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Steve Jobs 1955-2011

Aussi respecté que décrié, le charismatique créateur d’Apple est décédé à l’âge de 56 ans. Retour sur une carrière de près de 40 ans consacrée à la firme à la pomme.

Il est des phrases qu’on aimerait n’avoir jamais à écrire. “ Steve Jobs est décédé ” en faisait partie. Malheureusement, il a fallu s’y résigner, après l’annonce de sa disparition le 5 octobre 2011 à l’âge de 56 ans. Apprécié ou détesté, Jobs a été l’un des dirigeants les plus emblématiques de l’industrie techno, dont les décisions pesaient sur tout le secteur.Revenir sur le parcours de Steve Jobs, c’est raconter aussi l’histoire d’Apple. À l’origine, on y trouve une amitié. Celle entre Jobs, enfant de la contre-culture californienne cumulant les petits boulots chez Hewlett-Packard ou Atari, et Steve Wozniak, geek avant l’heure, passionné de technologie et d’électronique. Les deux fréquentent les réunions du Homebrew Computer Club (littéralement, le “ club des ordinateurs faits maison ”) et élaborent patiemment ce qui deviendra l’Apple I. Pour commercialiser cet ordinateur – se présentant sous la forme d’une simple carte mère –, le duo fonde Apple Computer le 1er avril 1976 avec Ronald Wayne, qui quitte très vite l’aventure, qualifiant les deux Steve “ d’ouragans ”.

Un coup d’avance

Les rôles sont très vite définis entre “ Woz ” et Jobs. Le premier garde les mains dans le cambouis : c’est lui qui fabrique les 200 exemplaires de l’Apple I, puis qui élabore l’Apple II. Jobs, lui, conceptualise, a des idées et dirige les équipes pour les réaliser. Certaines sont des échecs (comme le système de refroidissement passif de l’Apple III, exigé par Jobs), d’autres des réussites comme le Macintosh, un des premiers ordinateurs conçus pour des usages spécifiques et simples d’utilisation. Le problème, c’est que Jobs a un tempérament sanguin, et les luttes de pouvoir se multiplient. Mi-1985, il est remercié par John Sculley, qu’il avait recruté deux ans plus tôt pour prendre les rênes d’Apple.Après une période de doute, Jobs va s’investir dans deux projets. Le premier, fin 85, est la création de NeXT, qui réalise des stations de travail pour les entreprises et la recherche. Puis, en 1986, il rachète à Lucasfilm sa division Graphics Group, dédiée à la production d’images par ordinateur ; elle devient Pixar et sort en 1995 le premier long-métrage d’animation entièrement conçu sur ordinateur, Toy Story. À partir de 1993, NeXT se concentre sur le développement de logiciels et débute le portage de son système NeXTStep sur d’autres plates-formes, comme les processeurs Risc et Intel. Fin 1996, NeXT est racheté par Apple, dans le but d’utiliser son système d’exploitation sur les Mac (ce qui devient réalité avec Mac OS X en 2000). Et Steve Jobs revient par la petite porte dans l’entreprise qu’il a créée.Il ne lui faudra pas longtemps pour revenir à la tête d’Apple. Courant 1997, la société est dans un état critique. Jobs va entamer une profonde restructuration des activités. L’arrêt des “ clones ” (des ordinateurs compatibles Mac OS), la signature d’un accord avec Microsoft et le lancement de l’iMac sont ses premiers faits d’armes. Puis en 2001, c’est l’arrivée de l’iPod, qui s’impose au fil des ans par sa simplicité d’utilisation et son look attrayant. Les lancements de produits se font au cours des fameuses “ keynotes ”, des présentations où Jobs joue les VRP de luxe et porte les créations de ses équipes à coups de superlatifs et de “ one more thing ”. Apple poursuit dans le domaine de la musique avec le lancement de l’iTunes Music Store en 2003, avant de s’attaquer à la mobilité, avec l’iPhone en 2007, puis avec l’iPad trois ans plus tard. Chaque fois le design et l’ergonomie passent au premier plan. La communication est ultra maîtrisée, Apple ne fait aucune promesse de lancement de nouveautés (laissant tourner à plein la machine à rumeurs), et Jobs fait plancher ses équipes tant que les prototypes ne correspondent pas à ses attentes.La maladie met finalement un frein à cette mécanique bien huilée. En 2004, le diagnostic tombe : cancer du pancréas. Après une période d’intérim assurée par le directeur général Tim Cook, Jobs revient aux commandes. Lors de sa dernière keynote, en mars 2011 pour le lancement de l’iPad 2, il paraît clair que ses jours sont comptés. Fin août, il passe officiellement le relais à Tim Cook, considérant qu’il n’est désormais plus capable de diriger Apple.Six semaines plus tard, au lendemain de la présentation de l’iPhone 4S, l’émotion est grande sur la planète high-tech. Jobs n’est plus, mais il a marqué durablement de son empreinte Apple et ses quelque 50 000 employés. Tim Cook a désormais pour mission de diriger l’immense navire. L’héritage sera lourd à porter.

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Christophe Gauthier et Christofer Ciminelli