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Sycamore : dernière ligne droite avant l’Internet optique

Gururaj Desh Deshpande est président et fondateur de Sycamore Networks, start-up spécialisée dans les réseaux optiques de nouvelle génération. Elle pèse 15 milliards de dollars au Nasdaq. Il livre sa vision du futur proche d’Internet.

01 Réseaux : Quelles sont les limitations des réseaux des opérateurs ? Gururaj Desh Deshpande : Il faut, aujourd’hui, des semaines, voire des mois, pour établir des liaisons à hauts débits ou accroître le débit d’une liaison existante entre deux villes. C’est la préhistoire en termes de flexibilité. Un tel délai est inacceptable lorsqu’une entreprise, un fournisseur de services Internet, ou encore, un opérateur télécoms désirent ouvrir ou étendre un nouveau service. La bande passante doit être disponible rapidement, sinon c’est autant de clients qui passent à la concurrence. Avec la technologie actuelle de Sycamore, il suffit de quelques jours pour reconfigurer le réseau. Avec la génération de commutateurs tout optiques, ce sera instantané.01 R. : Pourquoi cela n’est-il pas réalisable sur les réseaux existants ? G. D. D. : De nombreux opérateurs déploient des réseaux hauts débits basés sur une topologie en anneau et gérés par des équipements de transmission de technologie Sonet. Etablir une connexion entre deux sites à travers de multiples anneaux interconnectés prend énormément de temps. La structure ne s’y prête pas. Les commutateurs de Sycamore Networks permettent de bâtir un réseau maillé où l’ajout d’un commutateur supplémentaire s’effectue de façon beaucoup plus simple.01 R. : Quand arriveront les commutateurs optiques permettant une reconfiguration du réseau en temps réel ? G. D. D. : D’ici à un an. Le c?”ur électronique des commutateurs actuels sera remplacé par une matrice optique qui commute des signaux lumineux. Une fibre optique transporte simultanément plusieurs faisceaux lumineux de couleurs différentes, grâce à la technologie DWDM. Pour être injectés à l’intérieur d’un commutateur électronique, ces faisceaux sont d’abord séparés, puis convertis en autant de signaux lumineux distincts, mais tous de la même couleur. Enfin, chacun d’entre eux est traduit en signaux électroniques. Le commutateur optique supprimera l’étape de traduction entre lumière monochrome et lumière électronique.01 R. : S’agit-il de ce que l’on appelle un commutateur photonique ? G. D. D. : Non. Le commutateur photonique sera disponible dans trois ans. Les différentes couleurs transmises sur une fibre optique seront commutées, sans avoir été traduites auparavant dans une même couleur. Grossièrement, l’information transportée sur un faisceau rouge en entrée de la matrice pourra, par exemple, être commutée sur un faisceau bleu en sortie. 01 R. : Quelle sera alors l’architecture globale du réseau ? G. D. D. :L’infrastructure optique sera bâtie à partir de commutateurs s’échangeant des trames au format SDH ou Gigabit Ethernet. A la périphérie, les routeurs agrégeront le trafic des utilisateurs sur les artères optiques à hauts débits. Ces routeurs emploieront le protocole MPLS. Si Cisco Systems et Juniper Networks sont ceux qui fourniront les équipements pour remplir les tuyaux de ce nouvel Internet, nous sommes ceux qui construiront ces tuyaux.

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Jean-Pierre Blettner