le débit d’absorption spécifique des téléphones portables (DAS), qui traduit la quantité d’ondes émises par l’appareil. Le consommateur serait ainsi incité à acheter celui au plus faible DAS. « Le DAS n’a aucune incidence sur la qualité de la communication, alors pourquoi se priver de porter cette information à la connaissance du consommateur ? », justifie Martin Guespéreau.

Autre piste : une cartographie des antennes relais sur le territoire français pour repérer les plus fortes concentrations et lancer des mesures aux endroits les plus sensibles. « Deux mille mesures sont effectuées chaque année, mais elles sont faites au petit bonheur la chance, à l’initiative de citoyens », note Martin Guespéreau.

En la matière, l’Afsset voit d’un bon œil les expérimentations de certaines municipalités consistant à abaisser les seuils d’exposition aux ondes. « Ces initiatives ont l’avantage de mettre le sujet sur le devant de la scène. Cela casse le statu quo et on aura un retour d’expérience. »

L’Afsset a remis son rapport au ministère de la Santé, au secrétariat d’Etat au Développement de l’économie numérique et au secrétariat d’Etat chargé de l’Ecologie. A eux, maintenant, de prendre des décisions et de proposer des réglementations…. Ou pas.

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Arnaud Devillard