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Téléchargement : les nouvelles règles

Le 9 avril, alors que le vote final de la loi semblait acquis, l’opposition a réussi l’impensable en rejetant ce texte. La rédaction ne pouvait passer à côté de ce coup d’éclat et fait un point sur la situation. Pourquoi ce projet de loi attise-t-il tant de polémiques ? À la lecture de ce dossier, vous saurez tout.

L’événement qui s’est déroulé le 9 avril à l’Assemblée nationale a de quoi entrer dans les annales. Sur le projet de loi favorisant la diffusion et la protection de la création sur Internet, déclaré urgent par le gouvernement et qui attisait depuis des semaines les débats sur les sites Internet et dans l’opinion publique, il n’y avait que 38 députés dans l’hémicycle pour le vote final. Une sous-représentation qui a profité à ceux qui étaient contre cette loi communément appelée “ loi Hadopi ”. Avec 21 représentants, les opposants ont réussi à contrer les 15 députés de l’UMP. Pour le secrétaire d’État aux Relations avec le Parlement, Roger Karoutchi, il s’agit d’un “ acte de flibuste ”. Les socialistes auraient caché des parlementaires et ne les auraient fait entrer dans l’hémicycle qu’une fois le vote appelé. Du côté des opposants, l’UMP aurait payé la politique de la chaise vide pratiquée par un grand nombre de députés, opposés à la coupure de la connexion. Dans tous les cas, la ministre de la Culture et de la Communication, Christine Albanel, l’a annoncée dans un communiqué du 9 avril. La “ manœuvre cynique ” de l’opposition n’entame pas sa détermination à se battre pour l’adoption du projet de loi par les deux chambres (Sénat et Assemblée nationale) dès le 29 avril.À l’heure où nous écrivons cet article, l’issue de ce dossier est donc loin d’être évidente. Un long processus de discussion attend encore députés et sénateurs. S’il avait fallu environ 42 heures réparties sur une semaine pour finaliser le premier projet, combien faudra-t-il de temps pour cette énième lecture ? À n’en pas douter, les forces en présence pour ce nouveau combat seront les mêmes que celles présentes lors du premier projet.

Pourquoi c’est une mauvaise loi

Du côté des opposants, quatre députés seront sur le pont. Martine Billard (Les Verts), Patrick Bloche (PS), Christian Paul (PS) et Lionel Tardy (UMP) vont encore une fois œuvrer pour faire évoluer cette loi vers une solution plus adaptée au marché et aux contraintes techniques. Du côté des fervents défenseurs du texte, il y aura bien entendu Mme la ministre de la Culture, Christine Albanel, et le rapporteur de la loi, Franck Riester (UMP). Tous deux vont tenter de répondre aux nombreuses questions techniques et juridiques posées par cette loi “ Hadopi ”.Le vote raté du 9 avril n’est pas un hasard. À la rédaction de l’Ordinateur individuel, nous pensons que cette loi est inadaptée et ne pouvait rencontrer qu’un vote controversé. C’est une mauvaise loi et nous allons vous démontrer pourquoi. Nous ne sommes pas pour autant des chantres du piratage. Oui, le secteur de la création artistique a besoin de nouvelles solutions afin d’enrayer ses pertes de revenus, dont le piratage est en grande partie responsable. Non, cette loi ne réglera pas le problème. Car les technologies d’aujourd’hui permettent déjà de partager ou de récupérer des contenus en passant à travers les mailles du futur filet Hadopi. Groupes de discussion, sites de stockage privés et sécurisés… les solutions alternatives ne manquent pas et ont des longueurs d’avance sur les procédés de détection et de filtrage. Surtout, ce système, dont la mise en place technique n’est prévue que pour 2011, pourrait finalement se révéler inapplicable. Moyens financiers alloués à l’Hadopi limités et nombreuses failles juridiques sont autant de faiblesses que ne manqueront pas d’exploiter les détracteurs de la loi.Si cette loi, qui passera sans doute en fin de compte, permettait de faire enfin évoluer les mentalités des ayants droit ? Mettre un terme aux DRM, ces dispositifs qui rendent l’utilisation de musiques achetées plus compliquée que celles qui sont téléchargées illégalement, raccourcir les dates de sortie des films en vidéo à la demande ou en Blu-ray et revoir le tarif des offres légales à la baisse… Pour faire passer leur loi, les ayants droit ont joué des coudes auprès de nos dirigeants et fait beaucoup de promesses. Seront-ils capables d’appliquer à eux-mêmes les principes citoyens qu’ils veulent imposer aux autres ?

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Jérôme Granger, Rémi Langlet et François Bedin