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Stéphane Treppoz, PDG d’AOL France, directeur général d’AOL Europe : ” Le haut débit restera longtemps un mode d’accès minoritaire “

Promu numéro 2 d’AOL Europe, Stéphane Treppoz fait le point sur la filiale française. Et rappelle que le budget moyen de l’internaute n’est pas illimité.

L’année 2001 a été une “annus horribilis” pour le secteur internet. Quel est le bilan pour AOL France ? C’est l’histoire du verre à moitié plein ou à moitié vide. En janvier, nous misions sur 60 % de croissance annuelle pour 2001, et on a fini l’année à + 40 %. C’est un peu décevant par rapport à nos prévisions initiales, mais cela reste une belle performance qui reflète la progression de l’usage d’internet en France. AOL France a d’ailleurs passé le cap du million d’abonnés et consolidé son rang de deuxième FAI (fournisseur d’accès à internet) derrière Wanadoo. Mais AOL reste loin de Wanadoo qui compte trois millions d’abonnés…L’écart se réduit. En termes de temps passé sur internet, AOL est de loin le numéro 1 avec plus de 300 minutes passées par mois et par visiteur unique (chiffres Jupiter MMXI, décembre 2001). C’est plus que Wanadoo, Yahoo, MSN, Tiscali et Club-Internet réunis. Concrètement, cela veut dire que nos abonnés ne quittent pas l’univers AOL une fois qu’ils se sont connectés, car ils savent que nous sélectionnons pour eux le meilleur d’internet. Nos partenaires commerciaux savent de leur côté qu’ils bénéficient chez nous de la meilleure exposition possible.Vous n’avez donc pas été atteint par la récession publicitaire ? Le marché de la publicité en ligne a été décevant l’an dernier : on tablait sur un doublement, on a fini sur une croissance de 8 à 10 % seulement. En ce qui concerne AOL France, 90 % du chiffre d’affaires provient des abonnements, 10 % de la valorisation publicitaire ou commerciale de notre audience. Notre exposition aux aléas de la conjoncture publicitaire est donc très limitée. Cela dit, nous avons encore élargi no-tre portefeuille d’annonceurs (200 partenaires en 2001) avec des poids lourds comme Procter & Gamble, Unilever, L’Oréal, Europe Car… Dès lors qu’on leur propose une audience qualifiée et des partenariats marketing ciblés, les grands annonceurs ne sont plus du tout attentistes vis-à-vis du média internet. Un exemple concret : la marque de protections féminines Always a choisi AOL pour communiquer parce qu’on a créé pour eux un espace baptisé ” le coin des filles ” dans la chaîne adolescents et dans la chaîne femme.Envisagez-vous de développer des services payants avec des contenus “premium” ? Aujourd’hui, les seuls contenus pour lesquels les gens sont prêts à payer en plus de leur abonnement au net, ce sont les contenus dits ” de charme “. AOL n’en propose pas car nous avons un positionnement familial. La fonction de ” contrôle parental ” est d’ailleurs l’un des premiers arguments d’abonnement à AOL. Mais il y a un secteur dans lequel je crois pour l’avenir, c’est la musique en ligne. Music Net, dont AOL Time Warner est actionnaire, est en test aux États-Unis. AOL France pourrait proposer le même type de service de téléchargement sur abonnement mais la décision n’est pas encore prise. En attendant, nous allons lancer une playlist permettant aux abonnés d’AOL d’écouter gratuitement cinq chansons par semaine. Ce service intéresse beaucoup les maisons de disques, à commencer par Warner Music, car c’est un formidable outil de promotion pour les artistes qui sortent de nouveaux albums. Nous avons la même démarche avec Warner Bros pour le cinéma : AOL a mis en avant ” Harry Potter “, ” Le Seigneur des Anneaux ” et ” Ocean’s Eleven “. On peut faire la même chose avec Universal Music et Universal Studios, s’ils le souhaitent… Croyez-vous au développement d’internet à haut débit ? Est-ce que le haut débit est un développement d’avenir ? La réponse est oui. Mais je pense que cela restera un mode d’accès minoritaire à internet pendant longtemps, au moins cinq ans. Le bas débit a encore de beaux jours devant lui. Pourquoi ? C’est simple, le budget média moyen du consommateur est limité à environ 100 euros par mois. Avec cette enveloppe, il doit s’offrir un accès à internet mais aussi de la télévision à péage, plusieurs forfaits téléphoniques par foyer, des livres, des journaux, des sorties au cinéma ou au théâtre. Or, le haut débit revient, aujourd’hui, à 45 euros par mois, contre 15 euros en moyenne pour le bas débit. L’arbitrage est vite fait.Des réseaux câblés comme NTL ou UPC sont à vendre en Grande-Bretagne et aux Pays-Bas. Envisagez-vous des acquisitions de ce type en tant que directeur général d’AOL Europe ? C’est vrai que AOL Time Warner est très présent sur le câble aux États-Unis. En Europe, ce n’est pas le cas, et il y a effectivement des dossiers intéressants. Tout est une question de prix. Mais aujourd’hui, il n’y a aucune négociation. De manière générale, nous privilégions la croissance interne d’autant qu’il y a une grosse pression des marchés financiers sur les résultats du groupe…

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propos recueillis par Alain Steinmann et Jean-Christophe Féraud