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Sur Virginmega, l’internaute devra payer

Nouveau propriétaire de l’enseigne, le groupe Lagardère prend de vitesse Musicnet et Pressplay en lançant son propre site de téléchargement, Virginmega.fr.

“Le marché n’existe pas mais nous allons le créer.” Jean-Noël Reinhardt, PDG de Virgin Megastore France, croit dur comme fer à l’avenir de la musique en ligne payante. Rachetée en juillet par Lagardère, la grande enseigne, concurrente de la Fnac, avait jusque-là refusé de céder à la vague de l’e-commerce. Elle est aujourd’hui la première ?” dans le camp des distributeurs traditionnels ?” à lancer un véritable site de téléchargement musical payant. Baptisé Virginmega.fr, ce site, qui a bénéficié d’un investissement de 800 000 euros, propose plusieurs formules à l’internaute : de l’abonnement à l’achat par titre, avec la possibilité de graver deux fois le morceau choisi.

Catalogues réservés

L’offre de Virginmega est un peu plus chère que celle d’E-compil, le site d’Universal Music France, mais souffre aussi d’un catalogue plus étroit, 400 titres seulement pour le premier contre 1 500 pour le second.Car Virginmega.fr n’a encore signé que deux contrats de distribution avec les éditeurs indépendants, Naive et Wagram. Les majors réservent en effet jalousement leurs catalogues à leurs propres plateformes, Pressplay pour Universal et Sony Music, Musicnet pour Warner Music et BMG. Même le cousin d’autrefois, Virgin Records, a décliné l’offre. Business is business. Jean-Noël Reinhardt engage donc une partie difficile. “La filière musicale doit retrouver sa logique. Internet a tendance à oublier le maillon distributeur pour privilégier la relation directe entre l’éditeur et le client final”, regrette-t-il.E-compil souffre du même ostracisme de la part des éditeurs autres que Universal Music. Depuis son lancement en décembre, le site n’a signé aucun accord avec une major concurrente. Sophie Bramly, responsable nouveaux médias chez Universal Music France, est toutefois confiante et table sur l’émergence du marché commercial dans les 5 ans à venir. “L’arrivée de Virginmega est un signe positif. Plus il y a d’acteurs de l’abonnement payant, plus cela prouve l’intérêt de ce mode de distribution”, estime-t-elle. Selon Jupiter MMXI, le marché de la musique en ligne devrait représenter 2,5 milliards d’euros environ en 2006. En attendant, E-compil.fr tâtonne. Certes, près de 1,5 million de morceaux sont écoutés chaque mois, mais seulement 10 000 d’entre eux sont téléchargés par un peu plus de 2 500 abonnés. “On navigue à vue, reconnaît Sophie Bramly. La lutte est inégale face aux réseaux d’échange gratuits.”Plus de 25 millions de fichiers musicaux illégaux circulent sur le web et la reddition de MP3.com (racheté par Vivendi Universal) ou de Napster (repris par Bertelsmann) n’y ont rien changé : avec Audiogalaxy ou Grokster, l’industrie du disque souffre comme jamais du libre-échange musical sur le net (voir encadré). Dans ce contexte incertain, Musicnet et Pressplay ont reporté une fois de plus leur lancement en Europe, prévu désormais pour le début 2003.Que manque-t-il au marché du téléchargement payant ? “La généralisation du haut débit, le développement de supports numériques [téléphones, assistants personnels, autoradios numériques, ndlr], la structuration de la gestion collective des droits d’auteur, la diminution de l’influence des sites illégaux et l’accès non discriminatoire aux catalogues des maisons de disques”, énumère Jean-Noël Reinhardt. Autant d’obstacles à surmonter avant qu’émerge un vrai marché commercial.

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Charlotte Bricard et Célia Penavaire