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Sun suit les traces de big blue

Après avoir longtemps sous-estimé Linux, Sun croit désormais en son potentiel. Du moins sur les serveurs d’entrée de gamme, et uniquement sur plates-formes Intel.

Scott McNealy, le p.-d.g. de Sun Microsystems, a dû redoubler d’efforts pour convaincre son auditoire : c’est déguisé en pingouin qu’il a commencé la présentation de sa nouvelle stratégie. Un effort vestimentaire à la hauteur de la tâche : Sun va fournir des serveurs sous Linux et sous processeurs Intel.Le constructeur rentrerait-il dans le rang, en suivant les pas d’IBM si longuement critiqué pour son engagement sous Linux ? Oui, mais l’annonce de Scott McNealy montre que c’est à petits pas, et non à grandes enjambées, que Sun suit ses concurrents. Le constructeur a finalement dit “oui” à Linux et à Intel, mais pour une gamme de serveurs bien particulière. “Si nous sommes très bien positionnés en termes de parts de marché et de notoriété sur les centres de données et de calcul avec le couple Solaris/ UltraSparc, nous ne sommes, en revanche, pas présents sur les serveurs de périphérie. Nous avons donc modifié notre stratégie pour corriger le tir, et opté pour des serveurs Linux-Intel, qui répondent le mieux aux exigences de ce marché”, déclare Dario Wiser, directeur marketing France de Sun. Non compétitif avec ses serveurs d’entrée de gamme Netra (Sparc-Solaris), jugés trop chers en comparaison des offres de Compaq, Dell, HP ou IBM, Sun ravale sa fierté pour attaquer un marché à fort potentiel, puisqu’il concerne les grandes entreprises comme les PME-PMI.

Une relation ambiguë

Le fabricant californien a toujours eu une relation quelque peu ambiguë avec Linux. Par exemple, il a participé au portage de Linux sous l’architecture Sparc, mais n’a jamais voulu en assurer le support. Pire encore, après le rachat de Cobalt, il était prévu de migrer les appliances Linux sous Solaris. Le leitmotiv de l’époque était, rappelons-le : “Un seul système d’exploitation, un seul processeur”. Et Andy Ingram, vice-président pour Solaris, précisait alors que Sun n’avait pas “les ressources suffisantes pour supporter deux systèmes d’exploitation”. Mais, voyant le succès croissant de Linux, Sun a dérogé à sa propre règle en conservant les appliances Cobalt sous Linux. Une décision qui s’avère aujourd’hui salvatrice, et qui l’autorise à affirmer être, d’ores et déjà, “très présent dans Linux avec les solutions Cobalt, qui ont permis de développer des offres logicielles et de services”.

Un engagement timide

Certes, mais la fameuse maxime “Développez sous Linux, exploitez sous Solaris”, distillée aux clients depuis deux ans, montre à quel point Sun a toujours considéré Linux comme un point d’entrée dans Solaris. Et, même s’il lance une nouvelle gamme de serveurs sous cet environnement, son engagement reste relativement timide en comparaison de celui de ses concurrents.A la question “Linux est-il voué à remplacer Solaris ?”, la réponse est sans appel : “Nous n’abandonnerons pas Solaris, qui reste notre c?”ur, notre produit phare. C’est impensable ! Il s’agit de l’Unix numéro un du marché”, lance Dario Wiser.Pas question, donc, que Linux vienne marcher sur les plates-bandes de Solaris. Sun ne compte pas remplacer son Unix maison, et ne proposera pas de serveurs haut de gamme sous Linux, comme ont tendance à le faire IBM et HP.Et, concernant ses rapports avec Intel ?” qui se sont quelque peu dégradés ces derniers temps, l’obligeant même à abandonner le portage de Solaris 9 sous l’architecture Itanium ?”, Sun se veut rassurant. Par le passé, “Sun n’a jamais été hostile à Intel, mais à Windows NT. Preuve en est : lorsque nous avons racheté Cobalt, nous sommes passés de processeurs AMD à des processeurs Intel”, explique Dario Wiser. Toutefois, le fabricant se réserve le droit de faire appel à AMD si “leur offre répond mieux” à leur “cahier des charges”, même si, “vraisemblablement”, c’est Intel qui équipera ses futurs serveurs PC. L’objectif, pour Sun, étant de pouvoir fournir une infrastructure complète, passant par la fourniture de toute une gamme de serveurs, de logiciels et de services.Pour ce faire, Sun a annoncé la disponibilité de son offre Sun ONE (Open Net environment) sous Linux, composée pour l’essentiel des outils de développement Forte et Java, de l’offre de serveurs iPlanet (annuaire iPlanet Directory Server, serveur Web iPlanet Web Server, serveur d’applications iPlanet Application Server, et portail iPlanet Portal Server) et de sa solution de développement d’applications point à point, JXTA.De plus, le constructeur souhaite contribuer davantage aux développements de Linux, à la manière de ses concurrents. “Certaines technologies de Solaris, comme la gestion des architectures multiprocesseurs ou les techniques de haute disponibilité, seront offertes à la communauté Open Source, note Dario Wiser. On ne s’oriente pas vers le couple Wintel par simple question de mode, comme certains l’ont fait par le passé, mais pour répondre à un réel besoin de nos clients. Ainsi, nous leur fournirons des machines positionnées comme le complément idéal entre nos appliances Cobalt et nos serveurs Netra, et associées à des offres logicielles et de services adaptées à leurs besoins.”

Définir un plan de bataille

Si la nouvelle stratégie de la société semble relativement bien définie, les produits, quant à eux, ne seront pas disponibles avant l’été. On sait, pour le moment, que Sun développera sa propre distribution Linux, et que les serveurs seront des modèles mono et biprocesseurs. En revanche, on ne sait pas encore sur quelle distribution il s’appuiera pour développer son Linux maison, et sous quel nom seront vendus ses serveurs : Cobalt, Netra ou toute autre chose ?Fidèle à lui-même, Sun insiste aussi sur le fait que ces serveurs seront fournis avec des passerelles très poussées vers Solaris. D’ici à la sortie des premiers produits, Sun aura le loisir de peaufiner sa stratégie et de définir un plan de bataille qui lui permettra de s’attaquer à ses concurrents, habitués à vendre des serveurs LinTel depuis quelques années maintenant.

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Nicolas Belot