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Télécoms : consolidation, phase II

Une sélection des entreprises va avoir lieu, fondée sur leur capacité à assurer le financement de leur plan d’affaires.

Il semble que soient passés inaperçus les problèmes que rencontrent aujourd’hui certains opérateurs télécoms alternatifs aux États-Unis. Ces sociétés avaient été créées dans le mouvement de déréglementation qui a mis fin, au milieu des années 1980, au monopole des télécommunications sur le plan local. La récente crise a principalement affecté ce marché. Les chiffres sont éloquents.L’une des faillites les plus spectaculaires est celle de Wind-star. La société était opérateur de réseaux de boucle locale radio (BLR). Elle a connu un taux de croissance spectaculaire, recrutant notamment 30 000 clients, mais un Ebitda négatif et, au total, un endettement de 6,3 milliards de dollars (7,1 milliards d’euros) !Toujours dans le domaine de la BLR, Teligent doit faire face à un endettement à long terme de 1,44 milliard de dollars, pour des actifs évalués à 1,2 milliard de dollars.Cette crise résulte de quatre facteurs principaux. En premier lieu, une gestion opérationnelle discutable : croissance trop rapide mal maîtrisée, absence de management qualifié, développements internationaux prématurés. En second lieu, des besoins financiers mal couverts : les modèles d’affaires n’étaient pas totalement financés.Une mauvaise structure de financement, en troisième lieu : leverage [effet de levier, ndlr] élevé et recours fréquent aux yields bonds [obligations à haut rendement, ndlr]. Enfin, le début de l’année 2001 a été marqué par une difficulté accrue à réunir les financements, qu’il s’agisse d’appels aux marchés ou de recours à la dette.

Des critères d’évaluation changeants

Il serait naturellement hâtif et inapproprié de tirer de ces exemples des conclusions concernant le marché européen. Celui-ci présente, en effet, des différences structurelles certaines : les premiers services de BLR commencent tout juste à être commercialisés ; les parts de marché de l’ADSL pourraient devenir appréciables ; la mise en place du dégroupage se révèle moins aisée que prévu.Cependant, les critères qui permettent d’appréhender la valeur des sociétés de ce secteur en Europe ont changé en quelques mois. Le principal facteur considéré ne sera plus la valeur des actifs du réseau, mais l’appréciation de la gestion opérationnelle de ces sociétés, en particulier de la composition du chiffre d’affaires, du ratio marge brute/capital employé ou de la qualité de financement.L’Europe des opérateurs alternatifs n’est pas encore entrée dans une phase de consolidation. Ce mouvement pourrait toutefois devenir visible au cours du second semestre 2001 et s’amplifier durant l’année 2002. Cette consolidation devrait se réaliser de manière classique, dans deux directions principales : l’intégration verticale et l’expansion géographique.Enfin, il est probable que persistent les difficultés de financement, que les sociétés en appellent aux marchés de capitaux ou aux établissements bancaires. Le troisième critère de la consolidation attendue ne sera ni stratégique, ni technique : il correspondra simplement à une sélection naturelle des entreprises, fondée sur la capacité à assurer le financement de leur plan daffaires…*Head of Media and Telecoms, BNP-Paribas.

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Philippe- Olivier Rousseau*