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‘ Techniquement, il n’y aucune contrainte au filtrage de contenu par les FAI ‘

Audible Magic a mis au point une solution de filtrage de contenu. Christian Lamouroux, son représentant en France, en explique le fonctionnement.

Les fournisseurs d’accès à Internet sont-ils en mesure de filtrer les contenus illicites échangés par leurs abonnés ? La polémique est revenue sur le tapis le 29 juin dernier. Le tribunal de première instance de Bruxelles

demandait au FAI belge Scarlet, ex-Tiscali, de mettre en place des mesures techniques pour empêcher le téléchargement
illégal des contenus gérés par la Société belge des auteurs, compositeurs et éditeurs (Sabam). Cette dernière évoquait alors devant la justice la solution de filtrage développée par Audible Magic.Christian Lamouroux est directeur technique d’Ayala (1), le distributeur exclusif d’Audible Magic en France. Il revient sur les possibilités techniques et financières d’un filtrage sur les réseaux des FAI.01net. : Jusqu’à présent, les FAI prétendaient qu’ils ne pouvaient pas filtrer les contenus illicites. Qu’en est-il ?


Christian Lamouroux : Techniquement, il n’y aucune contrainte au filtrage de contenu illicite par les FAI. Audible Magic a travaillé dès ses débuts avec des universités américaines qui avaient à la fois des problèmes de
bande passante et de droits d’auteur à gérer.Nous avons développé pour elles un outil qui permet de superviser leur réseau. Il analyse les protocoles pour découvrir les échanges en peer to peer. Quand il les détecte, il les passe au crible pour voir si les
contenus sont légaux ou non. Ce que nous savons faire pour l’université d’Arizona par exemple, et ses 50 000 postes, nous pouvons le reproduire sur les réseaux des FAI.Les volumes de données ne sont pourtant pas les mêmes dans le cas des FAI. Quelle bande passante pouvez-vous analyser ?


Il n’y a aucun problème pour le faire à plus grande échelle. Les machines que nous fournissons peuvent se mettre en cluster
[et combiner leur puissance de calcul, NDLR] pour analyser plus de bande
passante. Nous pouvons toujours augmenter la taille des clusters et démultiplier les endroits où nous les installons.Les FAI évoquent également le coût très lourd des solutions de filtrage.

Nous sommes en train d’évaluer le coût de notre solution pour un FAI, qui peut choisir de filtrer 100 % ou moins de sa bande passante. Il existe des contreparties financières au filtrage. Le FAI peut ainsi espérer redistribuer une
partie de la bande passante libérée à ses utilisateurs, car les échanges en peer-to-peer représentent 75 % de la consommation sur le réseau.Le filtrage n’a-t-il pas un impact sur la vitesse de connexion des utilisateurs ?


Pour eux, le filtrage est transparent. Nous ne capturons pas la bande passante, mais écoutons le trafic en quelque sorte. Les flux sont envoyés en miroir vers nos machines pour être analysés. Lorsque des échanges
peer-to-peer sont détectés, nous comparons les échanges avec les 7 millions d’empreintes numériques que contient notre base de morceaux de musique [chaque morceau a sa propre empreinte numérique, NDLR].
Les empreintes nous sont envoyées par des majors comme Sony, EMI ou Universal bien avant la diffusion des morceaux de musique.Comment les FAI utilisent-ils le système ? Peuvent-ils uniquement bloquer les données ?


Une interface Web administrateur permet au FAI de définir les règles de filtrage, les zones qu’il souhaite passer au crible. Lorsqu’il détecte du contenu illégal, il peut interrompre le flux. Ou envoyer des messages de mise en garde
gradués. On peut très bien imaginer aussi que l’outil serve juste à identifier les contenus sans les bloquer pour permettre un reversement aux ayants droit. Nous sommes en train de travailler avec plusieurs FAI en Europe et aux Etats-Unis pour voir
de quelle manière notre solution peut s’intégrer à leur architecture.Votre outil est utilisé par des sites de partage pour l’identification des contenus illégaux. Pourtant, on constate que le nettoyage n’est pas parfait…


Il y a plusieurs raisons à cela. Il peut, par exemple, exister plusieurs versions d’une même chanson. Nous ne les détectons pas si nous ne possédons pas au préalable toutes les empreintes de ces différentes versions. Quant à nos
partenaires, ils sont face à deux problèmes. Ils doivent traiter le patrimoine de millions de morceaux qu’ils ont constitué depuis leur ouverture. Tous les morceaux présents sur leurs serveurs n’ont pas forcément été traités par notre système. Et,
parallèlement, il leur faut analyser tous les contenus qui sont postés au jour le jour par les utilisateurs.


(1) Créée voici près de quatre ans, Ayala Europe a pour objectif de servir de base avancée aux entreprises étrangères qui souhaitent commercialiser leurs technologies dans l’Hexagone. Ses domaines de compétences
sont principalement dans le
software et le hardware.

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Propos recueillis par Hélène Puel