Passer au contenu

Téléphone et e-mail par satellite sous toutes les latitudes

Loin d’être des gadgets réservés aux agents secrets ou aux grands reporters, les systèmes de communication voix-données par satellite sont désormais proposés selon les modalités commerciales du GSM, pour mieux répondre aux besoins des
professionnels itinérants.

Né avec le réseau Inmarsat, qui ciblait originellement la marine marchande, le téléphone satellitaire est devenu un outil transportable, avec l’arrivée des services numériques et des satellites de forte puissance. Un pas
supplémentaire dans la portabilité a été franchi, ces dernières années, avec le lancement des constellations en orbite basse, Iridium et Globalstar, qui, malgré leurs déboires économiques, assurent une large couverture à l’aide de terminaux dont
certains sont à peine plus gros qu’un téléphone GSM. D’autres réseaux vocation régionale, comme Thuraya ou Acces, ont également réussi une percée commerciale significative.Cette concurrence accrue a porté ses fruits : le prix des communications ?” environ 1 euro la minute pour les moins chers – est devenu suffisamment abordable pour que des travailleurs immigrés maliens n’hésitent pas à
mutualiser l’achat d’un téléphone afin d’équiper leur village, en brousse, pour rester en contact avec leurs proches. Cet exemple, s’il reste très marginal (5 ventes par semaine chez TDCom !), illustre malgré tout la formidable
démocratisation de ce moyen de communication, aujourd’hui bien utilisé par les entreprises.Notre guide d’achat porte exclusivement sur des systèmes (réseaux + terminaux dédiés) transportables en valise ou portables comme un téléphone mobile, qui assurent la communication vocale, la transmission de données, et,
éventuellement, l’accès à internet.

La couverture du réseau : un élément primordial

Sont donc exclus les équipements embarqués ou en site fixe comme l’Emsat, d’Eutelsat. Le poids des appareils est déterminant pour les utilisateurs : les plus lourds sont encore les plus performants en termes de débit disponible, et
ils offrent la plus grande variété d’applications. La couverture géographique du réseau utilisé est un autre élément primordial. Iridium dessert toute la planète, y compris les pôles, alors que les services Mini-M et M4, d’Inmarsat, sont accessibles
depuis 98 % des régions terrestres et à partir de quelques zones maritimes.Thuraya et Acces sont, au contraire, des systèmes à vocation régionale, dans l’acceptation IUT du terme. Les satellites du premier illuminent l’Afrique, l’Europe, et l’Asie jusqu’à l’Inde, tandis que celui du second concerne une vaste
zone géographique allant du Pakistan au nord de la Chine, en passant par l’Indonésie, la Nouvelle-Guinée et le Japon.À noter que Thuraya et Access utilisent la même technologie, mais ne proposent pas le roaming, leurs terminaux n’étant pas interopérables. Précisons également que, pour des raisons commerciales ou politiques,
quelques pays interdisent l’accès à certains réseaux, ou en sont privés, ce qui ne veut pas dire que ceux-ci n’y fonctionnent pas.

Des opérateurs encore trop fragiles

La pérennité des opérateurs peut être considérée comme un critère fondamental pour les entreprises. Les soubre-sauts économiques qui affectent les deux constellations en orbite basse peuvent avoir un effet dissuasif sur les clients
potentiels.Soutenue par un important contrat du Pentagone, la nouvelle société Iridium n’est toujours pas rentable, et le calendrier de lancement des satellites devant renouveler la galaxie des soixante-six engins en service n’est pas connu. Le
système concurrent, Globalstar, en dépôt de bilan, ne facture plus ses clients depuis plusieurs mois, dans l’attente d’une opération de reprise actuellement en cours d’élaboration.La commercialisation des services en Europe, jadis gérée par Tesam (filiale Alcatel-France Télécom aujourd’hui dissoute) serait reprise dans les prochaines semaines par une autre entreprise. Pour leur part, Inmarsat et Thuraya
semblent avoir des situations mieux établies.

Une facturation à la durée

Le paramètre financier est bien sûr important. Tous les services vocaux sont facturés à la durée avec, maintenant, la possibilité d’acquérir des volumes de communication prépayés sur carte. La destination des appels a également une
incidence sur le prix, comme, par exemple, chez Thuraya, dont le GPS intégré permet de localiser l’utilisateur et de répercuter cette information dans la facturation.Si le service voix offre généralement une qualité audio proche ou égale à celle du GSM, les débits de données sont différents d’un système à l’autre. Inmarsat est ici le plus performant, en standard Mini-M comme en M4. Tous deux
permettent le fax G3 et le transfert de fichiers, y compris l’audio. Sur station M4, qui supporte jusqu’à 64 kbit/s, la transmission vidéo est possible, mais elle impose une procédure à basse vitesse.L’accès à internet et à la messagerie est également possible, ce qui est cependant moins évident sur Iridium et Thuraya, dont les débits engendrent de longues et coûteuses sessions. On notera, à ce propos, que la station Hughes R-BGAN
d’Inmarsat (lire 01 Réseaux n?’ 125, p.31) offre une alternative intéressante pour les échanges de données. Cette solution implique cependant un abonnement complémentaire pour la téléphonie, ou l’implantation d’un logiciel
de voix sur IP sur le PC connecté, une possibilité qui reste néanmoins à valider techniquement.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Philippe Pélaprat