Passer au contenu

Sun Microsystems se lance dans le partage des ressources entre les utilisateurs

Le groupe américain compte développer une plateforme technologique de services d’échanges directs entre internautes. L’enjeu, pour Sun : placer son langage Java sur le créneau du peer to peer.

Le rachat d’Infrasearch par Sun Microsystems, mardi 6 mars, n’a pas laissé indifférent le milieu du partages de ressources sur internet. ” Enfin un signe fort que le peer to peer intéresse réellement le monde industriel “, se réjouit Andrew Mahon, directeur du marketing de Groove Networks, start-up qui a mis au point un logiciel de travail collaboratif et d’échange. Ce signe est d’autant plus fort qu’il est lancé par l’un des géants du monde des serveurs, première victime potentielle du peer to peer.

Nom de code : Juxtapose

Créée en juin dernier, après une levée de fonds de 5 millions de dollars (5,38 millions d’euros), l’entreprise californienne Infrasearch développe un moteur de recherche basé sur le protocole d’échange Gnutella, l’un des émules de Napster. Les quatorze chercheurs de la société rejoindront le projet Juxtapose (” Jxta “) de Sun Microsystems. Ce dernier est dédié à la mise au point d’un ensemble de services destiné aux professionnels, fondé sur son langage Java. ” Nous avions les bases de cette plateforme. Encore fallait-il pouvoir montrer des exemples d’applicatifs, ce que nous fournit Infrasearch avec son moteur de recherche “, annonce Eric Mahé, responsable technologie Java chez Sun. ” Sun a récemment affirmé son choix d’accélérer la mise sur le marché de produits stratégiques par le biais d’acquisitions “, explique-t-il. De cette manière, une première ébauche de ce logiciel sera accessible librement sur le net. Elle devrait ensuite être proposée aux développeurs, dès le mois d’avril. Les possibilités de l’informatique distribuée sont énormes. Connecter directement les ordinateurs sans passer par des serveurs ouvre la porte à des applications aussi différentes que le travail collaboratif, le partage des ressources ou le calcul distribué. Des possibilités qui intéressent autant les quelque 300 start-up du secteur que les grands groupes. Ainsi, Intel est à l’origine du Peer to Peer Working Group, lancé l’été dernier avec une trentaine d’entreprises, telles Hewlett-Packard, Fujitsu ou Open Cola. Son objectif est de créer des standards pour l’informatique distribuée.Son pendant européen, Gpulp devrait voir le jour dans les prochains jours. ” Nous allons mettre en ligne les librairies du nouveau protocole “, annonce le président du consortium, Sébastien Lambla. ” Mais aux États- Unis, si les membres du groupe discutent beaucoup, on ne voit toujours rien sortir “, constate Olivier Nérot, créateur d’Amoweba, une start-up française qui développe un logiciel de classification et de partage des connaissances. ” Il est dangereux de fixer des standards avant que le marché ait défini où se trouvaient les réels intérêts “, relativise Andrew Mahon, de Groove Networks, entreprise dans laquelle Intel a investi via son fonds de capital-risque Intel Capital. Force est de constater que la stratégie du moment tient davantage de l’observation et de la mise en place de pions que de l’offensive commer- ciale. Le marché se demande si, dans ce contexte, l’acquisition d’Infrasearch n’est pas plutôt, pour Sun, le moyen de mettre la main sur le bien le plus important de la start-up : son fondateur, Gene Kan. âgé de 24 ans, le jeune homme a été un des porte-parole du protocole Gnutella. C’est peut-être aussi le moyen d’imposer sa marque face à Intel et son évangélisateur, Bob Knighten.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Agathe Remoué