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Sur Internet, les places de marché visent les achats non stratégiques

Se procurer des consommables de bureau via Internet intéresse les entreprises. Mais, pour les fournitures stratégiques, elles semblent plus frileuses.

L’avenir des places de marché sur Internet, ce sont les achats hors production.” L’affirmation provient du dirigeant de l’un de ces sites d’intermédiation qui fleurissent actuellement sur le Web. Remarque pertinente pour le moment, car les entreprises ne semblent pas attirées par l’achat de fournitures stratégiques autrement que par les voies consacrées – par exemple, l’échange de données informatisé (EDI). Ainsi, fournitures de bureau, consommables divers et prestations de nettoyage prennent naturellement le pas sur les achats touchant le c?”ur de métier de l’entreprise.
Les pionniers possèdent généralement une solide culture Internet, tandis que les autres observent avec plus ou moins de méfiance une offre encore confuse. D’autant que l’utilisation de ces plates-formes d’achat électroniques et autres sites d’enchères nécessite de repenser la façon dont on achète dans l’entreprise.

“Pour des articles hors catalogue, les utilisateurs peuvent aller directement sur les places de marché “, explique Jacques Barrailler, directeur des achats pour l’Europe d’Aventis. Une fois les processus de décision mis en place, l’acheteur ne se consacre plus qu’aux acquisitions importantes et ponctuelles, menées hors contrats cadres.
Pour les biens de production, l’utilisation des places de marché est plus contestée. Les entreprises sont prêtes à y acheter des articles nécessaires à leur cycle de production s’ils sont génériques. Les plates-formes que les industriels ou les constructeurs d’automobiles créent répondent à ce besoin. Une place de marché leur évite d’héberger de nombreux catalogues en interne et d’en gérer les bases de données. Comme ce sont des produits génériques, utilisés par tous les acteurs du secteur, une plate-forme d’achat permet de mutualiser les coûts.
A contrario, les achats stratégiques, touchant directement la production, semblent n’avoir aucune chance – du moins, aujourd’hui. “Il est hors de question que nous fassions sur Internet des achats portant sur notre c?”ur de métier. Nous n’avons pas de raison d’aller mettre sur la place publique des données de conception très confidentielles “, tranche Jean Potage, directeur des achats du groupe Thomson CSF. Par ailleurs, les fournisseurs ” stratégiques ” interviennent dès la phase de conception du produit, contribuant aux innovations de leur client. “Comment leur dire ensuite que nous avons lancé un appel d’offres avec enchères sur une place de marché ? s’interroge Jean Potage. On ne peut pas oublier ce que l’on a fait et ce que l’on avait prévu de faire avec eux.”



Mais si les places de marché réussissent à devenir un prolongement des EDI, elles pourront peut-être alors s’intégrer aux chaînes d’approvisionnement et ne plus être cantonnées aux fournitures de bureau.
A condition de ne plus se résumer à un gain sur les coûts de transaction.

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Claire Chevrier