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Télécoms : les constructeurs asiatiques à la conquête de l’Europe

Les constructeurs télécoms doivent aujourd’hui faire face à un grand danger en provenance d’Asie. Les constructeurs d’Extrême-Orient, Huawei en tête, s’invitent, en effet, aux appels d’offres des
opérateurs français. Avec des tarifs plus que compétitifs.

Si la planète entière, avec la pneumopathie atypique, tient son danger asiatique, les équipementiers télécoms ont peut-être trouvé le leur en la société Huawei. C’est au détour d’une allée du CeBIT que 01
Réseaux
apprenait, presque par hasard, que le constructeur chinois avait fait une entrée sur le marché français en remportant un contrat avec LDCom sur des équipements DWDM (lire 01 Réseaux, n?’ 127, p. 10). Selon nos
informations, l’opérateur français Free Telecom aurait également cédé aux sirènes d’Huawei, qui a déjà séduit vingt-cinq opérateurs en Europe, dont Telefónica en Espagne.Depuis quelques semaines, le tout-Paris des télécoms chuchote le nom de cet équipementier aux tarifs si alléchants. En effet, selon les divers constructeurs de la place, le chinois pratiquerait des prix de 50 à 80 % moins chers que
ceux des équipementiers traditionnels. De quoi leur enlever le sommeil ! ‘ Nous ne savons pas comment ils peuvent proposer des tarifs pareils. On ne peut pas vendre à perte, parce que des pertes, les constructeurs en ont assez accumulé comme cela ‘, explique l’un
d’entre eux. Dans une langue qui n’est pas loin d’être de bois, Alcatel se contente d’un ‘ sans commentaire ‘ peu convaincant, et Ericsson préfère ne rien dire sur ses concurrents.

À qualité égale, prix sacrifiés !

De son côté, Laurent Lafarge, président de Lucent France, s’interroge plutôt sur la capacité d’innovation technologique des constructeurs asiatiques en général. ‘ On les savait très efficaces sur les
marchés de l’électronique grand public, mais pas sur des marchés à petit volume. Les Asiatiques sont forts à la duplication-réplication, mais ne sont pas, à mon avis, moteur d’innovation ‘
, indique Laurent Lafarge.Un avis à relativiser quand on sait que le pays le plus en avance en termes de lignes DSL actives n’est autre que la Corée. Une Corée dont les constructeurs, tel LG Electronics, ne cachent plus vraiment leurs ambitions dans
l’Hexagone.Alors, dans le doute, les concurrents déçus sont tentés de remettre en question la qualité des équipements livrés. De source proche du dossier LDCom, si Huawei a remporté le contrat, c’est qu’il était le seul à proposer le
test des produits, dont il a lui-même assuré l’installation, via ses équipes en Allemagne, où il possède son antenne européenne. Et le résultat était largement concluant !‘ LDCom a la réputation d’être rigoureux dans ses choix technologiques ‘, estime Didier Baldassari, responsable marketing de l’intégrateur de réseaux Circet, qui s’intéresse également
de près au phénomène chinois. C’est que Huawei offre presque la même panoplie que Lucent, Alcatel, Nortel, Ericsson et les autres constructeurs. Et il ne compte pas s’arrêter aux équipements DWDM.

Réaliser des économies

D’ores et déjà, des appels pour information sont en cours chez plusieurs opérateurs, notamment pour des DSLam, et, en moyenne, un quart des constructeurs répondants sont d’origine asiatique. Dans un contexte où les
opérateurs sont tous quasi exsangues, réaliser des économies sur les matériels devient une obligation. De quoi se dire que les appels d’offres qui en découleront risquent d’amener leur lot de pleurs et de grincements de dents.

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Jérôme Desvouges